Procès civil de Joël Le Scouarnec : les victimes attendent réparation
Condamné, en mai dernier, par la Cour criminelle départementale de Vannes, à vingt ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, l’ancien chirurgien Joël Le Scouarnec fait de nouveau face à la justice. Les intérêts civils ont été examinés ce lundi lors d'une première audience. Une nouvelle étape pour les victimes, qui espèrent une réparation à la hauteur de ce qu’elles ont vécu.
©sergeitokmakovSix mois après le verdict du procès criminel, les audiences sur les intérêts civils ont débuté, cet après-midi (lundi 3 novembre), au tribunal de Vannes. L’objectif est de chiffrer les préjudices des dizaines de victimes de Joël Le Scouarnec, reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur 299 victimes, majoritairement mineures. Mais pour le collectif de victimes, cette nouvelle étape s’annonce difficile. « Les expertises ont parfois été menées dans la douleur, sans préparation ni accompagnement», déplore Manon Lemoine, porte-parole du collectif. « Pour certaines personnes, ça a été une nouvelle épreuve», ajoute-elle.
Des expertises mal menées et vécues comme une épreuve
Les expertises, réalisées depuis le 2 juin dernier par la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI), ont souvent été perçues comme brutales. Selon le collectif, certaines victimes ont dû revivre les faits sans cadre sécurisant, ni véritable écoute. “Le temps de l’annonce n’a pas été pris en compte, poursuit Manon Lemoine, certains ont découvert leur histoire au moment où les policiers ont prévenu les victimes. On nous a demandé de baisser nos sous-vêtements pour montrer des cicatrices déjà indiquées dans des rapports opératoires. Le tout, devant un médecin, dans un hôpital, soit la même configuration que notre traumatisme.” Une situation que les représentants du collectif attribuent à un manque de coordination entre les experts, la CIVI et le Fonds de garantie des victimes.
De fortes attentes autour du procès civil
Au-delà de la réparation financière, les victimes espèrent surtout une reconnaissance du préjudice sériel. La porte-parole explique : “Cette reconnaissance serait une première ! Ce préjudice a un vrai impact sur cette affaire, il existe déjà dans des cas de “terrorisme”, “d’amiante” ou “d’accident collectif”. Le collectif plaide pour que la justice prenne en compte l’impact durable des violences, y compris sur les proches. “Ces audiences doivent permettre à chacun d’être entendu pour ce qu’il a subi, pas avec des montants globaux et harmonisés“ , insiste Manon Lemoine. Les victimes appellent aussi à un meilleur accompagnement. Elles déplorent notamment le silence de France Victimes 56, restée absente depuis la fin du procès criminel.
Les audiences sur les intérêts civils doivent se poursuivre jusqu’au 4 de novembre, au tribunal judiciaire de Vannes. Elles permettront à la cour d’examiner successivement les préjudices de chaque partie civile.
