
Mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême, temps propice pour vivre la conversion écologique. Notre invitée du jour a choisi de nous proposer des chroniques, tout au long du Carême, autour de plusieurs pistes concrètes pour cette conversion. Et aujourd’hui Marie-Hélène Lafage fait rimer Carême avec déconnexion numérique.
Pour commencer, je voudrais rappeler ce qu’est la conversion écologique. C’est une notion qui vient de l’encyclique Laudato si’ du Pape François. Ça ne veut pas dire qu’on se convertit à l’écologie ! Ça veut dire que l’écologie peut être une voie de conversion chrétienne. En particulier le Pape nous invite à grandir dans 4 relations : la relation à l’autre, à Dieu, à soi et à la création. Cela nous permet d’envisager l’écologie comme une question globale, au-delà des questions purement « environnementales ». Dans cette conversion, le Pape met en avant la question de la sobriété, vécue comme « libératrice ». Vous me voyez venir avec le sujet du numérique ! On voit bien comment il peut « faire écran » dans nos vies, en diminuant la disponibilité que nous avons aux autres, à Dieu, à la création, la disponibilité à nous même, aussi. Un peu de sobriété numérique, en période de Carême, ça ne peut pas faire de mal !
On a souvent peu conscience des impacts du numérique sur l'environnement. Le numérique nous paraît presque magique ! Pourtant ces impacts sont bien documentés : ce sont des dépenses énergétiques, pour des choses pas toujours très utiles, des serveurs, des infrastructures, des outils. Le développement de l’intelligence artificielle a remis ce sujet sur le devant de la scène : elle repose sur des centres de données très gourmands en énergie pour fonctionner, et en eau pour les refroidir. L’Agence internationale de l’énergie estime ainsi que le développement de l’IA entre 2024 et 2026 va ajouter à l’échelle mondiale une consommation d’énergie équivalente à celle d’un pays comme l’Allemagne. Mais l’impact environnemental du numérique vient surtout de la fabrication de nos outils : à 78% selon l’Ademe - avec notamment l’extraction de métaux rares. Au-delà de la sobriété des usages, il y a donc un sujet sur la sobriété dans l’achat d’objets numériques…
Il est utile de se renseigner sur les impacts écologiques du numérique. Mais au-delà, on peut engager tout un tas d’actions de déconnexion : se donner une plage de temps limitée pour les réseaux sociaux ou arrêter de les consulter le temps du Carême, laisser son téléphone hors de la chambre ou du bureau, faire une semaine sans smartphone, éteindre la télé en famille… ce qui est intéressant c’est qu’on voit immédiatement le bénéfice dans notre attention au monde et aux autres, pour notre intériorité et notre vie spirituelle. Comme le dit le Pape François dans Laudato si’ : « […] limiter certains besoins qui nous abrutissent [nous rend] disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie ».
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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