La bande de Gaza est toujours meurtrie par les bombes. Emmanuel Macron a échangé hier avec Benjamin Netanyahou. Rappelant la nécessaire libération des otages, le président français a aussi appelé Israël "à mettre fin aux frappes" et à revenir au cessez-le-feu pour permettre la reprise de l'aide humanitaire, bloquée depuis presque un mois. Dans ce contexte, le frère Olivier-Thomas Venard, dominicain, normalien, agrégé et docteur en lettres et en théologie, habitant en Terre sainte depuis 22 ans, nous livre ses réflexions sur ce territoire où cohabitent des peuples opposés par des décennies d’hostilité.
Où est la joie de Jérusalem ? Qui porte une voix de raison sur place ? Quelle place en particulier pour les chrétiens ? Réponses avec le frère Olivier-Thomas Venard, dominicain, normalien, agrégé et docteur en lettres et en théologie, enseignant à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem. Il habite en Terre sainte depuis 22 ans et est l'auteur de Il nous reste la foi, paru aux éditions Grasset.
"Nous voulons vivre de la foi, de l'espérance, de la charité au cœur de Jérusalem", affirme frère Olivier-Thomas Venard. Habitant depuis 22 ans en Terre sainte, il connaît donc mieux que quiconque les réalités de cette région du monde.
Il est arrivé à Jérusalem, au moment de la deuxième intifada, qui marquait déjà à l'époque une opposition et une divergence de points de vue entre les israéliens et les palestiniens. "L'attaque du 7-Octobre n'est pas née de rien, mais dont la violence extrême et la violence dans la violence a absolument traumatisé, explique le dominicain. On connaissait la pression dans laquelle vivaient deux millions et demi de personnes entre mers et murs où près de 60 % de la population a moins de 25 ans", poursuit-il.
Nous voulons vivre de la foi, de l'espérance, de la charité au cœur de Jérusalem
En tant que religieux, il se considère comme témoin de la situation et non comme un politique. "Notre mission, comme religieux dominicain à l'école biblique et archéologique française de Jérusalem, c'est de cultiver dans la paix, la raison et dans la piété une mémoire humaine, spirituelle, théologique, scripturaire, commune à tous à Jérusalem", relate l'enseignant à l'école biblique et archéologique de Jérusalem.
Cultiver dans la paix, la raison et dans la piété une mémoire humaine, spirituelle, théologique,
scripturaire, commune à tous à Jérusalem
Au-delà du conflit religieux qui oppose Israël et la Palestine, il s'agit d'abord et avant tout d'une question de justice et de paix. Dans le psaume 84, il est écrit : "Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent." Dans ce conflit à Gaza, il faut chercher la justice et la paix tout en gardant une forme de raison. "Il faut être sur le terrain de la raison, dans les pas de Benoît XVI", souligne le dominicain. Le premier acte de la religion est celui de faire usage de notre raison commune.
Pour le frère Olivier-Thomas Venard, il est primordial, d'une part, de chercher la raison dans le conflit entre Israël et la Palestine. Et d'autre part, il faut continuer d'entretenir un dialogue religieux avec les musulmans comme les juifs.
Certaines des plus belles initiatives en matière de paix
sont venues des univers religieux en Terre sainte
"Nous étudions ensemble les textes les plus difficiles de nos traditions respectives, ceux qui posent des problèmes, notamment pour aimer les autres, ceux des autres religions, pose-t-il. J'ai constaté que la rencontre, qui ose la discussion, permet de mieux croire en Lui", poursuit l'auteur de Il nous reste la foi. Certaines des plus belles initiatives en matière de paix sont venues des univers religieux en Terre sainte.
Malgré le conflit israélo-palestinien qui fait rage dans la bande de Gaza, cette terre abrite de nombreux trésors archéologiques qu'il faut protéger. Avec l'École biblique et archéologique de Jérusalem, le frère Olivier-Thomas Venard a eu la chance de se rendre à Gaza en 1999. Lors de ce voyage, ils ont découvert au cours de fouilles le tombeau de Saint-Hilarion de Gaza, qui est l'un des fondateurs du monachisme byzantin les plus illustres.
La destruction de Gaza a donc un impact non négligeable sur l'archéologie. "Nous avions un stockage énorme de tous les résultats à Gaza, dans un grand immeuble dont toute la partie supérieure a été détruite par les bombes. Dieu merci, la partie de stockage semble avoir été plus ou moins préservée, mais il y a eu des tentatives de pillage, explique l'enseignant. Des Palestiniens de Gaza, qui avaient pris part aux fouilles, ont essayé de protégés les découvertes."
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