Santé mentale des dirigeants : agir dès les premiers signes d’épuisement
“Je n’ai pas le temps d’aller mal”, c’est un documentaire signé Charles Floc’h de l’agence FD Films à Vernon, à voir depuis le 30 novembre dernier en libre accès sur Youtube. Un documentaire qui aborde en 26 minutes le tabou du mal-être du dirigeant, ou comment, jour après jour, l'épuisement s'installe subrepticement, au point de le mettre réellement en danger. Lui, et avec lui, son entreprise.
"Je n'ai pas le temps d'aller mal" - un documentaire de Charles Floc’h FD Films - Novembre 2025 ©DRElise Hauters est une jeune quarantenaire dynamique, dirigeante de CPM industries, spécialisées dans l’Ingénierie de la Chaudronnerie - Mécanique près du Havre. Elle mène une vie à 100 à l’heure, travaille d'arrache-pied, entre sport, musique et temps de qualité avec ses proches. Suite à une lourde épreuve personnelle en 2022, elle s’effondre littéralement lors d’une séance de thérapie. “Effondrement” : un terme qu’elle préfère à celui de burn-out. Pourtant elle en convient, quelques semaines, mois avant, son corps lui avait envoyé quelques signaux d’alerte, qu’elle avait préféré ignorer.
Les injonctions à la réussite sur les réseaux
Il y a pour ces dirigeants comme pour le cyber citoyen ordinaire une injonction à aller bien, à montrer ce que l’on fait, et ce que l’on réussit surtout ! La dépendance aux algorithmes s'installe insidieusement, et pas seulement chez les jeunes. Parmi les messages qu’elle dispense en consultation, Caroline Tillete, médecin du travail chez SIST Ouest, évoque ouvertement cette nécessité de se déconnecter. ”Quand les personnes me disent qu’elles n’ont pas le temps, je leur dis toujours que si, le temps elles l’ont. Il faut juste le prendre ! Sortir dehors 30 minutes, prendre l’air, marcher, c’est indispensable pour couper pleinement avec l’environnement professionnel”. Et le médecin de rappeler ensuite quelques fondamentaux : l’importance du sport, du sommeil, de bien manger...
Quand les personnes me disent qu’elles n’ont pas le temps, je leur dis toujours que si, le temps elles l’ont. Il faut juste le prendre !
Caroline Tillette - médecin du travail
Ré-intégrer la dimension du cœur
Le réalisateur Charles Floc’h a interrogé Nicolas d’Hueppe, brillant chef d’entreprise qui, en 2021, subit un accident cardiaque. Son cœur s'arrête 53 longues minutes. Il s’en sortira miraculeusement, avant de réapprendre les moindres gestes du quotidien pour reconquérir son autonomie. Depuis, il a totalement repensé sa manière de vivre et de travailler. Pour lui, le cœur n’est pas simplement cette pompe vitale, mais, et peut-être surtout, l’espace des émotions, du ressenti. Une dimension d’eux-mêmes dont se coupent trop souvent les dirigeants, alors qu’elle doit pouvoir exister, aux côtés des autres dimensions de leur être.
Quant à Elise, si aujourd'hui elle a retrouvé l’élan, elle reste encore prudente et n’a pas encore repris son activité à plein temps. De cet effondrement, elle retient une leçon : apprendre à ralentir...


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