Après l’attentat de Sydney, la communauté juive de Grenoble veut faire “briller la lumière encore plus fort” pour Hanoucca
Dimanche 14 décembre, au moins quinze personnes dont un français sont mortes dans l’attentat commis à Sydney, pendant la fête juive de Hanoucca. Alors que les festivités sont prévues jusqu’à lundi, la communauté de Grenoble a tenu à garder ses événements prévus dans l'espace public. Elle s'est retrouvée pour fêter Hanoucca comme un symbole de sa résilience et de sa détermination.
Malgré la peur, la communauté juive a tenu à se rassembler à Grenoble pour célébrer Hanoucca (Photo: RCF Isère/Emeric Bravard)Une camionnette arrive en fanfare sur la place André Malraux. Des enceintes posées sur son toit sort une musique joyeuse. Et à son volant, un rabbin. Car ce mardi soir, c’est Hanoucca. La fête de la lumière, pendant laquelle chaque soir la communauté juive allume une des neufs branches de la Hanoukia, un chandelier qui célèbre une victoire historique du peuple juif. A Grenoble, haute de plusieurs mètres, elle trône sur le podium monté pour l’occasion, autour duquel se regroupent quelques dizaines de fidèles.
Fêter la lumière dans un contexte sombre
Malgré la tuerie de Sydney perpétré il y a quelques jours, Alexandre, membre actif de la communauté, tenait absolument à être présent : “Cet odieux attentat ne découragea jamais les juifs de se rendre à une fête. Au contraire ! La plus belle des réponses face à ceux qui veulent assombrir le monde, c’est de faire briller la lumière encore plus fort”, assure-t-il.
Une enfant de l’école juive déclame un poème, Eric Piolle, le maire de Grenoble, un petit discours, et quatre branches sont allumées sous les applaudissements. Alexandre veut y voir un signe : “Tout va s’améliorer. Même s’il y a beaucoup de nuages en ce moment, il reste une petite lumière.”
Un homme sur un vélo passe en criant “Palestine!”. Le rabbin continue son discours, en le regardant du coin de l'œil. Une dizaine de policiers encadrent l'événement. Dans ce contexte très tendu, Johanna, accompagnée de ses trois enfants, avoue avoir peur et s’être interrogée sur sa venue. Mais avec résilience, elle souffle : “Qu’importe si c’est dangereux, il faut rester uni, groupé”.
Selon le ministère de l’Intérieur, entre janvier et octobre 2025, plus d’un millier d’actes antisémites ont été recensés. Même si ce chiffre est en baisse de 15 % par rapport à l’année dernière, la communauté juive reste la plus touchée par les actes antireligieux en France. Johanna le vit au quotidien : “C’est un cauchemar. Il est systématique. Ce sont des inscriptions antisémites sur les portes de toilettes, sur des affiches, dans la rue… Mais ça n’est pas ça qui va nous faire flancher”, sourit-elle tristement.
Pour finir la fête, l’assistance se dirige vers les beignets et thés chauds, disposés sur la table devant le podium. Un peu de douceur et de chaleur, au cœur d’un hiver marqué par l’effroi.



