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Qui était Grégoire X, le pape qui a imposé le conclave ?

Qui était Grégoire X, le pape qui a imposé le conclave ?

Un article rédigé par Armelle Delmelle - le 2 mai 2025 - Modifié le 7 mai 2025

C’est à la suite de sa propre élection, qui a duré près de trois ans, que le pape Grégoire X a imposé l’enfermement des cardinaux pour les élections papales. Mais qui était cet homme à l’origine du conclave dans sa toute première forme ?

Niccolò et Matteo Polo livrent un message de Kubilai Khan en 1271 à Grégoire X. © Illustration dans Le livre des Merveilles du Monde.Niccolò et Matteo Polo livrent un message de Kubilai Khan en 1271 à Grégoire X. © Illustration dans Le livre des Merveilles du Monde.

Le Bienheureux Grégoire X est né vers 1210 à Plaisance, dans le nord de l’Italie sous le nom de Teobaldo Visconti. Son parcours s’illustre entre service ecclésiastique local et destin pontifical. Avant d’accéder au trône de saint Pierre en 1271, il fut chanoine à Lille, puis archidiacre dans le diocèse de Liège, un poste stratégique au sein d’un des plus puissants diocèses d’Occident. Son pontificat, bien que court (1271-1276), marqua un tournant dans l’histoire de l’Église avec l’imposition du conclave pour l’élection papale.

Sa carrière ecclésiastique

Issu de la noblesse lombarde, Teobaldo Visconti n’était pas cardinal lorsqu’il fut élu pape. Il avait pourtant acquis une solide expérience au service de l’Église, notamment comme chanoine du chapitre de la collégiale Saint-Pierre de Lille, un poste qui lui permettait de participer à l’administration du culte et des biens ecclésiastiques dans une ville en pleine expansion.

Il fut ensuite nommé archidiacre dans le diocèse de Liège, probablement dans les années 1240. L’archidiacre était le bras droit de l’évêque, responsable de l’administration d’une partie du diocèse, du contrôle du clergé local, et parfois aussi de fonctions judiciaires. Ce rôle lui donnait une position d’observation privilégiée sur la gestion de l’Église dans les territoires du nord du Saint-Empire.

Au XIIIe siècle, le diocèse de Liège était l’un des plus vastes et prestigieux d’Europe. Il s’étendait au-delà de la ville de Liège, sur une grande partie de la Belgique actuelle, incluant des territoires aujourd’hui rattachés aux Pays-Bas, à l’Allemagne et au nord de la France. Ce diocèse n’était pas seulement un centre religieux, mais aussi une principauté disposant d’une autorité temporelle. L’Église y était profondément impliquée dans les affaires politiques locales.

Désaccord avec le prince-évêque

Grégoire X fut marqué par son passage liégeois. En effet, il s’opposait au prince évêque de l’époque, le sulfureux Henri de Gueldre, lui reprochant de transformer le palais épiscopal en lieu de débauche. Furieux, celui-ci gratifia le futur pape d’un violent coup de pied dans le bas-ventre qui lui fit perdre connaissance. Une fois devenu pape, Grégoire X fut à l’origine de la déposition d’Henri de Gueldre en tant qu’évêque de Liège.

Après son départ de la principauté, il poursuivit  sa carrière au service direct des papes, notamment comme diplomate pour Urbain IV, lui aussi un ancien archidiacre de Liège, qui lui confia des missions délicates en Angleterre et en Italie, avant de l’envoyer auprès des croisés en Terre sainte.

La réforme du conclave : un héritage durable

C’est alors qu’il accompagnait les croisés, notamment le futur roi Édouard Ier d’Angleterre, qu’il apprit son élection comme pape, le 1er septembre 1271. L’élection avait duré près de trois ans à Viterbe, paralysée par les querelles entre les cardinaux et les pressions politiques. Grégoire X imposa donc en 1274, lors du concile de Lyon, une réforme décisive : le conclave. Les cardinaux seraient désormais enfermés jusqu’à l’élection d’un nouveau pape, avec des conditions de vie progressivement restreintes pour hâter leur décision. Cette mesure visait à préserver l’indépendance spirituelle du vote et à éviter de nouveaux blocages. Elle est toujours en vigueur aujourd’hui, bien que les conditions de vie des cardinaux aient été allégées.

Grégoire X meurt à Arezzo en janvier 1276. Son pontificat fut aussi marqué par des tentatives de réunification avec l’Église d’Orient et la convocation de missions pour l’évangélisation de l’Asie. Béatifié en 1713, il laisse l’image d’un homme de paix, pragmatique et réformateur, enraciné dans l’expérience du terrain ecclésiastique, de Lille à Liège, et habité par un sens profond du bien commun de l’Église.

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