
LE POINT DE VUE DE PIERRE DURIEUX - La course du Vendée Globe s'est achevée il y a peu avec la victoire historique de Charlie Dalin. Aujourd'hui, Pierre Durieux revient sur la régate, en s'attardant sur les sponsors de la compétition.
Souvenez-vous il y a quelques années, les Inconnus se moquaient des courses à voile : ils se moquaient en particulier des sponsors marchands, de ces pubs omniprésentes qui avaient « noyé » la course, si l’on peut dire… Il est vrai que pendant longtemps les logos des bateaux cachaient le visage des skippers… ! Je cite les Inconnus : « Un course acharnée entre les bateaux vivagel et des surgelés picard… qui va gagner ? Heureusement, il y a Findus… findus qui dépasse tout le monde, même Chambourcy, oh oui ! »
Les années passent, et les choses changent, un peu.
Dans nos mémoires, il reste - fort heureusement- non pas des marques mais des grands noms : après Tabarly, Kersauson et Riguidel : Le Cam, Bestaven et Dalin ! Et chez les femmes : Florence Artaud et Ellen Mac Arthur ont laissé place à une nouvelle génération : Justine Mettraux, Clarisse Cremer et désormais Violette Dorange !
Près de 40 bateaux sont sur le chemin du retour du Vendée Globe : avant-hier c’était justement Clarisse Cremer qui franchissait la ligne d’arrivée… la semaine prochaine, ce sera, son compagnon, Tanguy le Turquais ! De plus en plus, les entreprises acceptent de s’effacer au profit de quelques causes associatives, caritatives, sociales ou solidaires : tant mieux !
Des entreprises ont trouvé plus utile de faire rayonner des messages sociaux que leurs propres marques. Il s’agit d’une stratégie qui touche aussi à des motivations d’ordre RH : une émulation des salariés en interne, plus facile à proposer « pour une cause », que pour asseoir leurs propre notoriété.
Ainsi, cette année, « Tanguy le Turquais a mis dans sa voile les invisibles, les oubliés de la société, avec le bateau Lazare », mais l’association Lazare n’y a pas mis un seul euro : ce sont des sponsors extérieurs qui financent le bateau. On pourrait citer les voiliers de La Fondation d’Auteuil, d’Initiatives Cœur, et deux bateaux sobrement baptisés « Vulnérable » : quel programme !
Ils portent une espérance : celle d’une immense flotte, d’hommes et de femmes, en difficulté du fait de leur handicap, de leur origine, ou de leur difficulté à trouver un toit, bref, des personnes qui ne sont pas familières du monde de la voile, mais plutôt de celui « où l’on rame »… Chaque Imoca est devenu le vaisseau amiral d’une foultitude de « galères contemporaines » !
« Moi, avait dit Tanguy Le Turquais, mon nouvel Imoca porte le nom de Lazare et j’en suis fier. J’ai créé de vraies amitiés avec les colocs de la rue, et j’ai d’ailleurs demandé à Christian et Tuum Tum, deux amis qui ont connu la rue, d’être les parrains de mon bateau. »
C’est d’ailleurs Christian qui n’a pas touché à l’alcool depuis des années qui avait accepté de faire une exception pour cette bouteille de champagne, et la briser pour baptiser le voilier Lazare !
Derrière ces bateaux, imaginez, le petit peuple des pommés, des petits, des invisibles qui se bat ! « Tous ceux, comme l’avait dit Clarisse Cremer, qui passent, chaque jour, des Cap Horn, sans que le monde ne le sache ! »
Ainsi donc, quand vous les verrez rentrer au port, n’oubliez d’ovationner les skippers, car oui, car ils le méritent. On peut aussi saluer les entreprises qui s’engagent : elles le méritent également, d’autant qu’elles le font dans une certaine discrétion. Mais surtout, on peut applaudir - à tout rompre - les publics qu’ils représentent, et qui sont, bon gré, mal gré, aussi « les grands aventuriers » d’aujourd’hui !
Voilà cette petite flotte, silencieuse, qui arrive aux Sables d’Olonne : au-delà des logos et des marques, la voici cette armada qui remonte humblement le chenal de notre modernité malade, la voici bravement, qui entre sous l’arche puissante de l’amitié. D’une certaine amitié sociale ! Merci !
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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