Guy Roger "Inaccessible Merckx"

La chronique de Jacques Plaine

GUY ROGER
Inaccessible Merckx
Solar

Guy Roger, journaliste, ancien grand reporter à L’Équipe a 
obtenu le prix Louis Nucéra 2021 pour « Bernal et les fils 
de la Cordillère ».
« Dis papa, qui c’est ce Merckx dont tout le monde parle ? » 
demande la petite fille.
« C’est un Monsieur qui ne laisse rien à manger aux autres ». 
« Alors c’est un cannibale » conclura la gamine. 
Ainsi est née la légende. 
La légende de celui qui a gagné 5 tours de France, 5 tours 
d’Italie, 1 tour d’Espagne 7 Milan San Remo, 5 Liège 
Bastogne-Liège, 3 Paris-Roubaix, 2 tours des Flandres, 2 
tours de Lombardie et qui fut 3 fois champion du monde.
Au total 525 victoires en quatorze ans, palmarès auquel il faut 
ajouter un record du monde. Celui de l’heure.
Guy Roger raconte ces quatorze années d’un champion hors 
normes qui de 1965 à 1977 courut en moyenne 130 courses 
par an avec la volonté farouche, forcenée, furieuse de passer 
la ligne d’arrivée le premier et de ne laisser aux autres que le plaisir d’admirer sa roue arrière. 
« On fait des cadeaux à Noël, pas dans une course cycliste » assènera-t-il à un journaliste qui 
s’étonnait de cette boulimie de victoires.
En ce temps-là entre courses en ligne ou contre la montre, critériums, six jours ou américaines, 
les coureurs sillonnaient l’Europe en voiture, en train ou en avion du premier janvier au trente et 
un décembre. Et pour faire quoi ? Pour une fois sur trois voir Merckx monter sur la plus haute 
marche du podium, recevoir le bouquet, les honneurs et embrasser la Miss.
Guy Roger raconte, mais surtout donne la parole à tous ces coureurs nés au mauvais moment 
et à qui Merckx a pourri la vie. 14 ans pendant lesquels il a écrasé le monde de la bécane de 
son insolente domination et où ses jambes de feu l’ont fait détester par tous les pelotons du 
monde. Quatre-vingt deux ouvrages en français, cent et plus en néerlandais ont célébré cette 
incroyable odyssée.
Guy Roger, lui, a apporté une autre eau aux moulins à paroles. Il est allé à la rencontre de tous 
ces champions, leur a fait expliquer comment ils se sont fait dévorer, mais aussi comment 
parfois ils ont trouvé le courage, les ressources et aussi la faille pour passer devant.
« Eddy Merckx a pris le départ du Tour de France sept fois. Il en a gagné cinq, j’ai remporté les 
deux autres » pourra même fièrement écrire Bernard Thévenet » dans sa préface.