Édito d'Antoine-Marie Izoard - "Chaque église détruite est un aveu d'échec"
Je souhaite revenir sur de récentes déclarations de l’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot qui me font bondir ! Bien sûr, le personnage nous avait habitués à quelque excentricité, mais l’imprévisible Roselyne Bachelot semble avoir de la suite dans les idées. Dans un livre à peine paru où la septuagénaire balance ses amis du monde politique, l’ancienne ministre de la Culture souhaite du "courage" à ses successeurs, je cite : "Pour dire non au sauvetage inconsidéré d’une église sans intérêt patrimonial, mais à charge émotionnelle et emblématique forte." Interrogée par la suite dans une émission de télé, elle est allée jusqu’à souhaiter la destruction de nombreuses églises, je cite encore : "sans grand intérêt…"
Halte-là Roselyne ! Avec Stéphane Bern, je crois fermement que "chaque église détruite est un aveu d'échec". Amoureux du patrimoine, Stéphane Bern assure ainsi cette semaine dans les colonnes de Famille Chrétienne que chaque église "représente notre histoire, notre civilisation, nos repères" et il soutient sans tortiller, lui, que "leur défense est un enjeu civilisationnel".
En quoi cette défense des églises est urgente ?
La menace pèse à court terme en France sur 2.500 à 5.000 églises, peut-être, souvent bâties au XIXe siècle. Imaginez que même le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, coauteur d’un récent rapport sur l’état du patrimoine religieux, s’étrangle en entendant l’ancienne ministre. Il l'exhorte à sauvegarder ce "patrimoine commun" à tous les Français.
Cathédrales et abbatiales, basiliques et collégiales, églises et chapelles sont dressées comme des phares de la lumineuse espérance chrétienne dans notre monde où statues et calvaires sont également menacés par la folie laïciste, par une pure parcimonie comptable ou une simple indifférence. Comme à La Flotte-en-Ré où une simple statue de la Vierge, érigée à un carrefour après la Seconde Guerre mondiale en action de grâce pour les soldats revenus sains et saufs du front, va être déboulonnée. Et cela à la demande des libres penseurs parce qu’elle porterait atteinte à la laïcité. Il nous faut alors nous investir, localement, pour maintenir en l’état ce patrimoine précieux, témoignage matériel du lien immatériel qui unit la terre au Ciel.
→ À LIRE : Patrimoine religieux à restaurer : que faire des églises sans "grand intérêt" ?
Concrètement, en quoi consiste cet engagement ?
Gardons-nous d’abord de croire que la sauvegarde de nos églises et de nos statues, à elle seule, sauvera la France de sa déchristianisation galopante ! Le Christ, s’il nous attend sous les voûtes de nos lieux de culte lors de l’eucharistie, nous exhorte à rendre vivant ce patrimoine. C’est dans le silence d’une prière régulière au pied d’un autel, dans la lueur d’une bougie qui scintille près d’une statue, dans les communautés vivantes et aimantes que se perpétue le témoignage de foi des chrétiens.
Battons-nous donc pour nos églises, mais pas sans les habiter réellement. Les laïcs ont un rôle particulier à jouer ! Les lieux de cultes délaissés dans les villes et villages où le curé ne parvient plus à passer assez souvent peuvent être ouverts régulièrement pour accueillir les fraternités paroissiales, des groupes de prière, des familles venues se confier… En somme, que seraient nos plus belles constructions si elles n’abritaient pas des pierres vivantes qui cherchent à édifier la demeure spirituelle de Dieu ?
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- Édito15 janvier 2023
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