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Arnaud Delbard , trois générations de créations d'une infinité de roses

Arnaud Delbard , trois générations de créations d'une infinité de roses

Un article rédigé par Pierre Gaudin - le 19 mai 2025 - Modifié le 21 mai 2025
L'invité du 12/13Arnaud Delbard , trois générations de créations d'une infinité de roses

Ce sont les 90 ans des pépinières Georges Delbard cette année. Cette entreprise créatrice de la Rose bourbonnaise est implantée à Malicorne depuis trois générations. Interview de l’actuel dirigeant et petit-fils du fondateur Arnaud Delbard.   

Arnaud DelbardArnaud Delbard

Ce qu'il faut retenir :

  • Les pépinières Georges Delbard ont près d'un siècle. Une durabilité que le petit fils du créateur attribue a la recherche et à l'hybridation pour créer de nouvelles variétés

Pierre Gaudin : La rose Papi Delbard fait référence à votre grand-père, Georges Delbard pourquoi ce nom ?  

 Il l'a sélectionnée lui-même et il l'a choisie. C'est un très beau rosier grimpant qui a beaucoup de succès, de couleur orange abricoté avec un parfum exquis et une fleur de type ancien qui s'ouvre très à plat, qui est très, très jolie.  

Comment cultivait il les plantes ?  

L’entreprise a été créée ici à Malicorne. La famille est originaire d'ici on a retrouvé les premiers Delbard dans les années 1600 à Doyet, à trois kilomètres de Malicorne. Mes arrière-grands-parents avaient une petite exploitation d’une dizaine d’hectares en face de nos bureaux, ici, à Malicorne, et c’est sur cette exploitation que mon grand-père a commencé une pépinière.  

 Vous vous occupez aussi de commercialiser et de créer des arbres fruitiers.  

 On parle beaucoup de roses, c'est le moment, il fait beau et les roses sont en fleur. Mais la création variétale, l'amélioration variétale au sein des pépinières a commencé avec les arbres fruitiers, avec les pommes, avec les cerises, les poires. Mon grand-père a aussi créé des variétés de framboises, de cassis, de groseilles, de fraises. Un travail très important à d'abord été fait sur le fruit. C’était en 1947. Dans les années 50, le programme de création variétale de rosiers a été ajouté à ceci. Et cette appétence à la création variétale est toujours aussi importante pour le rosier et pour les arbres fruitiers, puisque nous continuons de créer des variétés d'arbres fruitiers, des pommes, des poires et des cerises.  

 Est-ce que votre activité principale, c’est justement la création de nouvelles espèces ou bien la culture et la commercialisation ?  

Ce sont deux choses qui se nourrissent l’une et l’autre. Aujourd’hui, nous sommes une pépinière, la pépinière de Georges Delbard. On est aussi une roseraie, nous faisons des plantes qui ensuite, seront vendues au grand public, à des jardiniers, mais aussi à des revendeurs en jardinerie ou à des arboriculteurs qui vont pouvoir produire des fruits. Et c'est la vision de génie qu'a eu mon grand-père, car tout le monde peut faire des plantes. Il suffit de la technologie, du savoir-faire, de bons ingénieurs, et on le fait. Cependant, ce qui est important, c'est aussi d'avoir des bonnes variétés et des variétés qui sont meilleures que celles qui existent déjà. Cela apporte de la valeur ajoutée, de la dynamique dans les gammes, nous sommes donc créateurs ou hybrideurs de rosiers, d'arbres fruitiers, pommes, poires, cerises et aussi producteurs. Nous créons nos variétés. Ensuite, la pépinière va les multiplier pour en faire plusieurs dizaines de milliers, voire centaines de milliers et les mettre à disposition du public.  

Comment fait-on pour créer un fruit ?  

