À l'abbaye de Daoulas, on retrace l'histoire des îles
De juin à novembre, l'abbaye de Daoulas dans le Finistère met les îles à l'honneur. Le département est le recordman du nombre d'îles en France, ces morceaux de terre qui tantôt font rêver, tantôt hantent ceux qui y sont emprisonnés et ont toujours inspiré l'Homme. Pour en parler, Simon Tatreaux reçoit Edith Joseph, commissaire de l'exposition.
À Daoulas, l'abbaye met les îles à l'honneur © Chemins du Patrimoine FinistèreOn compte environ 1000 îles et îlots au large des côtes bretonnes, représentant 70% des entittés insulaires de France métropolitaine. Certaines sont habitées, à l'instar de Belle-Île-en-Mer, et nombre d'îlots sont laissés sauvages. Rien de plus normal donc que l'abbaye de Daoulas dans le Finistère consacre une expostion aux îles. Intitulée sobrement "Île{s}", l'exposition s'intéresse aux rapports entre l'Homme et les insularités. Édith Joseph est commissaire de l'exposition.
Les îles, révélatrices de la diversité anthropologique
Souvent, on imagine les îles comme des entités parfaitement isolées, perdues au milieu de la mer immense et particulièrement difficile d'accès. Pour autant l'exposition à l'abbaye de Daoulas nous invité à revoir ce préjugé hérité en partie de la période humaniste et de la fameuse Utopie de Thomas More. "Île{s}" encourage à voir les différentes terres insulaires comme un réseau. "Lors de la première mondialisation au XVIe siècle s'est développé tout un réseau d'îles en ligne, notamment pour ce qu'on appelle communément la traite négrière. Les îles vont jouer immédiatement un rôle très important dans ce commerce triangulaire, puisque la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion vont servir de lieux de relâche pour transporter les populations et les échanger contre des marchandises." Les îles servent donc de relais commerciaux mais permettent aussi le développement de cultures souvent uniques. L'exposition met en avant des fabrications d'île de tout horizon. "On est parfois tout à fait proche de nous puisqu'on a des pièces qui viennent des écomusées de l'Île de Groix, de l'Île de Ouessant, de l'Île de Sein, mais on a aussi des pièces qui nous viennent du musée du Quai Branly pour représenter aussi toutes ces pratiques dans les îles extra-européennes, que ce soit les îles françaises de Polynésie, mais aussi toutes les îles de Mélanésie ou de Micronésie, où on a des pratiques très particulières."
Des îles prison
L'actualité récente renvoie toutefois aussi à l'idée d'ile prison. Les îles sont "le premier lieu d'arrivage pour les migrants quand on est en Méditerranée que ce soit au large de la Grèce ou de l'Italie et on a choisi de montrer ça notamment au travers de reportages photographiques" précise Édith Joseph. Avant encore, les bagnes étaient aussi installés sur les îles les plus éloignées possibles de l'Hexagone, à l'image de Cayenne de la Nouvelle Calédonie et les criminels anglais étaient transférés en Australie, au plus loin de Buckingham Palace. L'exposition à l'abbaye de Doualas est montée en partenariat avec le Musée de la Corse à Corté. Impossible donc de passer à côité des îles d'Elbe et de Sainte Hélène qui ont accueilli Napoléon, renvoyant les îles à leur "isola".
Pour découvrir plus en profondeur l'exposition, rendez-vous dans le Finistère à l'abbaye de Daoulas du jusqu'au 30 novembre.


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