Les retraites coulent la Sécurité sociale
La France a célébré les 80 ans de la Sécurité sociale le 4 octobre dernier. Instituée par le gouvernement De Gaulle, la "Sécu" est aujourd’hui en crise. Son déficit est estimé à 23 milliards d'euros en 2025. Les prestations pour la retraite font partie des plus gros postes de dépenses.
Jean-Marie Spaet RCF AlsaceLe déficit de la Sécurité sociale se creuse : 23 milliards d'euros en 2025, alors qu’il n’était que de 15 milliards d'euros l’année précédente. Ce fameux "trou de la Sécu" est principalement créé par les branches maladie (17,2 milliards d'euros de déficit) et vieillesse (6,3 milliards de déficit). Une situation à laquelle entend remédier le gouvernement grâce au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS). Examiné par l'Assemblée nationale à partir du 27 octobre, il prévoit de réduire le déficit à 17,5 milliards d’euros dès l’année prochaine et programme un retour à l’équilibre en 2029.
La suspension de la réforme des retraites
Plusieurs amendements doivent être débattus dont la suspension de la réforme des retraites jusqu’à janvier 2028, qui sera soumise au vote dans le cadre du PLFSS. Le parti socialiste a obtenu cette faveur du Premier ministre Sébastien Lecornu, en échange d’une non-censure de son gouvernement. Le coût de la manœuvre est estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027. Un sacrifice qui en vaut le coup selon Jean-Marie Spaeth, président du Conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) de 1991 à 1996. "Je pense que la pause est un moment privilégié pour mettre tous les éléments sur la table, pour essayer de construire ensemble en prenant des éléments objectifs pour faire évoluer le système", déclare le mosellan.
Plusieurs parlementaires ont déjà fait savoir leur intention de bloquer la suspension. Un amendement en ce sens a été signé par des députés Horizons et par Laurent Wauquiez, chef des députés Républicains. Gérard Larcher, président du Sénat, a également affirmé dans une interview au Parisien le 25 octobre , que la chambre haute “rétabliera la reforme des retraites”.
Un modèle a réinventer
Jean-Marie Spaeth espère que les réflexions dépasseront le cadre économique. "L’avenir des retraites dépend et doit être négocié par les acteurs sociaux, employeurs et salariés ! Et qu’on ne parte pas uniquement des questions budgétaires au Parlement, bien qu'elles soient nécessaires ", s'exclame l'octogénaire. Selon lui, une refonte du système est nécessaire pour garantir sa survie. "Je suis pour un système de retraite par point comme fonctionne l'Agirc-Arrco (la retraite complémentaire des salariés de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et des services). La notion d'âge est une notion archaïque", rouspète-t-il.
Une révolution qu'il estime indispensable au vue de l'allongement de l'espérance de vie.
Quand vous regardez l'espérance de vie d'aujourd'hui par rapport à 1945 : ça n'a plus rien à voir
s'exclame l'ancien syndicaliste. "Vous avez une espérance de vie en bonne santé après la retraite de près de 15 ans." En 2024, un rapport de la Cour des comptes décriant la situation économique de la Sécurité sociale, encourageait également à trouver des solutions "pérennes" pour "préparer notre système social aux conséquences financières du vieillissement de la population". L'Assemblée nationale devra se prononcer sur la suspension des retraite et l'ensemble du PLFSS le 12 novembre.


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