Pagès, le petit poucet de Haute-Loire devenu géant des infusions
Née au XIXᵉ siècle avec la célèbre Verveine du Velay, la maison Pagès a su traverser les époques et se réinventer. Installée à Espaly-Saint-Marcel depuis plus de 50 ans, l’entreprise altiligérienne conjugue savoir-faire artisanal et investissements ambitieux pour devenir l’un des acteurs les plus dynamiques du marché du thé et des infusions en France. Derrière ses 800 références et ses cadences record, une centaine de salariés font rayonner une marque emblématique du Velay bien au-delà de ses frontières.
Thomas Auriau, directeur de Pagès Thés et Infusions lors de l'inauguration de la nouvelle ligne de production @RCF Haute-Loire 2025Une marque emblématique du Velay
Fondée en 1859 par Joseph Rumillet-Charretier, la marque Pagès s’est d’abord fait un nom grâce à ses liqueurs de plante et notamment la Verveine du Velay. Fort d’un savoir-faire artisanal unique dans le domaine de l’herboristerie l’entreprise altiligérienne développe une nouvelle activité après la fin de la seconde guerre mondiale. Une division Thés et infusions qui quitte le centre-ville du Puy en Velay en 1969 pour s’installer sur les rives de la Borne à Espaly Saint Marcel. Si aujourd’hui on retrouve encore le même nom sur les bouteilles de liqueur et sur les petits sachets de plantes que vous trempez dans votre tasse, les deux marques appartiennent pourtant à des groupes différents. Les liqueurs sont la propriété du groupe Védrène (Groupe Cointreau) alors que les infusions ont intégré en 1990 la holding familiale allemande Laurens Spethmann « une entreprise familiale qui fait la même chose que nous depuis 1905 à Hambourg » précise Thomas Auriau, le directeur de la marque depuis 2020.
Aujourd’hui, une centaine de salariés travaillent sur le site des Estreys auxquels viennent s’ajouter « une dizaine de commerciaux qui sillonnent la France pour défendre la marque » explique le dirigeant, toujours enthousiaste pour évoquer l’engagement de ses équipes « ici, il y a des responsables d’achat, de production, ceux qui imaginent les produits de demain, le packaging, la comptabilité, les RH… tous contribuent à faire rayonner un savoir-faire qui a traversé les générations tout en conservant l’esprit familial et artisanal de la maison Pagès ». Une maison qui s’est considérablement développée ses dernières années faisant passer son chiffre d’affaire de 27 millions d’euros en 2020 à 41 millions en 2024.
La marque Pagès commercialise une centaine de recettes @RCF Haute-Loire 2025Un marché dynamique, une entreprise ambitieuse
Cette progression Pagès Thés & Infusions l’a construite sur plusieurs axes. Le premier est lié au boom du marché de l’infusion qui ne cesse de progresser et qui semble encore loin d’avoir atteint ses limites. Selon une étude publiée en 2025, plus de 66% des foyers français achètent du thé ou des infusions, soit plus de 44 millions de consommateurs réguliers et un chiffre d’affaire évalué à 500 millions d’euros.
Un marché que l’entreprise auvergnate grignote méthodiquement en s’appuyant sur le lancement de nouveaux produits comme les infusions à froid ou des goûts innovants avec « plus de 100 recettes différentes, 60 sous la marque Pagès et une quarantaine dédiées au réseau des magasins bio. Mais au total nous avons plus de 800 références avec les marques distributeurs et des recettes uniques qui nous appartiennent » explique Thomas Auriau pour qui « le goût est le premier levier de croissance de la catégorie thés et infusions en grande distribution. Les consommateurs veulent sortir du « pisse mémé », de la verveine classique et pouvoir chaque jour changer de boisson chaude ».

Une fois le marché développé, encore faut-il pouvoir y répondre. Et pour ça l’entreprise altiligérienne investie aussi dans son outil de production. Entre 2019 et 2025 Pagès Thés & Infusions a vu son volume progressé de près de 35% se félicite le directeur général « il a fallu modifier notre outil industriel pour gagner des lignes de production ». Une réorganisation qui débute « doucement » précise Thomas Auriau avant une accélération dès le début de l’année 2025 avec « deux nouvelles machines de productions » pour un investissement de 8 millions d’euros et une cadence de plus en plus élevée « aujourd’hui c’est 350 sachets minutes alors qu’il y a 50 ans c’était entre 30 et 40 sachets minutes. Et la nouvelle ligne permet de grimper à 7 sachets par seconde ».
"le petit poucet de Haute-Loire est la deuxième marque la plus dynamique en grande distribution"
Chaque semaine ce sont près d’un million de boites qui sortent de l’usine des Estreys « 50% de thé et 50% d’infusions » selon le dirigeant qui est fier de voir son entreprise grandir « les infusions c’est 5% de croissance annuelle en France et nous montons en force sur les marques distributeurs où nous représentons 80% du marché mais également sur Pagès car le petit poucet de Haute-Loire est la deuxième marque la plus dynamique en grande distribution ». Mais les ambitions de Thomas ne s’arrête pas là, si la capacité de production a déjà progressé de 10% ces derniers mois, il a pour objectif d’atteindre les +25% d’ici 2028 et de créer une quinzaine d’emplois locaux.


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