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L’information est passée quasiment inaperçue au coeur de la crise du coronavirus. Lundi dernier, l’ancien prêtre du diocèse de Lyon, Bernard Preynat, était condamné à cinq ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs. Il a fait appel de cette décision. Un sujet qui paraissait capital il y a quelques semaines, et qui aujourd’hui nous paraît un peu déplacé.
'On a déplacé l’ordre de nos priorités. On est tout occupé, voire saturé par le virus. On a modifié la hiérarchie de nos priorités pour le moment. C’est ainsi, c’est temporaire. On espère tout que ce soit le plus bref possible. Après l’épisode épidémique, un certain nombre d’informations sont dormantes pour l’instant. Elles reviendront sur un autre plan. Il y a un avant, il y aura un après. La manière d’envisager certains priorités va évoluer' explique le père Laurent Lemoine, dominicain, psychanalyste et spécialiste des questions éthiques, aumônier de l’hôpital Saint Anne, auteur de 'Désabuser' (éd. Salvator).
Emmanuel Macron a parlé de ce virus comme d’un ennemi invisible. 'Les mots sont forts mais ils ne sont pas étonnants. Il a utilisé des mots guerriers qui sont discutables. Fallait-il utiliser le terme de guerre ? Cela ne me choque pas. On pense choisir le vocabulaire le plus marquant, mais il n’était pas utile de parler de guerre. Un surusage du vocabulaire de guerre pourrait être embêtant' ajoute-t-il.
Les Français sont maintenant confinés. 'Ce n’est pas rigolo, c’est nécessaire. C’est une redistribution brutale de nos activités quotidiennes et de la manière dont nous nous investissons sur les éléments essentiels du quotidien. Cela impose à chacun une nouvelle discipline. Chacun retrouve autrement son quotidien, s’investit autrement, avec des priorités qui s’éloignent, et des choses qui deviennent des priorités. La vraie priorité, c’est de s’occuper de soi et de son entourage. C’est une expérience qui se vit, qui se remplit de sens' lance Laurent Lemoine.
Aumônier de l’hôpital Saint Anne, le père Laurent Lemoine souhaite également alerter sur les personnes vulnérables que cet établissement si particulier accueille. Pour lui, les malades psychiques sont les grands oubliés du confinement. Pour eux, c’est une double peine. Il s’agit de malades qui peuvent, selon lui, réagir de manière très préoccupante par rapport au virus, dans le cadre de leur pathologie psychiatrique.
Pour toutes les personnes confinées pendant les semaines à venir, le père Laurent Lemoine les appelle 'à faire quelque chose' de ce confinement. 'Il faut en faire quelque chose d’intéressant, de vivant, pour soi et pour son entourage. Nous redistribuons les cartes de notre vie pendant plusieurs semaines. Cela peut être vivant, très intéressant. À chacun de trouver un mode de vie qui ne soit pas seulement une expérience négative, mais une manière de créer des investissements intéressants autour de soi. Ce n'est ni plus ni moins que de la charité' conclut-il.
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