Commentaire de Jean 8, 51-59
Mes amis, vous souvenez-vous de l’élément liturgique important qui s’est déroulé le dimanche 28 novembre dernier ? Je vous donne un indice : nous rentrions dans l’avent. Cela vous revient-il ? Le dimanche 28 novembre était le jour « J » où la nouvelle traduction du Missel romain a fait son apparition dans nos églises. Quelques changements permettaient ainsi de faire en sorte que les réponses des fidèles soient plus exactes dans la proclamation de la foi et la conformité à la langue française. Attardons-nous quelques instants sur Profession de Foi et plus particulièrement sur le Symbole de Nicée où une seule expression a été changée. Notre page d’évangile du jour y est, en quelque sorte, résumée dans le passage qui suit : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait ».
Consubstantiel. C’est donc LA nouveauté du Credo. D’après la définition du dictionnaire, consubstantiel veut dire : « Qui n'a qu'une seule et même substance (en parlant de Dieu) ». Je ne la trouve pas si simple à appréhender comme notion, pour nous simples humains. Le Père est (du verbe être) le Fils, et le Fils est le Père. Mais alors, s’il est consubstantiel à son Père, pourquoi Jésus appelle Dieu « Abba » une fois sur la croix ? Pourquoi Dieu dit « Celui-ci est mon Fils » lors du baptême de Jésus par Jean Le Baptiste ? Peut-on être consubstantiel et pour autant distinct l’un de l’autre ? Lorsque nous communions à la messe, devenons-nous consubstantiels au Christ pendant quelques minutes alors que le Christ agît en nous ?
Il est facile a posteriori de critiquer les juifs de notre évangile du jour, mais qu’aurions-nous fait à leur place ? J’imagine à quel point le discours de Jésus était disruptif et déroutant pour l’époque. Deux mille ans plus tard, nous, nous savons que le Christ est ressuscité. Qu’il a vaincu la mort. Qu’il est revenu voir ses disciples après être sorti du tombeau. Mais pas eux.
Ceci étant, l’attitude des juifs cités par Jean me rappelle ce proverbe chinois : « Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt ». Jésus évoque la vie éternelle et les juifs, eux, prennent une fois de plus la parole du Christ au sens humain, littéral, premier : ainsi celui qui garderait la parole de Dieu avec lui vivrait alors éternellement mais… sur terre. Il existe d’ailleurs un autre proverbe chinois qui me paraît lui aussi faire écho à la situation vécue par Jésus : « Le sage s'interroge lui-même, le sot interroge les autres ». Les juifs qui incriminent Jésus sont déboussolés par ses paroles, mais ils préfèrent essayer de le tourner en ridicule et songent même à le lapider, plutôt que de méditer sur le message fort proposé par le Christ. Comme si la violence allait leur permettre de clarifier la situation de manière constructive.
Allez, soyons honnêtes, le langage de Jésus nous bouscule nous aussi. Nous avons trop souvent une lecture au premier degré de l’Écriture. Et lorsque l’Esprit Saint vient nous murmurer qu’il faut aller plus loin, nous fermons vite nos yeux et nos oreilles tant cela nous perturbe et nous dérange. C’est pourtant grâce à cette parole que nous cheminerons en direction de la vie éternelle offerte par Jésus. N’oublions pas que notre « vie éternelle » ne commence pas à notre mort, mais qu’elle a déjà commencée lors de notre passage sur terre.
Bientôt la fin du temps de carême. Puissions-nous préparer nos cœurs dans la paix, pour aller vers le Père, toujours guidés par le Fils.
Belle journée à vous mes amis.