Avec les ânes, apprendre à ralentir : immersion à la Flânerie d’Esquelbecq
La Flânerie d’Esquelbecq (Nord) a accueilli fin novembre 2025 le rassemblement annuel de la Fédération nationale Ânes et Randonnées. Dans le prolongement de l’évènement, rencontre avec l’ânière Béatrice Debeugny, de l'association la Flânerie. Elle nous partage sa vision du métier et les vertus de randonner avec un âne pour mieux se reconnecter à la nature et à soi-même.
Béatrice Debeugny de la Flânerie d'Esquelbecq Crédit Anne Henry RCF Hauts de FranceÀ la Flânerie d’Esquelbecq, le sol est encore boueux des pluies automnales. Une dizaine d’ânes se promènent tranquillement, en période de repos. Ils se laissent approcher, cherchent le contact, distribuent volontiers quelques câlins. Ici, le temps semble ralentir. Cette année, la naissance de Perle, une ânesse de la race du grand noir du Berry, a marqué la saison. Une race française menacée, que Béatrice est fière de contribuer à préserver. «Je laisse la mère faire l’éducation. On n’intervient que bien plus tard, quand l’âne est prêt, vers cinq ou six ans, pour l’apprentissage de la randonnée.»
Un réseau en quête de notoriété
C’est dans ce décor que s’est tenu, fin novembre, le rassemblement annuel de la Fédération nationale Ânes et Randonnées (FNAR). Des âniers venus de toute la France se sont retrouvés pour échanger autour de leurs pratiques. Tous les membres respectent la charte qualité “Ânes et Randonnées”, qui encadre strictement les pratiques : bien-être animal, itinéraires adaptés, respect du rythme de l’âne, formation des randonneurs. Avant chaque départ, des consignes de sécurité sont données. «Si un âne ne va pas bien, il n’avancera pas», rappelle Béatrice Debeugny, fondatrice de la Flânerie d’Esquelbecq.
Béatrice parle de ses ânes avec enthousiasme. Passionnée, elle gère cette structure associative depuis 33 ans, sans objectif de rentabilité. «Je ne veux pas que ça devienne un outil commercial», explique-t-elle. Ici, l’âne n’est pas un produit, mais un compagnon de route.
A travers ce réseau,
on travaille avec des personnes de conviction, qui aiment cet animal et qui veulent le faire redécouvrir.
Un choix assumé, mais qui représente aussi un défi : se faire connaître sans céder à la logique marchande. «Pendant l’assemblée générale, on s’est dit qu’il fallait encore gagner en visibilité».
Un retour à la nature
Promouvoir la randonnée avec un âne n’est en effet pas simple car c’est l’âne qui impose sa cadence. «On dit souvent qu’il est têtu, mais c’est surtout parce qu’on veut tout faire vite», sourit Béatrice. «Lui, il prend son temps». Animal doux, tranquille et parfois farceur, l’âne est aussi très curieux et proche de l’humain. En randonnée, il porte les bagages, répartis équitablement de chaque côté, pendant que les marcheurs découvrent autrement les chemins et le patrimoine local.
Ces balades, ce sont des reconnexions avec nous-même, avec la nature. C’est un retour au source, un apaisement et des rencontres.
La balade avec un âne s’adresse à tous : familles, débutants, personnes à mobilité réduite grâce à un matériel adapté. Au fil de l’année, la Flânerie propose aussi des balades en calèche et de la médiation asine. Chaque jeudi matin, un groupe d’adolescents autistes vient ainsi rencontrer les ânes.
Un retour à soi
Son attachement à ce métier est aussi lié à son histoire personnelle. Béatrice évoque Julo, son premier âne :
J’avais des problèmes de santé, je boitais. Lui avait peur des humains, car il avait été battu. En m’occupant de lui, j’ai oublié mes propres difficultés et j’ai réappris à marcher.
«Aujourd’hui, apprendre à prendre le temps peut sembler anachronique dans notre société», conclut Béatrice. Pourtant, au rythme des ânes, c’est peut-être une nécessité.
=> Pour aller plus loin, retrouvez le podcast Commune Planète Hauts de France «Randonner avec un âne pour se reconnecter avec la nature »
=> Pour accéder à tous les podcasts Commune Planète Hauts de France, consacrés à l’actualité écologique de la région


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