Place de la mairie. Charly Varin : « Je prends entre 15 et 20 décisions par jour »
Charly Varin est maire depuis 2014 de Percy-en-Normandie, une commune de 2 600 habitants au nord de Villedieu-Les-Poêles, mais aussi président de l'intercommunalité Villedieu Intercom, conseiller départemental et président de l'Association des maires de la Manche. L'élu aux multiples casquettes nous partage sa vision de la fonction de maire, ses surprises et ses joies.
Charly Varin a été élu maire de Percy en 2014©RCFRCF : Vous êtes maire de Percy-en-Normandie depuis 2014. Revenons à ce premier mandat de maire. La politique ne vous était pas étrangère puisque vous étiez déjà professionnellement dans ce secteur, en tant qu’assistant parlementaire et directeur de cabinet. Pensiez-vous être maire un jour ?
Charly Varin : Je n’y pensais pas forcément. C'est quelque chose qui est venu dans le prolongement de mes fonctions en tant que collaborateur d'élus. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant d'intégrer un conseil municipal pour apporter modestement un peu de mes connaissances. Et voilà, on y prend goût.
RCF : Même si vous connaissiez un peu le domaine, quelles ont été vos surprises ?
Charly Varin : La charge du quotidien. C'est-à-dire que je prends à peu près entre 15 et 20 décisions par jour qui ne sont pas toujours faciles à prendre. J'ai longtemps été collaborateur d'élus et parfois je me disais que l'élu pour lequel je travaillais ne prenait pas, selon moi, la décision assez vite ou ne savait pas trancher. Quand on se retrouve dans le costume d'élu, c'est vous qui devez décider avec les conséquences. Il m’est arrivé de signer des emprunts de plus de 4 millions d'euros pour des projets qui engagent la commune sur 20 ou 25 ans. C'est votre signature qui est en bas de la page, donc on ne peut pas dire que c'est untel si la décision est mauvaise, c'est la vôtre. C'est quand même une responsabilité et cela fait beaucoup de décisions à prendre.
RCF : Il faut accepter finalement de faire des erreurs, d’en prendre la responsabilité ?
Charly Varin : Oui, des erreurs, on en fait aussi tous les jours parce que quand vous prenez 15 ou 20 décisions, elles ne sont pas toutes bonnes. Et puis des fois vous avez les tracas du quotidien, vous avez des problèmes personnels ou d'autres soucis, mais il faut quand même être à la tâche et essayer de mener la barque à bon port, donc forcément il y a des erreurs. Alors on essaye de les atténuer quand on les constate ou de les corriger si on peut. Et puis si elles sont prouvées comme étant des erreurs, on explique aux habitants qu’on ne fait pas tout bien et qu’on est des êtres humains malgré tout.
RCF : C’est la question traditionnelle dans cette émission Place de la Mairie : quelle est votre plus grande joie dans l’exercice de votre mandat ?
Charly Varin : Ma plus grande joie, c'est de rencontrer des personnes de tout horizon. Il y a plein de temps forts dans un mandat de maire, des moments heureux et il y a aussi des moments malheureux. Il faut savoir aussi accompagner les gens quand il y a un décès, un accident, on n'est pas formé non plus à ces sujets-là. Dernièrement, j'ai fait le mariage de personnes que je connais bien et c'était un chouette moment. On a joué un petit rôle dans leur histoire personnelle, le rôle du maire qui pose la question fatidique, qui scelle une union. On a des beaux souvenirs comme ça, ou des rencontres avec des habitants qui ont des parcours exceptionnels à partager. Il faut aimer les gens et s'intéresser à leur parcours, être curieux de tout. On fait de belles expériences, qui pour certaines restent gravées.
Osez l'engagement. Vous aurez 1000 fois le retour.
RCF : L’année prochaine, il y aura des élections municipales et à l'Association des maires de France vous encouragez justement à l'engagement. Qu'auriez-vous envie de dire à quelqu'un qui hésite à s'engager dans le conseil municipal de sa commune ?
Charly Varin : Dans un conseil municipal, certains habitants disent : « Vous faites de la politique ». Non, on ne fait pas de la politique, on gère des projets, on développe un territoire. Des fois, quand je m'endors le soir, je me dis que j'ai été utile : j'ai relogé une famille qui a connu un incendie dans sa maison, qui a connu un drame, un décès, j'ai trouvé un logement pour une personne qui allait se trouver en difficulté. Quand on s'engage au niveau local, on se sent utile au-delà de toute la richesse que ça peut apporter et que j'ai développée précédemment. Donc, voilà, osez l'engagement. Vous aurez 1000 fois le retour.
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Chaque semaine une rencontre avec un élu local normand. Alors que l'abstention ne cesse de croître, que les candidats pour s’engager dans la vie de la cité se font rares et que des édiles sont pris pour cible, des élus témoignent de leur parcours, de leur quotidien et des ressorts de leur engagement.
