En avant première : les images du nouveau terminus du tramway du Mont-Blanc
C'est un chantier historique, dans la continuité d'un projet pharaonique qui est en train de toucher à sa fin. À Saint-Gervais-les-Bains, le Tramway du Mont Blanc, inauguré en 1913, aura attendu ce mois d'octobre 2025 pour bénéficier d'un véritable quai d'arrivée. Son terminus s'établit dorénavant à l'aplomb du refuge du nid d'Aigle, à 2400 mètres d'altitude, sur une plateforme qui répond aux normes d'accessibilité PMR.
Le rail du Tramway du Mont-Blanc est prolongé de 300 mètres pour arriver sous le refuge du Nid d'AigleC'est à coups de pioches et de baramines que nos anciens ont taillé les pentes du massif du Mont-Blanc, pour frayer un chemin au rail. Entre 1905 et 1913, 12,4 kilomètres ont ainsi été taillés dans pente pour relier la cité thermale de Saint-Gervais, au refuge du Nid d'aigle, au pied du glacier de Bionnassay, à 2 400 mètres d'altitude. Le Tramway du Mont-Blanc (TMB) est, depuis lors, le train à crémaillère le plus haut de France.
Dans leur frénésie de conquête, les hommes du début du XXe siècle avaient l'ambition de pousser jusqu'au sommet du Mont-Blanc. Or, la Première Guerre mondiale a mis un terme à cette folle ambition. "Ça n'aurait jamais marché, se moque Raymond en s'appuyant sur sa canne. Ce Saint-Gervolain, est assis sur un banc de la gare du Tramway du Mont-Blanc, comme il le faisait quotidiennement dans les années 1960, pour monter travailler au refuge du Nid d'aigle. "L'altitude complique tout, et quand on voit que même au refuge du Goûter, vendu comme high-tech, les 3 800 mètres d'altitude empêchent les toilettes de fonctionner correctement...", lâche-t-il avec un sourire en coin. Mais l'heure n'est pas à la controverse ! Ce 8 octobre 2025, la gare est bondée d'officiels, impatients de découvrir le nouveau visage du terminus de ce tramway historique.

Un chantier à 7,4 millions d'euros
C'est donc près d'un siècle après le premier coup de pioche que le chantier a repris, en juin 2023. Objectifs : prolonger le rail de 280 mètres, construire une galerie pare blocs à l'épreuve des avalanches et des éboulements, et créer une plateforme d'arrivée accessible aux personnes à mobilité réduite. "Jusqu'à présent le train s'arrêtait dans les cailloux, sans quai, avec une pente de 16%", précise le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex. Il faut bien avouer qu'à moins d'avoir un bon équilibre et d'être sûr de ses appuis, la descente du train était très compliquée. Pour y remédier, la Compagnie du Mont Blanc, exploitant de la ligne et commanditaire des travaux s'est associée au Département de la Haute-Savoie, propriétaire du TMB. Coût total : 7,4 millions d'euros.
Un site protégé
La zone étant classée site protégé, l'ensemble du matériel a été convoyé par le train ("par ballastière") à l'exception de la grue, acheminée par hélicoptère. "Nous avons repéré les plantes remarquables pour ne pas les abîmer pendant le chantier et collecté des graines l'an dernier pour les mettre en culture à Saint-Pierre-en- Faucigny, avant de les réimplanter sur le site pour lui rendre son aspect originel", ajoute Mathieu Dechavanne, PDG de la Compagnie-du-Mont-Blanc. Les ouvriers ont travaillé pendant deux ans, de début juin à fin octobre pour éviter la neige. "Il reste des caténaires à installer et le quai de débarquement à habiller", explique Baptiste Pavarani, ingénieur travaux chez Benedetti-Guelpa. Le chantier sera livré à la fin du mois d'octobre, à temps pour l'ouverture du TMB le 13 décembre prochain. Pour aller jusqu'au Nid d'Aigle, il faudra toutefois attendre la belle saison.

Un fleuron du Département
"Il était de notre devoir de sauver ce patrimoine. Ce train n'était plus aux normes et ne pouvait plus continuer d'être exploité. C'est un train qui donne accès à la voie royale du mont Blanc, il sert aux populations permanentes comme aux touristiques. C'est pourquoi le Département s'est engagé dans le financement de ces travaux extraordinaires", réagit Martial Saddier, président du conseil départemental de Haute-Savoie. Ce dernier anticipe une hausse de fréquentation de l'ordre de 20%. Les travaux vont se poursuivre l'an prochain pour agrandir le refuge du Nid d'aigle, lui aussi propriété du Département. Au total, entre le renouvellement du matériel roulant (une motrice et trois wagons) en 2022, le prolongement du rail et l'amélioration du confort du refuge d'ici 2028, 120 millions d'euros d'argent public ont été investis. "Ces investissements seront amortis sur 50 à 100 ans. Nous n'avons pas réalisé ces aménagement dans le but unique d'augmenter la fréquentation du site mais bien de permettre à des générations de voir la glace. Le Bionnassay semble subir un peu moins les effets du réchauffement climatique que d'autres glaciers. C'est un fleuron de notre patrimoine", soutient le président, avant de préciser que 30% du PIB du Département vient du tourisme.

Bientôt le refuge du Nid d'Aigle #3
Installé en 1933, sous le même couloir d'avalanches que l'ancien terminus du TMB, le refuge du Nid d'aigle avait brûlé en 2002. Il a été reconstruit par l'architecte Gaston Muller, et a été déplacé plus en sureté, à deux pas du glacier de Bionnassay. Le refuge de 30 couchages fera l'objet d'une extension, de l'ajout de l'eau potable et de l'électricité, avec une amélioration de son système d'eaux usées d'ici 2028. Il est bien connu des alpinistes puisqu'il s'agit du point de départ pour l'ascension du mont Blanc par la voie royale, en sept à huit heures de marche. 70% des 130 000 à 170 000 passagers qui empruntent le TMB chaque année sont des alpinistes.
Il faut compter une heure pour rejoindre la gare la plus haute, au refuge du Nid d'aigle. © RCF Savoie Mont Blanc
Le matériel roulant a été renouvelé en 2022. © RCF Savoie Mont Blanc
Glacier du Bionnassay. © RCF Savoie Mont Blanc
© RCF Savoie Mont Blanc
© RCF Savoie Mont Blanc
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© RCF Savoie Mont Blanc
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