
LE POINT DE VUE D'ELISABETH WALBAUM - Cette semaine, on s'est interrogé sur la laïcité. Faut-il autoriser ou au contraire l'interdire ? Jeudi 27 mars, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, s'exclamait : "À bas le voile !". Cette courte phrase a suscité de nombreuses réactions. Explication avec Elisabeth Walbaum.
"Retour sur la laïcité, la formation et les médias. Si on veut résumer simplement, la laïcité, c’est avoir la liberté d’expression, de conscience, de culte, de religion. De pouvoir changer de religion, ou de ne pas en avoir. C’est avoir la garantie d'une égalité entre tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions, celle d’avoir un État et des services publics neutres. La laïcité, c’est le respect du pluralisme.
Cette semaine, j’animais pour ma part une formation 'Valeurs de la République et laïcité' pour des salariés et des bénévoles de différentes associations protestantes (VISA AD, ACCES68 et les Œuvres protestantes de Metz). C’est une formation que reçoivent les agents de la fonction publique, mais aussi les acteurs associatifs. Et que la Fédération de l’entraide protestante propose à ses adhérents. Une journée dense pour adopter un positionnement juste et apporter des réponses aux questions qui se posent.
J’ai martelé, lors de cette formation : 'On peut être laïque et protestant. Ou laïque et catholique, musulman, juif, bouddhiste…'. Oui, on peut. C’est même ce que pose le cadre de la laïcité, un principe inscrit dans notre constitution, au service des valeurs républicaines.
À la fin de cette formation, petit tour de table en guise de bilan. Un participant dit : 'Maintenant, je prendrai avec plus de recul les situations mineures qu’on nous présente comme alarmantes dans les médias. C’est pas ce qu’on vit sur le terrain !'. Voilà ! Ça fait tilt dans ma tête ! Il est utile d’outiller les professionnels de l’action sociale comme je le fais, mais il est aussi de notre responsabilité de parler de laïcité dans les médias !
Pour faire entendre que lorsqu’on interdit une expression religieuse, on contrevient à l’esprit de la Loi de 1905 qui est une loi de liberté, une loi d’apaisement. Se doter d’un arsenal juridique de plus en plus strict crée des blocages, des frustrations, exacerbe les revendications. Envisager d’interdire le port du foulard dans les compétitions sportives, discrimine, de fait, une partie de la population.
On pourrait plutôt oser le débat, la prise en compte du besoin de spiritualité, entendre une piété différente de la nôtre et qui peut nous sembler ostentatoire… Assumer la tolérance. Refuser d’être instrumentalisé par des discours qui voudraient rejeter la religion de l’espace public pour en faire une affaire personnelle. Reconnaitre avec Saint Exupéry que 'Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis'. Rappeler, toujours, que nous sommes, en France, au bénéfice de Briand, Buisson et de tant d’autres, qui ont milité pour une laïcité permettant à chacun de croire et d’être laïc. Je vous assure, c’est possible !"
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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