Thierry Poyet " Il faut tuer Wolfang Müller " ( Ramsay )
Pourquoi un octogénaire vient-il poignarder un homme plus âgé que lui dans sa chambre d'Ehpad ? Pourquoi la jeune journaliste Julienne Bancel s'entête-t-elle à croire complice des horreurs nazies un vieil Allemand naturalisé français depuis des décennies ? Comment le grand-père et sa petite-fille se retrouvent-ils complices pour rendre la justice à leur manière ? Quand il n'est pas possible d'oublier, oser le pire au nom du bien reste le dernier projet commun face au silence et aux mensonges.
Chronique de Jacques Plaine
Né à Saint-Étienne, Thierry Poyet, universitaire spécialiste de l’œuvre de Flaubert est auteur de nombreux essais et articles consacrés à la littérature du XIXe siècle. Pour « La petite Stéphanoise » il a reçu en 2019 le « Coup de cœur » du prix Claude Fauriel.
Une vie sexuelle flamboyante, une vie de couple à la ramasse, Julienne Bancel - « jolie brune, piquante et souriante » - est journaliste à la Dépêche du Centre.
Automne 2011. Après avoir reçu de son rédacteur en chef carte blanche pour réaliser le portrait d’un ancien ouvrier de Michelin ayant connu un parcours insolite, après avoir hésité entre un ancien curé défroqué devenu père de famille, une transsexuelle qui ne sait quel froc enfiler et un jeune rugbyman trop accro aux pétards pour faire carrière dans le ballon ovale, elle opte pour un ancien prisonnier allemand : Wolfgang Müller resté dans le groupe Michelin une fois rendu à la vie civile. Curieusement l’article qu’elle écrit sur ce drôle de citoyen âgé aujourd’hui de quatre-vingt-dix ans et pensionnaire sans histoires de l’Ehpad Les Jours tranquilles, reste dans les tiroirs du journal.
Février 2012. Alors qu’il prévoit pour ce quotidien une série d’articles sur la seconde guerre mondiale, ce même rédacteur en chef lui donne une nouvelle chance. Et la voilà pour la deuxième fois dans les pas de Wolfgang Müller. Bien vu par la directrice de l’Ehpad, Wolfgang n’en a pas moins vécu - aux belles heures du nazisme - un parcours pour le moins inquiétant : Ancien soldat de la Wehrmacht, auteur de commentaires ambigus sur le massacre du village de Lidice « l’Oradour-sur-Glane » Tchèque, victime de coups de sang inexplicables lorsqu’on aborde certains épisodes de sa vie, étrangement silencieux sur d’autres périodes de son histoire, prof à Paris plutôt qu’à Berlin, cachant une boîte à chaussures remplie de drôles de photos en haut d’une armoire, il sera pour Julienne une terre inconnue, pleine de drames et de mystères. Plus elle creusera, plus son parcours lui semblera suspect. Et puis un jour, un jour où – toujours heureuse de mettre le souk dans les dîners de famille – elle aura fait plus fort que d’habitude, son Papi Zac prendra un couteau de cuisine, le tram, et sonnera à la porte des Jours tranquilles.
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