Jean-Raphaël Fernandez est bâtonnier du barreau de Marseille. C’est-à-dire le porte-parole de tous les avocats qui exercent dans la cité phocéenne. Un mandat qu'il met au service de la défense du secret professionnel des avocats, aujourd'hui menacé selon lui, du métier d'avocat dans une ville comme Marseille ou encore des transformations de la profession.
« Représenter et protéger les avocats », c’est ainsi que Jean-Raphaël Fernandez, bâtonnier du barreau de Marseille, évoque le rôle qu’il a à jouer depuis quelques mois. Un rôle qui revêt une importance particulière dans le cadre de la réforme aujourd’hui défendue par le Garde des Sceaux et qui, selon Jean-Raphaël Fernandez, menace le secret professionnel :
C’est un secret qui bénéficie aux citoyens et qui doit être préservé dans le cadre de l’Etat de droit
« La puissance publique peut faire beaucoup de chose pour défendre l’intérêt général mais doit aussi respecter la prééminence du droit. Il faut être très prudent car si la loi avance sur ce point, on ne reviendra plus dessus ensuite. Le texte n’est pas clair, il est mal rédigé, il va donner lieu à d’innombrables contentieux. »
En plus de prendre la parole sur ces sujets nationaux, le bâtonnier porte un regard enthousiaste sur la profession d’avocat à Marseille : « C’est une ville avec les plus grandes richesses et les plus grandes pauvretés. Nous sommes aux côtés de ceux qui vivent dans des situations de grande précarité » rappelle celui qui, chaque jour, désigne 50 avocats qui vont accompagner gratuitement les personnes plus démunies.
C’est aussi aux côtés des entrepreneurs que doivent se tenir les avocats, dans le cadre de la relance économique : une convention vient justement d’être signée entre la CCI d’Aix-Marseille-Provence et le barreau de Marseille.
« La dimension relationnelle de notre métier reste essentielle, même si les mises à distance à cause de la pandémie n’ont pas facilité le contact physique. On ne remplacera jamais ce contact direct, même si nous devons aujourd’hui davantage travailler avec l’appui du numérique. » Quant aux nouvelles approches dites plus humaines comme la médiation, « cela n’existait pas avant et ça manquait. Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut chercher à l’imposer à tous les cas. Dans certaines situations, la médiation ne remplacera jamais le rôle du juge qui doit trancher. »
Cette dimension humaine, Jean-Raphaël Fernandez la vit aussi en accompagnant les avocats eux-mêmes, qui peuvent se trouver confrontés à des problèmes économiques ou de santé. Les encourager aussi à tenir bon, dans un contexte où la justice française est en grande fragilité : « Nous n’avons pas assez de magistrats, de greffiers, de salles d’audience, pas assez de moyens économiques. Pourtant,
plus une société se cherche, comme la nôtre aujourd’hui, et plus elle a besoin de justice.
Si on n’apporte pas aux citoyens une réponse juste, fiable et rapide, il cherchera à se faire justice lui-même. Mais certains politiques semblent avoir peur de donner trop de pouvoirs à la justice : c’est bien dommage. »
Pas question pour autant de décourager les jeunes générations à s’engager dans cette profession : « Je ne connais pas un métier qui comble autant. Même si rédiger ou plaider est aujourd’hui plus difficile, même si l’arsenal législatif est plus dur à suivre car il change en permanence, l’avocat c’est le défenseur, le conseiller, c’est aussi un chef d’entreprise avec tout ce que ça implique de gestion, de ressources humaines. C’est un métier exceptionnel. »
D’où l’envie aussi de soutenir ce métier d’avocat même à l’étranger : Jean-Raphaël Fernandez revient du Liban où il a signé une convention de jumelage avec le barreau de Beyrouth dans un contexte libanais extrêmement difficile. « Le Liban et Marseille, c’est la Méditerranée, nous voulons travailler aux côtés de nos confrères libanais pour qu’ils puissent, dans le contexte qui est le leur aujourd’hui, continuer de faire vivre la justice dans leur pays. »
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