Bois : L'entreprise Filaire construit un nouvel outil de production à Sembadel
L’entreprise Filaire est implantée à Sembadel depuis 1935. Elle transforme du bois pour plusieurs usages comme le bardage, le parquet, l’emballage. Elle s’est spécialisée ces 20 dernières années sur le bois abouté et contrecollé, une technique qui fait sa force. Pour aller plus loin dans cette démarche, elle reconstruit actuellement un de ses 3 sites de production.
Stéphane Filaire au cœur de son usine à Sembadel ©Martin ObadiaFilaire à Sembadel c’est 45 000 m3 de grumes transformées chaque année au cœur de 3 sites, 2 scieries et 1 raboterie. Plusieurs essences sont travaillées au sein de l’entreprise, le pin sylvestre et le douglas, le sapin et l’épicéa. Ces matières premières permettent de produire pour les aménagements intérieurs comme extérieurs avec par exemple du parquet, du lambris, des palissades qui sortent de ses usines. Ces dernières années ont été développés des bois aboutés et contrecollés qui permettent de fournir les menuisiers pour la réalisation de fenêtres.
Une technicité qui fait la différence des concurrents
Pour réaliser ces pièces, l’entreprise scie, sèche et rabote du pin sylvestre. Les défauts comme les nœuds sont supprimés puis le bois est ensuite reconstitué sous forme de barres de 6 mètres. 3 sont collées les unes sur les autres « On fournit au menuisier un bois industriel. Il va prendre sa barre de 6 mètres, il va découper les montants des fenêtres. Il ne va plus avoir le souci de savoir si le bois à des défauts de nœuds, de sens de sciage, de collage. On livre un produit certifié » explique Stéphane Filaire, à la tête de l’entreprise depuis 1999.
Ce type de produit est une de ses marques de fabrique. « On a la particularité d’être une des seules entreprises en France ou d’être dans les quelques groupes d’entreprises qui ont la capacité de scier, sécher des bois et surtout de fabriquer des bois collés pour la fenêtre. On axe aujourd’hui nos efforts sur ce produit technique et à forte valeur ajoutée ». Selon Stéphane Filaire, ces bois nécessitent un soin particulier. La société a donc dû mettre en place un système de mesurage, de traitement mécanique. Ce type de production participe à une meilleure valorisation du bois. « Il y a 20 ans on valorisait environ 20% de notre matière, aujourd’hui on est à plus de 50% qui passe dans nos ateliers de 2e transformation. On va leur donner une vie plus élaborée, on va en faire des produits plus techniques ».

4 millions d’euros investis pour une nouvelle scierie
L’entreprise Filaire réalise un chiffre d’affaires de 8,5 million d’euros. 50% est issu de la 2e transformation et du rabotage. Son président reconnaît avoir beaucoup investit dans le collage et le séchage depuis 20 ans. Le sciage et plus particulièrement la scierie n°1 a un peu été le parent pauvre des investissements sur cette période. Cette usine, même si elle a été rénovée a plusieurs reprise « arrivait à un âge où c’était plus possible. Il n’y avait que 2 solutions, ou la fermer, ou la refaire ». Choix a donc été fait de la déconstruire et de la reconstruire pour augmenter ses capacités. Vont être refaits le toit, le dallage, de nouveaux matériels vont être installés. Pour Stéphane Filaire, « ces nouveaux matériels auront l’avantage de pouvoir produire plus facilement, dans des meilleurs conditions des bois destinés au collage ». Les lignes de sciage par exemple ont été adaptées aux besoins spécifiques de l’entreprise.
L’enjeu pour la société, selon son président n’est pas de faire du volume pour faire du volume. Bien évidemment, cet investissement vise à augmenter les quantités produites. L’objectif est de les faire progresser de 10 à 20% avec la nouvelle unité mais il explique que « la valorisation des bois que j’ai mise en place depuis 25 ans est liée à la forêt qui nous environne. On a toujours su mettre en place des outils de travail adaptés à la forêt telle qu’elle produit du bois. On n’est pas dans des systèmes de sciage ultra performants, on est plutôt dans une valorisation pure de la matière. L’objectif n’est pas d’aller dans le volume mais il est de trouver la meilleure qualité au bon endroit ». Actuellement les essences travaillées proviennent d’un périmètre de 100 à 150 km autour de Sembadel.
L’investissement est chiffré à près de 4 millions d’euros avec une aide du fonds France 2030. La construction du site doit être terminée d’ici fin mars. Le matériel arrivera au printemps. Le temps de travaux, le site n°1 est à l’arrêt. Les équipes ont été réorganisées en 2x8 sur la scierie n°2. Stéphane Filaire affirme conserver le même volume de fabrication. De nouveaux séchoirs vont aussi être installés dans l’entreprise.

Le secteur du bois, un marché en perpétuelle fluctuation
Le marché du bois est très fluctuant. Stéphane Filaire reconnait que « sur le post covid on a eu des marchés qui ont quand même bien baissés car les choses sont revenues à une extrême normalité ». La dynamique allemande joue beaucoup aussi sur l’industrie du bois en France. Le pays a de grandes capacités de production. Quand elle doit vendre à la France, les prix du bois baissent et quand elle vend dans d’autres pays, les tarifs augmentent « on fait le yoyo derrière les allemands ». Sur la partie emballage comme sur la construction, la dynamique suit l’activité économique. Pour la construction, le marché évolue en fonction des saisons et des aménagements extérieurs et intérieurs.
Quant à la rentabilité de l’activité scierie, 2e transformation, elle reste aujourd’hui limitée. « Nos activités sont très énergivores en matière et on consomme aussi beaucoup de matériel. Ce sont des entreprises très capitalistiques. Ce sont des entreprises qui coûtent chères à faire fonctionner et qui génèrent une rentabilité assez faible ». Stéphane Filaire ajoute aussi que les métiers ne sont pas faciles même si les conditions de travail ont évoluées. « On a un traitement social qui est plus important qu’avant, on a intérêt à mettre des choses en place pour garder nos salariés ». Reste aujourd’hui des problématiques de recrutement pour des postes très qualifiés sur le sciage et le rabotage avec notamment selon lui, des écoles qui restent vides.

Interview complète de Stéphane Filaire à retrouver en longueur dans l'article.


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