Notre-Dame-la-Grande : le laser au service d’un décor millénaire
La phase de nettoyage des peintures du chœur, réalisée au laser pour préserver les pigments fragiles, marque un tournant dans la restauration de l’édifice roman. Entre choix scientifiques, enjeux esthétiques et découvertes inattendues, le chantier avance vers une renaissance programmée en 2027.
Restauration des peintures de la voûte du choeur de Notre-Dame-La-GrandeAprès plusieurs mois consacrés à l’assainissement et à la mise hors d’eau de l’édifice, les restaurateurs se consacrent à présent aux peintures romanes. En suivant un protocole plomb très strict, celles-ci ont été entièrement nettoyées au laser, une technique qui permet d'éliminer les dépôts tout en préservant les pigments fragiles.
Tout en haut de l’immense échafaudage, à trois escaliers du sol, l’architecte maître d’œuvre Thomas Gaudig contemple le résultat :
« Ce que nous avons découvert, c’est la très grande qualité, la finesse et l’état de conservation, finalement assez bon, de ce décor roman, dont on pensait qu’il était beaucoup moins bien conservé, peut-être même irrécupérable.


Pendant des siècles, un badigeon blanc, appliqué à l’époque moderne puis retiré au XIXe siècle, avait masqué ces peintures. Il en reste encore des fragments, visibles dans les trous de piquetage : deux restaurateurs s’emploient à les retirer minutieusement, au scalpel.

Des choix de restauration encore à trancher
Les décisions ne se limitent pas au nettoyage. Plusieurs arbitrages artistiques doivent encore être faits entre la Ville, le cabinet d’architecte et la Conservation régionale des monuments historiques. Pascale Brudy, chargée de la conservation des monuments historiques de la ville de Poitiers, cite un exemple : « Dans la chapelle d’Axe, il y a un ange dont on ne sait pas exactement ce qu'il tient comme instrument. Le prochain choix concerne cet ange : que fait-on ? Propose-t-on une restitution si on retrouve une ancienne photographie ? Ou bien comment évoquer la peinture sans créer de rupture visuelle ? ». Autant de décisions qui façonneront l’équilibre esthétique de l’ensemble restauré.
Un chantier qui inspire l’Europe
Le rayonnement du projet dépasse les frontières. Clémence Pourroy, conseillère municipale déléguée au patrimoine historique, observe :
« Nous avons reçu des visites venues de différents pays d’Europe sur les techniques de restauration. Ici, on teste des choses nouvelles. C’est vraiment un chantier d’ampleur qui fera histoire.
On y retrouve un peu l’esprit des bâtisseurs de cathédrales.
Le public peut suivre l’avancée des travaux à la Maison du chantier, située juste en face de l’église, avant de redécouvrir la splendeur de ce joyau de l'art roman.