Que ce soit une variété de pommes, de poires, de cerises ou un rosier, c'est la même chose. Ils font partie de la famille des rosacées. Nous jouons l'abeille. Dans une fleur de pommes ou de roses, vous avez le pistil et les étamines quand vous enlevez les pétales. Les étamines, c'est ce qu'il y a autour du pistil et c'est la partie mâle de l'organe sexuel de la fleur et le pistil au centre et la partie femelle. Ce que l'on va faire, c'est qu'on va aller prendre le pistil de variété qui nous intéresse et on va venir délicatement féconder la variété qui sera mère. Avec une autre variété qui nous intéresse aussi, parce que leurs caractéristiques sont différentes, car nous prévoyons qu’en les hybridant, elles vont apporter quelque chose de mieux que l'existant. Cette fleur va devenir un fruit, que l’on va récolter. On va trouver un certain nombre de graines à l'intérieur. Chacune de ces graines sera un individu différent. Et c’est un mélange génétique naturel puisqu’il n'y a pas d'OGM. Ensuite, on va faire pousser la plante, et la tester. Vérifier si la plante est bonne, si elle est résistante aux maladies, au gel, à la sécheresse, aux températures extrêmes, si elle est parfumée, si la pomme est goûteuse.  Ce processus de sélection dure de 7 à 9 ans. Après tout cela, nous pourrons éventuellement proposer la variété aux jardiniers et professionnels du jardin.  Pour les rosiers, on fait à peu près 70 000 variétés nouvelles par an. À la fin d’un cycle, il en reste quatre.

Pour les arbres fruitiers, les processus de sélection sont-ils tout aussi drastiques ?  

Pour les fruitiers, il nous faut 3 à 4 ans avant d’obtenir le premier fruit. Un arbre fruitier, pomme, poire, cerise, c'est entre 15 et 25 ans entre le moment où l'on hybride et le moment où une sélection peut être proposée à nos clients. Aujourd'hui, j'observe les hybridations qu'a imaginées mon père.  

En 90 ans, comment est-ce que les pépinières, les pépinières Georges Delbard ont évolué ?  

Quand mon grand-père commençait les hybridations, c'était les 30 glorieuses. Avoir des variétés nouvelles n'était pas très important. Il fallait planter, il fallait produire, il fallait nourrir la France. On plantait des vergers avec des variétés déjà existantes. Au fur et à mesure que les années sont passées, les années 80, 90... Le contexte économique était plus compliqué, donc c'est à partir de ces années-là que la création variétale nous a beaucoup aidé. La seule manière pour nous de résister en tant que pépiniéristes producteurs de plantes, c'est d'avoir de l'innovation, une plante qui a été améliorée par rapport à l'existant, donc meilleure, plus rentable, plus productive, moins sensible aux maladies cette création variétale est essentielle pour nous, c'est comme une nouvelle collection dans le vêtement.    

Est-ce que la passion des plantes vous a été transmise par votre père ? Par votre grand-père ?  

Mes parents ne m'ont jamais mis sur des rails. J’ai eu la chance de pouvoir étudier et voyager. J'ai vécu un peu aux Etats-Unis, en Angleterre. Ensuite, j'ai travaillé en Angleterre, et un peu en France, avant de me décider à venir ici. Quand j'ai goûté à cette création variétale, à la production de plantes aussi, j’ai adoré, parce que c'est aussi un acte de création, que de faire naître des plantes. C'est quelque chose qui est très puissant. Et qui donnent beaucoup de fierté et de joie.  

Est-ce que vous avez des plantes préférées parmi vos création ?  

C’est difficile …. C'est comme si vous demandiez à des parents quel est le préféré de la fratrie. C'est toujours le dernier. Aujourd’hui, les deux variétés que je trouve très belles, ce sont les deux variétés qu'on a présentées l'automne dernier. Qui sont la Bourbonnaise, Belle, résistante, et avec tout ce symbole du territoire qui est très important pour nous, et une autre variété qui s'appelle Comtesse Ligier Belair. Une variété qu'on a nommée pour rendre hommage à un très grand cru de vin en Bourgogne. Pour les fruits aujourd’hui, j'ai une préférence sur un pommier qui s’appelle Delbard Divine, qui donne des fruits très bons et très facile à faire fructifier.   

 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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