Salon du Bourget : en Normandie, quel est le poids de la filière spatiale ?

Du lundi 16 juin 2025 et jusqu’au 22 juin, le Salon international de l'aéronautique et de l'espace, le salon du Bourget, accueille les professionnels de ces filières en région Île-de-France. 41 entreprises normandes sont présentes sur le salon. La filière spatiale se développe en effet en Haute-Normandie où la construction d’une nouvelle usine a été officialisée à Vernon. Elle sera chargée d’assembler la première fusée réutilisable d’Europe, un lanceur qui peut être réutilisé en partie après son retour sur Terre. On fait le point sur le poids de la filière spatiale dans la région avec Philippe Eudeline, président de NAE, Normandie AeroEspace.

En Haute-Normandie, la filière spatiale normande trouve des compétences

RCF : La filière spatiale est bien ancrée dans la région, notamment en Haute-Normandie. Pourquoi de nombreuses entreprises du secteur s’installent-elles dans la région ?
 

Philippe Eudeline : Parce qu’il y a un savoir-faire sur le territoire. Le domaine spatial est un domaine très particulier : la réalisation de lanceurs, de fusées comme la fusée Ariane ou de satellites demande des compétences particulières. Ces compétences, il se trouve que nous en avons beaucoup en région Normandie. Les grands donneurs d’ordre viennent donc chercher, dans les entreprises normandes, les compétences dont ils ont besoin pour leurs nouveaux équipements.
 

RCF : Vendredi 13 juin 2025, quatre ministres étaient en visite dans l’Eure, au sein de l’entreprise MaiaSpace, filiale d’ArianeGroup. Ils ont officialisé la construction d’une nouvelle usine à Vernon. Quel projet sera développé au sein de cette usine et qu’apporte-t-il à la filière spatiale française ?
 

Philippe Eudeline : C’est une très grande satisfaction. [...] Les quatre ministres ont officialisé l’usine de production de MaiaSpace sur le Plateau de l’Espace à Vernon. Ce sont 160 emplois. Pourquoi sont-ils venus à Vernon ? Parce qu’ils ont l’espace disponible pour créer cette usine sur le Plateau de l’Espace mais surtout parce qu’ils savent qu’ils vont trouver sur la région de Vernon les compétences dont ils vont avoir besoin pour construire ces nouvelles fusées réutilisables. Tout l’apport de NAE va être d’aider MaiaSpace à trouver ces compétences parce que l’aéronautique civil et la défense sont en forte croissance actuellement et l’espace aussi désormais. Il y a donc un gros travail de recrutement pour permettre à nos entreprises normandes d’avoir les ressources humaines dont elles ont besoin.

Le premier objectif est un objectif de souveraineté : que l’État français, voir les États européens, puissent disposer d’une fusée réutilisable. 

La première fusée réutilisable européenne construite dans l’Eure

RCF : Cette fusée pourra-t-elle concurrencer ce qui est fait aux États-Unis, par exemple, lorsqu’elle sera lancée ?
 

Philippe Eudeline : Le premier tir est prévu en 2026. Ça va prendre quelque temps pour la qualifier mais ils ont déjà des clients, selon le directeur de MaiaSpace. Il est clair que le premier objectif est un objectif de souveraineté : que l’État français, voir les États européens, puissent disposer d’une fusée réutilisable pour leur application. On voit bien que l’espace est un enjeu majeur en termes de défense. Aujourd’hui, nous avons Ariane 6 pour lancer de très gros satellites mais c’est une capacité de dix lancements par an. Là, il faut passer à des cadences de 20 lancements par mois. C’est en partant de ces objectifs que la start-up MaiaSpace a bâti sa fusée et organisé ses équipes.