JO 2030 : des habitants des Alpes appellent à réinterroger le "gigantisme" des Jeux
Les Jeux sont-ils faits dans les Alpes du Nord ? Pas si sûr. Avec un budget contraint de 2,1 milliards d’euros, une carte des sites encore floue, des incertitudes politiques, les opposants aux olympiades boivent du petit-lait. Ils seront même entendus pour la première fois de l’histoire des JO par les Nations-Unies. Audition programmée le 18 novembre. Un collectif, composé d’habitants des Hautes-Alpes, d’Isère, de Savoie et de Haute-Savoie demande davantage de transparence sur l’impact environnemental des Jeux, et le bon respect de la convention d'Aarhus.
©RawpixelUne empreinte environnementale conséquente
Alors que les Munichois se sont positionnés en majorité en faveur de l'accueil des Jeux Olympiques d'Eté 2036, 2040 ou 2044, en France, et dans les Alpes, l'opposition à l'organisation des Jeux d'Hiver se structure. Le 18 novembre, un organisme des Nations-Unies entendra les revendications du collectif JOP 2030, composé d'habitants des Hautes-Alpes, d'Isère, de Savoie et de Haute-Savoie. Delphine Larat, l'une de ses cofondatrices, dénonce une absence de concertation avec la population, et "un modèle basé sur le gigantisme, un impact environnemental majeur équivalent à plusieurs centaines d'allers-retours Paris New-York." C'est l'ensemble du modèle que cette amatrice de sports d'hiver appelle à réinterroger. "Les Jeux Olympiques sont une marque déposée par le CIO. A chaque édition, on rajoute de nouvelles disciplines, avec un objectif, faire de l'argent !", tonne Delphine Larat.
Une gabegie financière pour les opposants
Le budget du COJOP s'élève à 2,1 milliards d'euros. Le budget le plus sobre de l'histoire des Jeux d'Hiver. Il est alimenté à 75% par du privé, sponsors, diffuseurs, etc. Le reste, 25%, par de l'argent public, Etat et Régions AURA et PACA. Avec 3 300 milliards d'euros de dettes, la France a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Une question que se pose Delphine Larat. "Dans le projet de loi de finances, étudié actuellement par l'Assemblée Nationale, 54 millions d'euros d'économies sont recherchés grâce au gel des APL. 54 millions d'euros, c'est l'équivalent de l'hébergement que l'on alloue gratuitement au CIO, et à leurs prestataires". Delphine Larat appelle à faire un choix entre loger convenablement les habitants du territoire sur la durée, ou loger quinze jours dans l'année des gens qui partirons une fois les olympiades terminées. C'est également pour le collectif JOP 2030 "un budget sous-estimé". "Il est prévu que la commune de Val d'Isère paye le logement des athlètes, le déneigement est externalisé, et ne fait pas partie du budget annoncé du COJOP", explique-t-elle.
Un organe de l'ONU saisi
Le collectif citoyen JOP 2030, ainsi que les associations France Nature Environnement, Mountain Wilderness, la Ligue des Droits de l'Homme, ont saisi le Comité d’Aarhus, instance des Nations Unies, pour dénoncer le projet des Jeux Olympiques d’hiver 2030. Une audience historique se profile le 18 novembre à Genève. "La convention d'Aarhus est la résultante de toutes les décisions prises à la suite des COP, et devra déterminer si les olympiades sont un projet impactant pour l'environnement." La convention d'Aarhus aura jusqu'à début décembre pour rendre sa décision.


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