Chaque année, durant le week-end de la Trinité, la ville de Mons vit au rythme du Doudou, une tradition inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité à l'UNESCO depuis 2005. Entre légende médiévale, ferveur populaire et procession religieuse, cette fête unique témoigne d’une mémoire vivante où se rejoignent foi et histoire.
À Mons, le Doudou, ce n’est pas une peluche, mais un week-end de fête qu'aucun habitant ne se doit de manquer. À la fois fête spirituelle et populaire, le Doudou continue d'attirer depuis le monde entier. Elle a lieu chaque année durant le week-end de la Trinité, cette année donc du 14 et 15 juin 2025. Le Doudou fêtera cette année le 20ème anniversaire de son inscription au patrimoine immatériel de l'UNESCO, mais aussi la dernière édition aux commandes de Joëlle Wattier, Réalisatrice Générale du Lumeçon.
Cette tradition multiséculaire comporte aujourd'hui quatre moments forts. Tout d'abord, le samedi soir, la descente de la châsse des reliques de Sainte Waudru, habituellement suspendue dans le chœur de la collégiale, marque le début du Doudou. Véritable point de rencontre entre la ville et la paroisse, les autorités ecclésiastiques confient le reliquaire aux autorités civiles communales pour le temps de la ducasse en présence de différents groupes folkloriques participants au cortège du lendemain.
Le dimanche matin, la Procession du Car d’Or anime les rues de la ville de Mons. Les reliques de Sainte Waudru sont portées par le fameux Car d’Or, charriot doré à la feuille et tiré par six chevaux. Au son des cloches et des chants, le reliquaire de sainte Waudru, patronne de la ville, sont portées à travers les rues, accompagné de nombreuses confréries folkloriques en costumes d'époque. Le point d'orgue de cette procession est évidemment la montée du Car d'Or, où les reliques doivent remonter la Rampe Sainte Waudru, jouxtant la collégiale. Tirée par les chevaux et poussée par les montois, réunis en grand nombre, le Car d'Or doit remonter d'une seule traite la rue raide. Si elle n'y arrive pas, la tradition annonce un mauvais présage pour la ville de Mons.
Le dimanche après-midi se déroule le Lumeçon, moment central et spectaculaire du Doudou. Sur la Grand-Place de Mons, transformée pour l'occasion en véritable arène, se joue le combat symbolique opposant Saint Georges au dragon. Ce rituel, transmis de génération en génération, suit une chorégraphie codifiée. Saint Georges, monté sur son cheval blanc, évolue au centre de la place, armé de sa lance et protégé par ses assistants appelés les « chin-chins ». Face à lui, le dragon, immense créature de bois et de tissu, d’une dizaine de mètres de long, est animé par les « hommes blancs » qui lui donnent vie. Autour, les « diables », vêtus de rouge et armés de vessies de porc gonflées, viennent perturber le combat en bousculant Saint Georges et ses aides, tandis que les « hommes de feuilles » protègent le dragon.
Tout autour de la scène, le public participe activement, massé derrière une corde de protection. Beaucoup tentent d’arracher les crins fixés à la queue du dragon, précieux porte-bonheur recherchés chaque année. Le combat, scandé par la musique traditionnelle du Doudou, se déroule selon un enchaînement précis, alternant attaques, défenses et interventions des différents protagonistes. Saint Georges effectue ses déplacements dans le sens des aiguilles d’une montre, symbole de l’ordre et de la lumière, tandis que le dragon tourne en sens inverse, représentant le désordre et les forces du mal.
Après plusieurs passes, l’affrontement s’achève par le tir final : Saint Georges, dégainant son pistolet, abat symboliquement le dragon, marquant ainsi la victoire du bien sur le mal. Tandis que les cloches de la collégiale sonnent à toute volée, la foule acclame cette victoire séculaire rejouée chaque année.
Après les journées de la ducasse vient enfin le temps de refermer le cycle liturgique et traditionnel. Le dimanche soir, la châsse est remontée dans son écrin suspendu au-dessus du maître-autel de la collégiale. Cette cérémonie de la remontée de la châsse se déroule dans une atmosphère plus recueillie, en présence des Montois, des autorités et des différents acteurs du Doudou. Elle marque symboliquement la fin de la ducasse et le retour des reliques à leur place habituelle, jusqu’à l’année suivante.
Les origines du Doudou remontent au Moyen Âge. Selon la tradition, cette procession annuelle est en l’honneur de Ste Waudru, qui aurait sauvé la ville de la peste. Au départ intégré dans cette procession, une confrérie à Saint Georges y joue un Mystère, théâtre religieux du Moyen Âge, représentant le combat contre le dragon. Ce jeu de Saint Georges, nourri par les légendes locales, va prendre de plus en plus de place jusqu'à y être retiré par l'édit des kermesses promulgué par l'empereur d'Autriche. Le combat du dragon reviendra ensuite en trouvant son propre espace et son propre public, jusqu’à devenir aujourd’hui le célèbre Lumeçon qui se déroule l’après-midi sur la Grand-Place, distinct de la procession du matin.
Les racines locales racontent qu’un croisé montois, Gilles de Chin, aurait rapporté de ses campagnes une tête de dragon, en réalité une tête de crocodile du Nil. Il racontait aussi ses combats avec des dragons, notamment dans les marais de Wasmes, à quelques kilomètres de Mons. La légende, noyée dans de nombreux mythes autour de combats de Saint-Georges et du dragon lors du moyen-Age, aurait alors perduré jusqu'à aujourd'hui, ancrés dans des éléments de la réalité nourris par l'imaginaire.
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