« Savoir qu'on a de la valeur pour Dieu est un grand défi dans notre génération » : l'influenceuse chrétienne @soeur_co se livre

RCF Lyon : 30 jours de marche avec Dieu était un guide journalier pour se reconnecter à Dieu pratiquement : 30 jours pour laisser Dieu guérir son cœur est sur le même principe ?

Noémie Suzanne : Oui, exactement. Cette fois-ci, j'ai travaillé avec les éditions Ourania et le format du premier fonctionnait tellement bien que j’ai repris le même pour le deuxième. Il est composé de 30 réflexions avec quatre parties distinctes : méditation, verset biblique, prière et exercice pratique. Je ne voulais pas que ce soit seulement de la lecture mais je voulais un manuel qu'on puisse s'approprier et qui puisse être très pratique, très concret.

RCF Lyon : Pourquoi ça marche ?

NS : Je crois que ça marche parce que c'est accessible à tout le monde, autant pour les non-croyants que pour les croyants, ceux qui veulent repartir avec Dieu ou aller plus loin. C'est un livre sur lequel on peut se poser seulement quelques minutes et c'est un concept assez peu répandu en France. On a l'habitude d'avoir des livres très longs, dotés de réflexions profondes. Là, l'idée c'était de pouvoir prendre, chaque matin ou chaque soir, un temps avec Dieu sur des thématiques bien précises.

RCF Lyon : Ce livre est très intimement lié à votre histoire. Il est né en 2021 après une rupture amoureuse très difficile. Pourtant, ce n'est pas un livre sur les déceptions amoureuses. Il se construit jour après jour, le premier étant consacré à la valeur. Qu'est-ce qu'on apprend ?

NS : On apprend qu'en réalité, plus ou moins tout le monde a des faiblesses dans son cœur. Il y a des vides, des trous, des choses avec lesquelles on vit, des événements passés qu'on a banalisés alors qu’il y a besoin de restauration, de guérison. Je ne voulais pas un livre sur les déceptions amoureuses parce que tout le monde ne vit pas de déceptions amoureuses et ceux qui achètent le livre ne sont pas forcément dans cette période-là. En revanche, je voulais que ce soit un 360° de notre cœur où on parle de harcèlement, de relation toxique, de notre valeur et de thématiques qui touchent vraiment au cœur et à notre personne.

RCF Lyon : Le premier jour aborde la notion de valeur. Pourquoi commencer par là ?

NS : Oui, parce que je crois que c'est un grand défi dans notre société, dans notre génération, de savoir qu'on a de la valeur pour Dieu, qu'on est aimé et précieux pour le Seigneur. Chez quasiment tout le monde, il y a cette douleur et elle a été la première chose que le Seigneur a restaurée quand je me suis convertie.

RCF Lyon : Comment avez-vous sélectionné et travaillé les thèmes choisis ?

NS : J'ai travaillé avec Alisson, une agente littéraire qui m'avait déjà suivie sur le premier livre et ensemble on a un peu réfléchi sur des thématiques où chaque personne pourrait se reconnaître. L'idée était de ne pas se contenter de mon témoignage mais de pousser le lecteur dans des réflexions plus variées. On parle de beaucoup de choses liées à l'enfance qui ont des conséquences dans notre vie adulte. Quand on a manqué d'amour dans un foyer, quand on a une famille déstructurée, quand on a vécu le rejet ou le harcèlement, ce sont des choses qui peuvent profondément nous impacter. Et sur cette base-là, on a fait une panoplie de plusieurs thèmes et on a sélectionné ceux qui pouvaient toucher le plus de monde.

RCF Lyon : On a tous des blessures dans notre cœur à guérir ?

NS : Oui. Le principe d'avoir 30 jours, c'est d'aborder 30 sujets différents pour se reconnaître au moins dans un. Je fais partie de la génération Z, c'est quand même mon premier public même si tout le monde peut s’y retrouver, et les défis auxquels notre génération est confrontée tournent autour des mêmes sujets en général.

