Nouveau Testament : questions d'histoire

Certes tous les dons de l'Esprit, les charismes, sont importants, nécessaires et complémentaires dit Paul au chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens. Mais l'un d'eux est au-dessus de tous car il les alimente tous : c'est l'amour. Paul montre comment cet "agapè" (mot employé de multiples fois dans le Nouveau Testament) invite à se défaire de ce qui, en chacun, entrave la relation à l'autre.

Après avoir traité de questions émanant surtout de la communauté de Corinthe, Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, étend sa réflexion à l'ensemble des croyants. Il emploie la métaphore du corps pour parler de ce lieu unique qui reçoit et transmet les dons de l'Esprit, de ce Souffle qui permet à chacun d'exercer les dons qui lui sont confiés.

La communauté chrétienne de Corinthe, comme toutes les premières communautés chrétiennes, célébrait la mémoire du dernier repas de Jésus. Paul appelle cette célébration "le repas du Seigneur". Et il fait des reproches aux Corinthiens sur la manière dont ils vivent ce repas, reproches très surprenants pour notre mentalité du 21ème siècle...

Paul le répète : le centre de la foi des chrétiens, c'est le Messie crucifié, expression inaudible tant pour les juifs désireux de signes venant de Dieu, que pour les païens qui cherchent dans la religion avant tout une sagesse. Pourtant, il ne peut y avoir de résurrection qu'en passant par la croix.

Paul, au début de la première lettre aux Corinthiens, leur dit son désaccord face aux divisions qui les traversent. La communauté est divisée en clans : certains écoutent Paul et d'autres préfèrent suivre d'autres prédicateurs de l'Evangile ; Paul s'insurge : il n'y a qu'un Evangile, et tous doivent suivre le seul Jésus Christ.

Début d'une série d'émissions pour lire en détail la 1ère lettre de Paul aux Corinthiens. C'est à des "saints" que Paul s'adresse : c'est ainsi que l'on nomme les premiers chrétiens dans la plupart des textes du Nouveau Testament. Et à ces "saints", habitant une ville immense, riche, mais souvent d'un grand laxisme moral, Paul prodigue à la fois des reproches et des conseils.

Certains passages des Actes des Apôtres semblent montrer que les premiers chrétiens avaient un mode de vie idéal : entente, mise en commun des biens... Pourtant, à d'autres endroits, les divisions, difficultés internes et oppositions externes, sont décrites avec force. Lisons précisément ce qui est dit de ces communautés : le désir de vivre le message pascal dans un groupe habité par ses propres contradictions humaines.

Pierre, dans les Actes des Apôtres, donne à ceux qui l'écoutent des consignes pour vivre en chrétiens. Ces conseils, et en particulier l'incitation à être baptisés, ne sont pas sans liens avec les injonctions de Jean Baptiste dans l'évangile de Luc. Comparons ces deux textes.

Les Actes des Apôtres nous montrent comment la première communauté chrétienne de Jérusalem a mis en pratique le message pascal. Dans son discours après Pentecôte Pierre interprète la venue de l'Esprit comme l'oeuvre de Dieu par le Christ ressuscité.

La question de la résurrection des morts était présente chez les juifs avant Jésus. Certains croyaient à cette résurrection, d'autres non. Pour les nouveaux chrétiens, Pâques réactualise le problème. Nous allons voir comment Paul aborde la question toujours en mettant en avant Jésus Christ ressuscité, mais évolue au cours de sa vie dans l'interprétation des modalités de la résurrection des morts.

Les textes du Nouveau Testament invitent les lecteurs à relire leur propre existence à travers celle du Ressuscité. Luc en particulier montre comment l'aujourd'hui des apôtres et disciples d'abord, des chrétiens ensuite, est transformé par la foi pascale. Les Actes des Apôtres décrivent comment la communauté de Jérusalem a vécu cette transformation et invitent les lecteurs à écrire le récit de leur propre "résurrection".

C'est l'évènement de Pâques qui est à l'origine de l'écriture du Nouveau Testament, en particulier des évangiles. Pour autant, jamais les évangélistes ne racontent la résurrection de Jésus. Ce qu'ils veulent, c'est mettre le lecteur au contact d'un évènement réel sans précédent, conscients que l'échec apparent de la Croix n'a pas arrêté la présence et l'action de Jésus.

Cette saison nous allons tenter de voir comment les textes du Nouveau Testament sont tous porteurs de traces du Ressuscité. Non seulement par ce qu'ils disent, mais d'abord par le bouleversement que Pâques a entraîné dans la vie même des auteurs. Paul en est le premier témoin.

Pistes de lectures :



Claire SOTINEL, Rome, la fin d'un empire, Belin

Etienne NODET et Justin TAYLOR, Essai sur les origines du christianisme, Cerf

Henri-Irénée MARROU, Décadence romaine et Antiquité tardive et L'Eglise de l'Antiquité tardive, Seuil, coll. Points

Daniel MARGUERAT, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Seuil

Etienne NODET, Histoire de Jésus, Cerf

Marie-Françoise BASLEZ, Saint Paul, Pluriel

Michel QUESNEL, Paul et les femmes, Mediaspaul

Giorgio AGAMBEN, Le temps qui reste, Poche Petite Bibliothèque

Patrick BOUCHERON, Crucifixion de Jésus, série vidéo "Quand l'histoire fait date" sur internet

Les Pères cappadociens ont été les principaux artisans de la réflexion sur la Trinité et donc sur la place de l'Esprit Saint. Ils ont été à la fois brillants théologiens, maniant les concepts au service de la foi, mais aussi pasteurs, garants d'une foi communautaire qu'ils ont exprimée en termes spirituels, parfois mystiques.

La période de 325 à 351, entre le concile de Nicée et celui de Constantinople, est un temps de débats et de controverses au sujet de la divinité de l'Esprit. C'est le concile de Constantinople avec l'intervention très forte de Grégoire de Nazianze qui va exprimer en termes clairs cette divinité. Des difficultés demeurent car les conclusions de Nicée ne sont pas encore acceptées par tous.

L'Esprit est présent chez les premiers chrétiens ; ils en vivent. Pour autant ils ne font pas de philosophie à ce sujet. Ce n'est que progressivement que s'élaborent des questions théologiques sur la troisième personne de la Trinité. L'Occident et l'Orient ne se posent pas les mêmes questions au même moment. La divinité de l'Esprit va mettre du temps à être affirmée.

Les évangiles ne parlent pas beaucoup de l'Esprit, en particulier les synoptiques. Néanmoins, il est très présent même quand il n'est pas explicitement nommé. Chez Jean, le don de l'Esprit est mis en valeur en relation avec le baptême et avec la venue du Paraclet.

L'Esprit Saint, déjà, était source de vie dans l'Ancien Testament. Comment cet Esprit a-t-il été perçu et honoré au début du christianisme ? Les textes bibliques, de l'Ancien Testament jusqu'à Jésus Christ, nous permettent d'approcher la découverte progressive qu'en on faite les croyants