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« Lyon comme vous ne l’avez jamais vue » : le trail urbain, un phénomène qui a gagné la France entière

« Lyon comme vous ne l’avez jamais vue » : le trail urbain, un phénomène qui a gagné la France entière

Un article rédigé par Thierry Weber - RCF Lyon, le 7 novembre 2025 - Modifié le 7 novembre 2025
Tempo · Le podcast d'actualité de RCF LyonLe Lyon Urban Trail, vitrine de l'engouement national pour le trail urbain

Le 1er novembre, la 11e édition de nuit du Lyon Urban Trail a rassemblé 9 6000 participants, un record. Du théâtre antique de Fourvière, à la piste de la Sarra, en passant par les quais de Saône, la ville, ses parcs et ses dénivelés sont devenus le temps du soirée le décor d’un phénomène en pleine expansion.

C’est pourtant un paradoxe. Le trail, littéralement la course à pied en pleine nature, connaît ces dernières années un véritable engouement en ville. La pratique urbaine a commencé officiellement à Lyon, en 2008, et quelques années plus tard, le phénomène a gagné tout le pays : 350 trails urbains ont été organisés en 2024. 

 

Plusieurs milliers de coureurs ont pris le départ du trail de 20km © RCF LyonPlusieurs milliers de coureurs ont pris le départ du trail de 20km © RCF Lyon

La nuit est tombée, le sol est détrempé en ce mercredi soir du mois d'octobre. Au pied d'un escalier de la colline de Fourvière, une petite dizaine de coureurs s'est donnée rendez-vous pour préparer le désormais mythique LUT By Night qui a lieu deux semaines plus tard. Parmi eux, Éric, 51 ans, passionné de trail depuis 2007.
« Cette année, je fais le 10 kilomètres », confie-t-il en souriant. « C’est un peu comme des montagnes russes : ça monte, ça descend, il faut gérer son énergie ».

Le trail urbain pour redécouvrir sa ville 

À Lyon, les pavés ont remplacé les sentiers alpins, et la Basilique de Fourvière est devenue le sommet de la montagne à atteindre. Les ingrédients du trail, normalement et étymologiquement réservé à la nature, et principalement aux massifs montagneux, se mélangent parfaitement dans la ville des Lumières. Car en plus de la performance physique et du dénivelé avalé à chaque sortie, le trail urbain fait presque office de visite touristique, un atout majeur pour la discipline.  

C'est en 2008 que la pratique s'officialise à Lyon, un véritable coup de cœur pour Éric, qui redécouvre à chaque fois la ville dans laquelle il réside : « On court dans des endroits qu’on ne voit jamais, c’est technique, vivant, et puis il y a une ambiance très populaire ».

Une fête sous la pluie 

Décrié au départ, le trail urbain fait désormais partie du paysage et attire chaque année plus d'adeptes que rien n'arrête, même pas la pluie qui s'est invitée ce 1er novembre au LUT By Night. Au cœur du Théâtre antique de la ville que les premiers "finishers" arrivent peu avant 20h : « Les arènes sont magnifiques, on est un peu des gladiateurs. Avec l'éclairage qui a été vraiment bien travaillé, et puis regardez la vue qu'on a derrière nous avec tout Lyon qui s'est éclairé, c'est top », s'exclame Éric, bien essoufflé après avoir bouclé le 10 km en moins d'une heure, comme il l'avait prévu. 

« C'était dur dans la Sarra parce qu'elle était bien boueuse, donc même si on est passé dans les premiers, il reste quand même pas mal de boue, mais sinon très bon parcours, ça allait vite, j'ai mis le temps que je voulais, j'ai fait 55 minutes », se félicite le quinquagénaire.

Comme lui, ils sont des centaines de lyonnais à pratiquer le trail chaque semaine. Pas besoin de faire des kilomètres pour trouver un terrain accidenté, du dénivelé ou un espace de nature, le trail urbain se pratique à la pause de midi, ou après une longue journée de travail. Pratique, accessible car à côté de chez soi, les supporters n'ont pas non plus besoin de faire des heures de routes pour encourager les coureurs : « Avant, c’est moi qui l’emmenais courir. Maintenant, je le regarde passer la ligne d’arrivée », sourit fièrement le père de Gabin, 15 ans qui vient tout juste de boucler le 10 km. Le jeune homme qui boucle son deuxième trail s'essayera peut-être dans les années à venir au 20 km ou au 30 km, les deux autres formats proposé lors du LUT by night.

9000 coureurs ont bravé la pluie lyonnaise

Notre promesse, la ville comme vous ne l'avez  jamais vue, on les faisait passer dans des endroits, dans des passages qui leur étaient interdits ou dont ils ne soupçonnaient pas l'existence

Le signe d'un changement de paradigme 

On retrouve désormais un trail urbain dans presque toutes les villes de France. Une fierté pour Michel Sorine, le patron d'Extra Sport qui organise plusieurs courses dont le trail lyonnais : « Notre promesse, la ville comme vous ne l'avez  jamais vue, on les faisait passer dans des endroits, dans des passages qui leur étaient interdits ou dont ils ne soupçonnaient pas l'existence. Très vite on a pu pénétrer dans des lieux comme l'Hôtel de Ville. Très rapidement aussi les coureurs sont venus de toute la France goûter un peu le truc [...] et d'autres trails urbains sont apparus. Pour vous dire on avait déposé le terme "urban trail" à l'INPI en 2008 et rapidement ils nous ont envoyé un courrier en nous disant que ça va tomber dans le domaine public parce qu'on en voit arriver des dizaines  et des dizaines donc au final on a laissé tomber ». 

Le phénomène est analysé depuis plusieurs années par Olivier Bessy, Sociologue du sport et du tourisme et professeur émérite à l'Université de Pau : « Le trail urbain participe à une recomposition des imaginaires entre l'ici de la ville qui paraissait être un ici contraignant associé au travail finalement, et un ailleurs libératoire de la nature dans la mesure où cet ailleurs libérateur de la nature on peut aussi le retrouver en ville parce qu'on va aller jouer dans les interstices de cette urbanité là ».

Victime de son succès, le trail urbain est cependant dépendant des limites des murs de la ville et de ses monuments, mais la solution a été trouvée pour le trail lyonnais de l'année prochaine : « Sur la version de printemps, la version "jour" qui va se passer fin mars, on va donner des départs en début d'après-midi notamment pour les petits parcours si bien qu'on va pouvoir monter la jauge à 12 000 et arriver au niveau d'autres trails urbains, comme à Rennes ou à Nîmes », conclut Michel Sorine, qui planche désormais sur l'organisation de l'Asics Sainté-Lyon, autre course mythique de la région où les 19 000 dossards se sont vendus en 24h. Un succès retentissant. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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