Accueil
Mathilde Beaussault - Les saules

Mathilde Beaussault - Les saules

Un article rédigé par Vandeventer Edouard - RCF Saint-Étienne, le 21 septembre 2025 - Modifié le 24 septembre 2025
A plus d'un titreMathilde Beaussault - Les saules

Aussi âpre que bouleversante,
une histoire de liberté et de meurtre,
de silence et d'amitié,
au cœur d'un hameau breton.

Mathilde Beaussault - Les saulesMathilde Beaussault - Les saules

Allongée au bord de la rivière, cachée par les saules pleureurs, Marie, dix-sept ans, semble paisible, endormie, ce que démentent les marques sombres sur son cou.
Sa mort brutale ébranle toute la communauté, et surtout Marguerite, une petite fille solitaire que tous croient simple d'esprit. Ses parents, peu enclins à manifester leur affection, travaillent leur terre du matin au soir. Livrée à elle-même, maltraitée à l'école, elle aime se réfugier au bord de la rivière, où elle se sent en sécurité sous les saules.

Chronique de Jacques Plaine

Mathilde Beaussault – Les Saules –Seuil – 19€90
Née en Bretagne, professeur de français et fille d’agriculteurs, Mathilde Beaussault est finaliste du Prix Exbrayat 2025. Avec ce roman, son premier roman.
C’est Marguerite qui l’a vue la première.
Marguerite une gamine plus sale que la moyenne, toujours à suçoter le bout de son pull et que « d’aucuns cataloguent au rayon des débiles ». Marguerite qui a des difficultés à mettre des mots sur les images de la vie qui va et qu’elle a du mal à faire entrer dans sa petite tête.
Et puis un jour, devant papa et maman elle a parlé avec tata Jeannine
- J’ai vu Marie dans la coulée
- Marie ? C’est bien la fille des pharmaciens ? Et tu joues avec Marie ?
- Elle joue pas
- Parce qu’elle est trop grande maintenant !
- Non, parce qu’elle est morte.
Le père qui gueule plus qu’il ne parle quand il est entre deux vins et encore plus quand il est entre quatre, a hurlé que lui aussi avait vu Marie, mais a juré qu’il n’était pas question d’aller voir les gendarmes.
Ensuite ? Ensuite deux pécheurs l’ont vue aussi et toute la commune est descendue dans cette sacrée coulée. Et tous ont découvert Marie. Marie morte le nez dans l’eau et sa belle robe rouge par-dessus la tête. Marie, dix-sept ans. Une « Marie-couche-toi-là » disent les mauvaises langues et même les autres vu que tous les jeunes du village …un jour ou l’autre…oui un jour ou l’autre ont su « qu’elle n’avait de vierge que le prénom de laMadone ».
Marie « qui mâchait son chewing-gum mais pas ses mots ». Marie qui aimait bien Marguerite et la défendait quand tous au pays lui polluaient la vie et lui   pompaient l’air et le peu de bonheur qui va autour.
Ensuite le capitaine des gendarmes les a tous convoqués, les jeunes et les moins jeunes, les vieux aussi. Et tous ont raconté à leur façon, avec leurs mots et leur parlure, leurs souvenirs des grandes heures du village. Les soirées Baby-foot et celle d’un fameux 14 juillet, les saloperies qu’ils se sont faites, qu’ils se font et se feront encore et toujours. Le pharmacien a parlé, sa femme a essayé aussi mais la pauvre « avec tous les médocs qu’elle prend, elle est souvent à côté de ses pompes ». Même Paulette, leur femme de ménage, a raconté – sans la
permission de son Jean-Luc - ce qu’elle avait vu sous le lit.
Et Marguerite ? « Marguerite, petite chouette effrayée » à l’œil de lynx. Marguerite, qui comme dit sa mère « ne parle pas beaucoup, mais ne parle jamais pour rien dire ou pour mentir ». Marguerite aussi a parlé.
Vendredi 19 septembre à 18 h et à la Mairie de Rochetaillée, enregistrement public sur
RCF de l’émission « A plus d’un titre » avec Mathilde Beaussault. Après l’émission
repas suivi d’une lecture aux flambeaux au Château.

Lecture à Rochetaillée
RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A plus d'un titre
RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.