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Pourquoi les cardinaux sont-ils enfermés pendant le conclave ?

Pourquoi les cardinaux sont-ils enfermés pendant le conclave ?

Un article rédigé par Armelle Delmelle - RCF Liège, le 2 mai 2025 - Modifié le 2 mai 2025

Ce mercredi 7 mai 2025, les cardinaux seront enfermés dans la chapelle Sixtine pour élire le successeur du pape François et 267ᵉ pape. Si aujourd’hui, ils sont coupés du monde, cela n’a pas toujours été le cas.

Les cardinaux se recueillent devant le cercueil du pape  Les cardinaux se recueillent devant le cercueil du pape

Lors du conclave, les cardinaux sont coupés du monde extérieur pour garantir l’indépendance de leur vote et éviter les interférences des différents pouvoirs en place. Ils sont également enfermés dans la chapelle Sixtine pour voter et passent leur journée entre la chapelle et la maison Sainte-Marthe, où ils logent. Mais il fut une époque où tout cela était bien différent.

Lutter contre les ingérences

Les règles de l'élection du pape ont été constamment modifiées à travers les siècles. Au fil des modifications, le but est toujours le même : limiter les pressions extérieures sur la liberté des cardinaux. En effet, à l’époque, les différents rois et empereurs ainsi que les grandes familles veulent aussi peser sur le choix des candidats.

Pour lutter contre les ingérences, la première étape fut d’imposer le vote à bulletin secret. Celui-ci est ensuite devenu un secret total sur l'ensemble des scrutins. Mais cela n’était qu’une première étape.

Un conclave de presque trois ans

Le 29 novembre 1268, le pape Clément IV décède. S’ensuit l’élection de son successeur, le pape Grégoire X. Mais entre les deux événements, deux ans et neuf mois se sont écoulés.

À l'époque, le vote a lieu à Viterbe, à une centaine de kilomètres de Rome. Pour cette élection, il y a un désaccord entre les Italiens et les Français qui veulent chacun un pape originaire de leur pays. Les cardinaux menacent alors d'abandonner et veulent quitter Viterbe.

En réaction, les habitants de la ville décident de les séquestrer dans la salle du conclave du palais des papes. Lorsque cela ne fonctionne pas, ils rationnent les vivres des cardinaux. Dernière mesure, des plus drastiques : en plein hiver, ils démontent le toit du palais, tuile par tuile. Le but : permettre à l'Esprit Saint de descendre du ciel et de les accompagner plus facilement.

Finalement, Grégoire X est élu et il décide d'instaurer l'enfermement et de mettre les cardinaux au pain et à l'eau au bout de cinq jours, s'il n'y a aucun résultat, pour éviter que le scénario ne se reproduise.

Et après ?

Quelques années plus tard, le pape Jean XXI (pape de septembre 1276 à mai 1277) annule ces dispositions et les longues vacances du Saint-Siège reprennent. C’est en 1297 que Boniface VIII les réinstaure définitivement.

Cet enfermement est également l’origine du mot conclave. En effet, il vient du latin cum clave, qu'on peut traduire par « pièce fermée à clef ».

De nos jours, les cardinaux bénéficient de davantage de confort : nourriture, hébergement, chauffage et un toit en bon état. La seule pression qui reste sur les épaules des cardinaux est la pression médiatique, permettant d'obtenir des résultats dans des délais raisonnables, sans avoir à affamer les cardinaux — ce qui est toujours mieux.

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