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Diplomatie : quand Evian et Aix-les-Bains tentent de faire bouger les lignes à l'international...

Diplomatie : quand Evian et Aix-les-Bains tentent de faire bouger les lignes à l'international...

Un article rédigé par Élodie Fayard - RCF Savoie-Mont-Blanc, le 22 octobre 2025 - Modifié le 24 octobre 2025
Journal Local · RCF Savoie Mont-BlancEdition du mardi 21 octobre 2025 à 09h01

Alors qu’Évian-les-Bains se prépare à accueillir le sommet du G7 en juin 2026, portons un regard historique sur les liens noués entre les diplomates du monde entier et les deux villes d’eau emblématiques des deux Savoie, Évian et Aix-les-Bains. Toutes deux se sont construites et développées grâce à l’accueil d’une clientèle de prestige. Alors que reste-t-il de cet héritage diplomatique et quelles retombées touristiques de grands sommets géopolitiques pour les pays de Savoie ?

©Norbert Aepli©Norbert Aepli

Les 16 et 17 octobre dernier, la société d'art et d'histoire d'Aix-les-Bains tenait un colloque intitulé "Pour une histoire renouvelée du tourisme entre lacs et montagnes". L'occasion de revenir sur les liens entretenus par nos villes d'eaux Aix et Évian avec la diplomatie internationale, tout en s'interrogeant sur les retombées touristiques de tels événements. Une plongée dans l'histoire, depuis la fin du XIXe siècle à nos jours était proposée par l'historienne, maître de conférence en histoire contemporaine à l'université Savoie Mont Blanc, Anne-Sophie Nardelli-Malgrand. 

Des sommets historiques

Les deux villes partagent une identité thermale, une dimension internationale de leur tourisme mais aussi l'accueil de sommets diplomatiques. "Sur Aix on recense plutôt des rencontres bilatérales entre deux dirigeants : des rencontres officieuses entre Français et Russes en 1892, la rencontre entre  le Français Millerand et l'Italien Giolitti en 1920, pour parler des traités de paix de la Première Guerre mondiale, mais aussi des sommets internationaux mais pas à un niveau de dirigeants très élevés. On peut citer le congrès de la fédération mondiale des villes jumelées en 1957. À Évian, la tradition de sommets diplomatiques et plus importante : que ce soit la conférence d'Évian en 1938, sur les réfugiés juifs allemands et autrichiens; les négociations d'Évian entre la France et le FLN, dans le contexte de la guerre d'Algérie en 1961-1962; la rencontre entre Mitterrand et Helmut Kohl en 1988, celle des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sur la Serbie et le Kosovo en 2000, et bien sûr le G8 en 2003, avant le G7 annoncé pour juin 2026", énumère-t-elle. 

Une concurrence jusqu'aux années 60

Très similaires dans leur communication touristique, les deux villes ont été en concurrence pour attirer l'élite et proposer des rendez-vous "selects", jusqu'en 1960. "Les stratégies ont divergé. Aix-les-Bains tient toujours à donner à son tourisme une dimension internationale. Mais ce tourisme reste basé sur les thermes et le bien-être, là où Évian-les-Bains s'affirme, depuis la fin des années 1980, comme un lieu de rencontres diplomatiques", développe l'historienne. Cette dimension internationale a fertilisé l'appareil touristique des deux villes. "Dans nos sensibilités contemporaines, l'international est important. C'est le gage d'une ouverture sur le monde. Les villes qui arrivent à montrer qu'elles sont facteurs d'échanges internationaux peuvent tirer leur épingle du jeu de l'économie touristique", poursuit-elle.

 

Lieu vampirisé par les personnalités

Mais ces retombées touristiques n'adviennent que dans une seconde phase. Le temps du congrès diplomatique étant dominé par les personnalités accueillies. "Dans l'iconographie qui subsiste de ces rencontres diplomatiques, on voit les hommes d'État, mais dans des cadres photographiques toujours très resserrés. Il ne s'agit alors pas de représenter l'environnement dans lequel ils s'expriment. La diplomatie se situe dans des lieux abstraits car elle s'incarne avant tout dans les dirigeants qui représentent leurs États respectifs. C'est cela que l'iconographie cherche avant tout à mettre en avant", soulève Anne-Sophie Nardelli-Malgrand. Autre retombée évoquée par l'historienne, celle de la construction d'infrastructures hôtelières de standing capables de répondre aux exigences techniques de tels sommets diplomatiques.

 

© Le Journal Local (RCF Savoie-Mont-Blanc)
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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