Michèle Verdelhan, une femme à la tête de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier
En 2025, Michèle Verdelhan devient présidente générale de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Une femme à la tête de cette institution tricentenaire, c’est encore rare. Est-ce une révolution, une évolution ou le fruit d’une lente maturation ? Enseignante, chercheuse et engagée, elle nous éclaire sur son parcours et sur la place des femmes au sein de cette vénérable institution.
© Archives départementales de l'HéraultUne universitaire passionnée et enracinée
"Je me définirais d’abord comme prof", sourit Michèle Verdelhan. Fille d’instituteurs aveyronnais, elle a consacré l’essentiel de sa vie à l’enseignement sous toutes ses formes : collège, lycée, école normale, université et formation des enseignants. Sa carrière s’est articulée autour de trois volets complémentaires : l’enseignement, la recherche et l’administration universitaire.
Spécialiste de la didactique de la langue, elle a mené des travaux sur l’enseignement du français en France, à l’étranger et en contexte de langue seconde, notamment en Afrique. Ses recherches ont donné naissance à des méthodes pédagogiques, des ouvrages théoriques et de nombreux manuels scolaires diffusés dans plusieurs pays. "À quoi bon avoir des idées si on ne les valide pas sur le terrain ?", explique-t-elle. Sa démarche, profondément ancrée dans la pratique, visait à aider enseignants et apprenants à mieux transmettre et recevoir la langue.
L’enracinement occitan, la diversité linguistique et la musique occupent une place importante dans son parcours. "Je me suis toujours refusée à gommer mon accent du Midi. Pour tout linguiste, chaque parler a un accent. La diversité est une richesse."
Une lente ouverture aux femmes dans l’histoire de l’Académie
Fondée en 1706, l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier n’a admis aucune femme pendant plus de deux siècles. Entre 1706 et 1916, on compte 735 hommes et… 0 femme. C’est la section des lettres qui, au début du XXe siècle, initie une première brèche en demandant l’ouverture aux femmes, un débat houleux à l’époque. Finalement, en 1916, Marie-Agnès Reynès-Monlaur, autrice de littérature chrétienne, devient la première académicienne. Suivent Jeanne-Yves Burgues-Blanc en 1935 et Eugénie Fabrèges en 1940, figures littéraires et intellectuelles majeures de la région.
Jeanne Galzy, écrivaine montpelliéraine à laquelle Michèle Verdelhan a consacré des travaux, incarne ensuite une figure marquante du XXe siècle. Un colloque de l’Académie leur sera d’ailleurs consacré en novembre prochain.
Des progrès récents mais encore fragiles
Les femmes restent aujourd’hui minoritaires à l’Académie, même si la situation évolue lentement. Elles sont actuellement cinq en section Lettres, deux en Sciences et deux en Médecine. La première femme élue en section Sciences date de 1975, la première en Médecine de 1982. "Les choses bougent depuis une vingtaine d’années, mais nous sommes encore loin d’une représentation satisfaisante", souligne Michèle Verdelhan. "Il nous faut continuer à soutenir la présence des femmes et à valoriser leurs qualités."
Une présidence symbole d’évolution
La nomination de Michèle Verdelhan à la présidence générale en 2025 marque une étape importante. Plus qu’un symbole, c’est une reconnaissance de son expertise et de son engagement dans le monde académique. Elle incarne une évolution lente mais réelle : celle d’une institution qui s’ouvre peu à peu à la diversité des parcours et des voix.


En partenariat avec l’Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier, cette émission donne chaque mois la parole à un conférencier venu partager, résumer et rendre accessible le cœur de son intervention au sein de l’Académie.
