Issu d’un vieux lignage de la Marche limousine, Pierre d’Aubusson entra très jeune dans l’ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui jouèrent un rôle de milice hospitalière et armée auprès du royaume franc de Jérusalem.
Après la chute définitive de la Terre sainte en 1291 à Saint-Jean d’Acre, les Chevaliers se réfugièrent chez les Lusignan à Chypre puis décidèrent de conquérir un archipel du Dodécanèse dont l’île principale était Rhodes.
Pierre d’Aubusson, grâce à d’éminentes qualités, fut très vite employé à des tâches multiples auprès des grands maîtres de l’ordre. Il passa l’essentiel de sa longue vie à Rhodes jusqu’à sa mort en 1503 à 80 ans à la tête des Hospitaliers depuis 27 ans. Il comprit très vite que le danger principal venait des Turcs qui s’unifiant autour du grand sultan Mehmet II, celui-là même qui prit Constantinople en 1453, ne pouvaient supporter la présence des Hospitaliers au cœur de leur empire.
Pour compenser la grande infériorité numérique de ces « messieurs de la Religion » comme les chevaliers aimaient se faire appeler, Pierre d’Aubusson comprit très vite qu’il fallait adapter les vieilles fortifications de Rhodes aux immenses progrès de l’artillerie que les Ottomans maîtrisaient de plus en plus. Il obtint à plusieurs reprises des subsides des rois de France pour conforter la défense de l’archipel. Grâce à des travaux considérables, les Hospitaliers firent échouer le grand siège de 1480 entrepris par les Turcs où le grand maître, âgé de 57 ans eut une attitude héroïque. La réputation des Chevaliers ayant atteint un sommet, un des fils de Mehmet II, Djem, qui avait échoué à prendre le pouvoir à la mort de son père alla se réfugier à Rhodes pour échapper à la mort certaine que son frère aîné devenu sultan sous le nom de Bajazet voulait lui donner.
Le prince ottoman, devenu très vite otage des chevaliers, passa 4 ans reclus en Haute-Marche limousine dont une partie à Bourganeuf, siège du grand prieur de la langue d’Auvergne. Pour l’accueillir dignement les chevaliers firent construire une grosse tour appelée encore aujourd’hui de son nom déformé de Zizim.
Mais après de longues négociations, il fut livré au pape puis au roi de France Charles VIII lancé dans sa folle conquête du royaume de Naples.
Pierre d’Aubusson devenu cardinal continua de préparer l’Ordre à de nouveaux assauts turcs qui finirent par réussir près de 20 après sa mort. Les chevaliers durent fuir pour s’installer plus à l’ouest à Malte, mais c’est une autre histoire.