Le coût de l'eau en Wallonie est en augmentation. Une hausse significative (près de 50 euros pour 70m³/an) a été accordée par le gouvernement wallon à la fin du mois de janvier 2025. Si les principaux distributeurs ont demandé cet ajustement du coût, c’est en raison du fait qu'il n’avait plus été indexé depuis 2014. Benoît Moulin, porte-parole de la SWDE (Société wallonne des eaux), nous explique les raisons de cette évolution et la complexité du fonctionnement du réseau.
La SWDE est l’un des distributeurs en Wallonie. Elle fournit de l’eau à 2,5 millions d’habitants.
Benoît Moulin : Je ne parlerai pas d’urgence. Il faut d'abord se rendre compte d'une chose : les distributeurs d'eau travaillent à prix coûtant. Ce qui signifie que le tarif de l'eau est calculé par la somme de nos coûts d'exploitation divisé par le nombre de mètres-cubes que nous facturons. Il n'y a pas de bénéfices, il n'y a pas de distribution de dividendes.
En ce qui concerne la SWDE il faut 351 sites de captage sur le territoire, presque 1300 ouvrages de stockage, stations de pompage, châteaux d'eau. Retenez qu’il faut 39.000 km de conduites. Ce sont des infrastructures très importantes dont on ne mesure pas toujours l'ampleur. Tout cela doit être entretenu, il faut en assurer la maintenance.
B M. : De manière très simplifiée, il faut savoir que l'activité liée à l'eau a deux volets importants. Premièrement, il y a évidemment l'acheminement de l'eau potable jusqu'au robinet, pour lequel le coût est repris sous le vocable “coût-vérité de distribution". Deuxièmement, une fois qu'elle est consommée, il y a son évacuation et le traitement de ses eaux usées (CVA : coût-vérité d’assainissement).
Relevons qu'une partie de la facture sert à financer le Fonds social de l'eau. Tout ménage qui éprouve des difficultés à payer sa facture d'eau peut - via son CPAS - solliciter le Fonds social de l'eau pour payer - en tout ou en partie - sa facture. Cette, la contribution à ce fonds a aussi été revalorisée.
B M. : certaines conduites ont été installées avant la seconde guerre mondiale, certaines conduites sont parfois centenaires. Je précise tout de suite que l’ancienneté ne signifie pas nécessairement de la vétusté. C'est valable pour les conduites, mais c'est aussi valable pour les châteaux d'eau. Les châteaux d'eau qui doivent aussi parfois être modernisés dans leurs équipements. C'est valable pour les stations de pompage, c'est valable aussi pour les stations de traitement où les traitements peuvent changer au fur et à mesure de l'évolution des normes sanitaires par ailleurs.
Si on doit remplacer une conduite, le prix moyen du remplacement au mètre est de 400 euros. A la SWDE, nous comptons 39.000 kilomètres de conduite. L'important aussi, c'est de ne pas se retrouver dans une situation de négligence qui perdure et de devoir dépenser plusieurs milliards d’euros en cas d’extrême nécessité. Nous nous engageons à un minimum de 100 millions d'euros par an d'investissement dans le renouvellement et la modernisation des infrastructures.
Si on doit remplacer une conduite, le prix moyen du remplacement au mètre est de 400 euros.
Depuis 2014 nous réalisions cet investissement sans augmenter les coûts grâce à nos efforts réalisés en interne et au plan stratégique de maîtrise de nos coûts d'exploitation. Alors, il y a eu des efforts au niveau du personnel, il y a des efforts qui continuent en matière de réduction de nos coûts énergétiques.
B M. : ce qu'il faut savoir, c'est qu'en réalité la consommation annuelle moyenne par raccordement (par compteur) s'établissait en 2023 à 70,55 m3 par an.
Aux alentours de l'an 2000, elle était encore supérieure à 100 m3 par an. Notons tout de même que le nombre de raccordements à lui augmenté, ce qui signifie que le volume d'eau distribué n'a pas beaucoup changé en réalité. Au cours des 20 dernières années, le volume d'eau distribué et facturé représente une quantité de 100 millions de mètres cubes par an pour le réseau de la SWDE. Le réseau, lui, a augmenté de 10% par rapport au nombre de raccordements à devoir effectuer.
B M. : nous utilisons les technologies principalement dans tout ce qui concerne le traitement des données et la gestion des data (chiffre de consommation, chiffre de raccordement, les chiffres en général, la volumétrie…).
Nous avons mis en place un logiciel qui nous permet de schématiser nos 39.000 kilomètres de conduites. Ils sont dans une base de données numériques, géographiques. Chaque kilomètre de conduite est recensé, sa taille, son diamètre, la nature de son matériau et toutes les interventions qui ont été faites. Toutes ces bases de données nous ont permis d'établir et identifier celles qu'il faut remplacer en priorité. Par rapport aux 100 millions à investir, ça nous permet de pouvoir se focaliser là où c'est le plus nécessaire. Il y a encore une dizaine d’années nous fonctionnions un peu à l'aveugle. Il était nécessaire de définir une répartition géographique des investissements afin de les optimiser.
B M. : Actuellement, nous travaillons sur un projet que nous avons baptisé «Schéma régional des ressources en eau», qui a été médiatisé sous le vocable “les autoroutes de l'eau”. Les études ont commencé en 2016 et puis certains chantiers ont commencé en 2017. L’objectif est de sécuriser l'approvisionnement en eau sur l’ensemble du territoire wallon, sachant que l’abondance d’eau en Wallonie n'est pas répartie équitablement partout. Des zones comme l’Ardenne et la province du Luxembourg présentent un stress hydrique observable. Les masses d'eau en sous-sol sont assez faibles et c'est lié notamment à la nature du sol, des rivières qui empêchent l’eau de pénétrer dans les nappes.
Des zones comme l’Ardenne et la province du Luxembourg présentent un stress hydrique observable
En conséquence, ce sont des zones où les réserves existantes perdent du rendement quand il fait chaud ou qu'on est en période de sécheresse. D’autant plus que ces régions accueillent de nombreux touristes durant les mois d’été. Ce projet-là, au départ, représentait un investissement de 350 millions d'euros. Notre trajectoire a évolué pour faire face à l'augmentation des coûts de l’énergie, de construction et des salaires.
Chaque jour de la semaine, à l'heure du goûter, la rédaction de 1RCF vous offre un temps de rencontres et de découvertes en direct de ses studios à Wavre.
Au programme, des interviews de personnalités issues du monde de la culture, de l’Église, de la politique, de la protection de l’environnement, de l’économie, des mouvements sociaux... Nous prendrons, avec vous et avec eux, le temps de décrypter l’actualité, d'interagir avec nos auditeurs, répondre à leurs questions, et de les accompagner chaque jour pour une tranche de partage, dans la bonne humeur.
C’est l’occasion pour 1RCF d’ aller à la rencontre de son public et d’échanger avec ses auditeurs.
Contact de l’émission : 16.17@rcf.be ou par téléphone de 16h à 17h au +32 (10) 23 59 04, ou sur notre page dédiée à l'émission.
Du lundi au vendredi à 16h03, rediffusions à 23h et à 04h, sur 1RCF Belgique.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !