La communion des saints : pour garder un lien entre les morts et les vivants ?
Pour les catholiques, la communion des saints est un dogme c’est-à-dire "une vérité incontestable". Mais qui sont les "saints" dont on parle ? Et comment être en "communion" ? Croire à la la communion des saints, c'est croire qu'il y a un lien entre les morts et les vivants, et même une forme de solidarité. Explications à l'occasion de la fête de la Toussaint, le 1er novembre, et de la commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre.
Le 1er novembre, les chrétiens - catholiques et orthodoxes - fêtent la Toussaint. Un jour qui précède, pour les catholiques, la commémoration des défunts. Si l’on a tendance à confondre les deux fêtes religieuses, leur proximité dans le calendrier fait sens. La sainteté étant ce à quoi tous les fidèles catholiques sont appelés à devenir après leur mort, d’où l’expression "tous saints". Or, il existe dans la tradition catholique le dogme de la communion des saints : de quoi s’agit-il ? La communion des saints est-elle un lien entre les vivants et les défunts ? Aide-t-elle à alléger la souffrance quand on est en deuil ?
Quelle différence entre la Toussaint et le Jour des morts ?
La solennité de tous les saints a été instituée au cours des premiers siècles du christianisme pour commémorer les martyrs. Les catholiques célèbrent la Toussaint le 1er novembre. Le Jour des morts, ou commémoration de tous les fidèles défunts, est célébré le lendemain, le 2 novembre.
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La communion des saints, un dogme de l’Église catholique
La communion des saints est un dogme pour les catholiques, c’est-à-dire "une vérité incontestable". Les croyants la confessent chaque fois qu’ils récitent le Credo : "Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle." Pourtant, la communion des saints reste une notion mystérieuse pour bien des catholiques. De quelle communion s’agit-il ? Qui sont les saints dont on parle ?
Dans le catholicisme, les saints ne sont pas uniquement ceux que l’Église a canonisés. Il y a des saints inconnus, dans la mesure où sont dits saints tous les défunts accueillis auprès de Dieu, dans le paradis. "Ô saintes âmes du paradis, vous qui, maintenant à l’abri des écueils et des tempêtes, jouissez d’un bonheur qui ne doit pas finir", écrit saint Augustin dans sa "Prière à tous les saints".
Qu’est-ce que la communion des saints ?
La communion des saints est une forme de solidarité entre les défunts et les vivants, disait le théologien Bernard Sesboüé (1929- 2021). « La solidarité, c’est une réalité quasi métaphysique, profonde, de dire que, entre nous, il y a des liens de solidarité. Nous dépendons tous les uns des autres. Il y a des relations d’interdépendance profonde. Il y a une interrelation de l’être comme disait Benoît XVI dans [sa lettre encyclique] "Spe Salvi" », précise le Père Paul Denizot, prêtre de la communauté Saint-Martin et recteur du sanctuaire de Montligeon.
La communion des saints se distingue par exemple du culte des ancêtres, pratiqué dans d’autres traditions religieuses, en ce qu’il y a "d’abord une idée de fraternité", ajoute Brigitte Cholvy, théologienne, enseignante à l’Institut catholique de Paris (ICP). D'ailleurs, on peut élargir cette notion de communion des saints à "l’Église au sens très large du terme", selon le Père Paul Denizot : que ce soit "l’Église du ciel, des saints qui intercèdent pour les vivants et qui sont dans la gloire auprès de Dieu", "l'Église en purification après la mort", c’est-à-dire "les défunts qui ont encore besoin de la prière des vivants et des saints", ou encore "l’Église en marche, en route, en pèlerinage sur la terre". La théologienne Brigitte Cholvy étend même la communion des saints "au monde entier", à "la création tout entière". "La communion des saints, ultimement c’est le Royaume, en fait. Et donc ça concerne tout, tout le créé."
Malgré la souffrance, malgré le deuil, malgré l’absence, il y a un lien de communion, c’est-à-dire un lien d’amour, qui peut continuer à grandir, et que nous pouvons continuer à faire grandir
Un lien entre les vivants et les morts ?
Il est donc admis dans la pensée catholique qu'il puisse y avoir un lien entre les vivants et les morts, puisque l'on peut prier pour les morts et leur demander de prier pour les vivants. "Quand on prie nos défunts, quand on prie les saints, explique Brigitte Cholvy, on ne les prie pas directement. En fait, on se recommande à leur intercession." La théologienne précise bien que "l’on ne prie que Dieu", mais on peut demander aux défunts de prier pour nous.
Et ce, "parce qu’il y a une communion, une possibilité de parler pour les autres, d’intercéder les uns pour les autres. Il s’agit dans la prière de se porter les uns les autres, de porter les fardeaux les uns des autres." L’union des vivants et des morts "ne connaît pas d’intermittence avec la mort", rappelle le Père Denizot. "Ça veut dire que nous croyons que malgré la souffrance, malgré le deuil, malgré l’absence, il y a un lien de communion, c’est-à-dire un lien d’amour qui peut continuer à grandir, et que nous pouvons continuer à faire grandir."
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Croire à la communion des saints : une consolation face au deuil ?
La communion des saints est souvent représentée dans l’iconographie chrétienne par une ronde, comme une danse, avec une humanité qui forme un cercle. "Ça dit quelque chose d’abord d’une joie, explique le Père Paul Denizot, d’un témoignage de cette joie partagé lien d’amour qui nous unit dans l’invisible."
Pour autant, "la mort reste un mystère mais aussi un scandale", rappelle Brigitte Cholvy, scandale qu’il ne s’agit pas de minimiser. "Il ne faut surtout pas réduire le scandale !" insiste la théologienne. "L’homme ne peut pas se résoudre à la mort, observe le Père Denizot, ce qui est très beau, c’est qu’on ne peut pas se résoudre à la fin du lien..."
Rappelons que, dans la foi chrétienne, "la mort a été traversée par le Christ : elle n’a plus le pouvoir, la puissance qu’elle semble avoir", rappelle la théologienne Brigitte Cholvy. "Et c’est très paradoxal parce que nous sommes toujours confrontés à des situations réelles de mort. Il n’empêche que la bonne nouvelle est que justement la mort n'est pas le dernier mot."
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