La voix interdiocésaine

Nous continuons, dans ce roman par lettre à accompagner notre curé de…. Tout occupé à mettre en œuvre une nouvelle pastorale qui lui fait dépenser bien de l’énergie dans tous les domaines. Il finira par persuader son évêque qu’il a pris le bon chemin. Le roman est chargé d’en persuader le lecteur.

Nous en avons fini avec l’abbé Moureaux Nous avons accompagné, maintenant depuis une année, à travers leurs journaux, trois curés de campagne Moureaux de Bretigny, Fleury de Saint Hilaire et Favrot de Combeaufontaine. Tous trois curés de campagne entre 1870 et 1920. Essayons de voir ce qui leur est commun, ce qui les distingue.
Avant de faire connaissance d’un quatrième.

Nous restons encore aujourd’hui, et pour la dernière émission, à recueillir à travers les confidences de l’abbé Moureaux, curé de Bretigny, quelques difficultés qu’il rencontre ou qu’il se crée, sans compter la charge supplémentaire qu’impose la Séparation de l’Eglise et de l’Etat.

L’abbé Moureaux, en plus de son journal intime a, bien entendu tenu le journal de sa paroisse. Mais, on s’en doute, son tempérament maladif, sa sensibilité à fleur de peau lui font parfois mélanger les deux genres.

Il nous faut aujourd’hui aborder le côté sombre de l’abbé Moureau, curé de Brétigny. Nos auditeurs savent depuis plusieurs semaines que cet homme peine à grapiller les petits bonheurs de la vie, les satisfactions de son ministère, lui qui broie du noir à longueur d’année, noir qu’il nous confie dans son journal.

On peut dire que la loi de séparation de l’Eglise et de l’état, a été chez le curé de Combeaufontaine un des sujets majeurs de ses préoccupations. Il en fait participer les conséquences avec quelques années de décalage. Cette fois-ci chez l’abbé Moureaux, curé de Brétigny, on la vit quasiment au jour le jour dans les mois qui la précède comme dans ceux qui le suivent.

L’abbé Moureau curé de Brétigny, est un grand lecteur. La presse retient toute son attention. Il a mille raisons de se faire du souci pour son pays. S’il ne peut pas grand-chose pour trouver des solutions cela l’éloigne au moins de ses accès de déprime. La politique française le désespère. La loi de séparation se profile. La menace allemande se précise.

L’abbé Moureau , curé de Brétigny, est un grand lecteur. Il passe des heures à sa table de travail. Tout naturellement il réagit volontiers aux bruits du monde, dans sur le plan intérieur qu’international. Le contexte est riche à cet égard. La tension entre l’Eglise et la République française. Celles générées par les conflits en Extrême Orient qui auront à voir, pense-t-il, avec une éventuelle confrontation avec l’Allemagne.

On a souligné dans les émissions précédentes la fragilité de l’abbé Moureaux, sa propension à voir les choses en noir. Il nous faut y revenir tant ses écrits sont le reflet de sa fragilité, fragilité dont il est parfaitement conscient et qu’il entretient parfois avec une certaine délectation. Il n’est pas le seul à entretenir cette idée que la vie n’est qu’une vallée de larmes et que le jugement de Dieu attend tout un chacun. Cela prend cependant chez lui des proportions inédites.

La vie de relation n’est pas le fort de l’abbé Moureaux, on l’a vu la semaine dernière, tant avec sa famille qu’avec ses amis qu’il a le bonheur d’avoir. Il est cependant des coutumes propres au clergé qui peuvent partiellement compenser. Ce sont les réunions plus ou moins ritualisées où s’égrènent tout au long de l’année. Réunion de travail certes mais où se mêle la détente, entre hommes de même formation, de même culture.
Notre abbé Moureaux les éclaire cependant avec son style propre, ses saillies d’humour mais aussi parfois une sincérité peu amène.

Nous continuons à examiner la vie relationnelle de notre abbé Moureaux, curé de Bretigny, petite paroisse du Doubs. Elle est ténue et il en souffre. Il y a cependant des endroits, des moments furtifs où son âme s’exhale, où il dit son bonheur. Moments rares à déguster sans modération.

On a commencé la semaine passée à faire connaissance avec l’abbé Moureaux, curé de Brétigny qui, comme d‘autres se prend à coucher sur le papier, plus ou moins régulièrement, ses impressions, ses états d’âme, des morceaux d’une vie somme toute simple de curé de paroisse rurale. Entrons aujourd’hui plus avant dans sa biographie, sa famille, ses connaissances. Cependant chez lui c’est souvent un peu compliqué, autant prévenir l’auditeur.

Nous entamons aujourd’hui l’étude d’un journal d’un troisième prêtre du diocèse. Après l’abbé Fleury curé de St Hilaire sous le Second Empire, celui de Combeaufontaine, l’abbé Favrot, au moment de la guerre de 14-18, voici l’abbé Moureaux, curé de Bretigny une dizaine d’année plus tôt. Qui lui aussi confie ses états d’âme à un journal.

Changement de ton d’avec les précédents cependant - âmes sensibles s’abstenir - dans la mesure où l’on a affaire à un homme éminemment fragile qui cherche par la plume à conjurer ses contradictions, à supporter ses souffrances.