Richard Gotainer, l’art de faire danser les mots à Namur

Richard Gotainer n’a pas l’habitude de s’attarder dans les villes où il se produit. Mais cette fois, deux dates consécutives à Namur lui ont offert le luxe de flâner. L’artiste s’est laissé happer par l’ambiance de la cité mosane, arpentant les rues du centre-ville, découvrant ce qu’il appelle avec humour « les Champs-Élysées de Namur » et se faufilant dans le marché de Noël, entre les odeurs de tartiflette et les volutes de vin chaud.

Séduit par l’architecture, la citadelle et l’atmosphère chaleureuse, Gotainer n’a pas caché son affection pour la Belgique et ses habitants. « J’aime les Belges qui s’assument dans leur belgitude », confie-t-il avec malice. Un attachement ancien, presque affectif.

Une relation privilégiée avec le public belge

Cette complicité ne date pas d’hier. « Je me sens très à l’aise avec le public belge », explique l’artiste. À ses débuts, c’est en Belgique qu’il venait tester ses premières créations, trouvant là un public curieux, bienveillant et stimulant. Aujourd’hui encore, il le dit sans détour : partout où on l’invitera en Belgique, il répondra présent.

Créateur infatigable, Gotainer n’a jamais cessé de surprendre. De Le Youki à Primitif, de Belle des champs à O Vous, il a bâti une œuvre singulière, oscillant entre humour décalé et finesse poétique. Il y a quelques années encore, il s’offrait une comédie musicale solo en alexandrins modernes, La goutte au pépère, où il incarnait à lui seul neuf personnages. Une preuve de plus de son goût pour l’expérimentation ! 

« Gotainer ramène sa phrase », un spectacle résolument audacieux

Avec « Gotainer ramène sa phrase », l’artiste propose une formule nouvelle. Sur scène, il ne chante presque plus. Il dit. Il interprète. Il joue une vingtaine de textes, célèbres ou plus confidentiels, débarrassés de leurs mélodies d’origine pour en faire surgir la musique intérieure : celle du rythme, des mots, de la poésie brute.

Les textes deviennent des friandises verbales, parfois croustillantes portées par une dimension quasi théâtrale. Ce spectacle léger, tout-terrain, permet à l’artiste de retrouver des salles plus intimistes et de renouer avec l’essence de son art : surprendre, encore et toujours, sans jamais se répéter.

À Namur, Richard Gotainer a une fois de plus prouvé qu’il reste un funambule des mots, un artisan du verbe qui sait faire rire, réfléchir et vibrer. En ramenant sa phrase, il rappelle surtout qu’à plus de cinquante ans de carrière, la liberté reste son plus beau refrain