RCF Lyon : Vous êtes très active sur les réseaux sociaux. Vous cumulez 116 000 abonnés sur Instagram, 149 000 sur YouTube. Il y a une part de responsabilité à parler à tous ces jeunes ?

NS : Une énorme part de responsabilité. Je me rends compte, plus les années passent, qu’on s'identifie peut-être moins à moi que quand j'avais 17 ans. Le poids des mots est très important et le témoignage qu'on rend au quotidien, ça en fait un poids. L'idée, c'est vraiment de donner un espoir, de dire à ceux qui font face à une montagne dans leur vie, qui sont, comme David pouvait le dire, dans la vallée de l'ombre de la mort, qu’après cette montagne, il y a toujours le soleil. Il y a toujours l'espoir, il y a toujours Dieu qui est là et Il veut mieux pour nous. C'est vraiment en prenant conscience de cela que j'ai écrit ce livre : il ne faut jamais regarder ce qu’on vit dans l'instant mais toujours voir à l'espoir que Dieu nous donne.

RCF Lyon : Pourquoi revenir au papier quand votre cœur de cible sont des jeunes davantage sur les réseaux ?

NS : Parce que je crois que les réseaux sociaux sont éphémères et que les écrits restent. L’écriture est quelque chose donné à l'humain uniquement et il est important de matérialiser les choses physiquement aussi.

RCF Lyon : Il nous faut trois semaines pour changer nos habitudes. Vous, vous proposez un format de 30 jours. On a besoin d'un mois pour se poser ?

NS : 30 jours, ça me semblait bien pour un premier pas. Ce deuxième livre propose des thématiques assez lourdes, il y a vraiment des bouleversements. Ce qui revient régulièrement, c'est des témoignages de lecteurs qui ne pensaient pas avoir besoin de guérison ou de changer de regard sur un sujet. Plusieurs bloquent à un certain moment et n’arrivent plus à avancer. Le format 30 jours permet que ce ne soit pas trop lourd et d'en faire plusieurs tomes.

RCF Lyon : Quel est le jour qui a le plus bloqué les lecteurs ?

NS : C'est le jour 1, la valeur. La valeur dans le deuxième et l'identité dans le premier, c'est le jour 1. C'est très difficile aujourd’hui de poser des mots sur qui on est et sur notre valeur pour Dieu.

RCF Lyon : Sur les réseaux, vous avez une réelle proximité avec votre audience. Vous proposez même de prier pour ceux qui le veulent. C’est important pour vous ?

NS : Très important parce que dans la vraie vie, je suis très accessible et je veux vraiment être, comme le Seigneur le dit, serviteur des autres. Je ne suis pas là pour être servie mais pour servir les autres. Ce n'est pas parce qu'on a beaucoup d'abonnés sur les réseaux qu'on est plus important ou qu'on est sur un piédestal face aux autres. Je veux donner tout ce que je peux, être l'instrument de Dieu. Je n'ai rien de plus si ce n'est de répondre à l'appel du Seigneur.

RCF Lyon: Vous pensiez pouvoir dire un jour que vous étiez auteur ?

NS : Jamais. Il y a plein de choses dans ma vie que je ne pensais jamais pouvoir dire, jamais pouvoir faire. Je ne pensais pas être à RCF un jour. Non, c'est que Dieu ouvre les portes. J'ai un niveau de français très compliqué, je souffre de dyslexie, de dysorthographie. Ce qui est beau, c'est de ne pas travailler toute seule mais de s'entourer de gens compétents qui peuvent combler vos faiblesses pour qu'ensemble, quelque chose de beau ressorte.

RCF Lyon : Quelle est la suite pour vous ? Il y a déjà d'autres projets en cours ?

NS : Sortir un deuxième livre, c'est assez gros mais j'espère ne pas m'arrêter là pour le côté sortir des réseaux sociaux et laisser des choses concrètes dans ce monde.