Le Seigneur des Anneaux, une œuvre inspirée du catholicisme
Le Seigneur des Anneaux est l'œuvre de fiction la plus lue au monde avec le Petit Prince de Saint-Exupéry. L'imaginaire fantastique de Tolkien touche les lecteurs de manière universelle et intemporelle. Peut-être est-ce du fait des grands thèmes abordés dans l'ouvrage, très largement tirés de la pensée catholique. Tolkien lui-même disait s'être inspiré des textes catholiques à la rédaction de son œuvre. Des références auxquelles s'est intéressé Jean Chausse, économe du diocèse de Paris et auteur de "Le Dieu de Tolkien".
Tolkien fumant la pipe dans son bureau de Merton Street le 22 Septembre 1972 © Billett Potter / BnF"Quand j'ai fini le livre du Seigneur des Anneaux, je me rappelle parfaitement le refermer et me dire, pour avoir écrit ça, Tolkien devait être un prêtre catholique. Ça me paraissait évident" se souvient Jean Chausse, économe au diocèse de Paris et lecteur des œuvre de l'écrivain brittanique J. R. R. Tolkien. La pensée catholique est omniprésente dans ses écrits fantastiques, quoi que souvent cachée. Derrière les crétatures imaginaires et les quêtes de ses héros, Tolkien mobilise plusieurs concepts fondateurs du catholicisme. Jean Chausse, auteur de "Le Dieu de Tolkien" s'y est intéressé.
Derrière le fantastique, une œuvre catholique
À première vue, rien ne semble rapprocher le Seigneur des Anneaux et la Bible. Pour autant des parallèles parfois surprenant peuvent être tracé. Pour Jean Chausse "Gandalf est un personnage malgré tout christique qui se dévoue pour sauver la Terre du Milieu et qui va mourir dans la Moria en affrontant un démon et ressusciter, renvoyé par Manwë, le Vala qui dirige la Terre du Milieu. Donc mourir pour sauver les autres en affrontant le démon et ressusciter, il y a quand même un côté très fortement christique." Mobilisation de figures chrisitiques, lutte entre le Bien et le Mal, symbolisé par Sauron, un personnage surnaturel corrompu, et défense de la Création : Tolkien reprend en réalité des grands préceptes catholiques. "Dans Le Seigneur des Anneaux, vous avez deux grands magiciens, Gandalf et Saruman. Gandalf s'intéresse aux choses qui poussent, alors que Saruman a un esprit de métal et de rouage et est un capitaine d'industrie. Clairement pour Tolkien, l'industrialisation qui détruit la nature est un mal." "Le Seigneur des Anneaux est un conte sur la lutte entre le bien et le mal et la tentation du mal" résume Jean Chausse, des notions pas exclusivement catholiques mais à mettre ici en lien avec la pratiqure religieuse de Tolkien.
Tolkien, un catholique très pratiquant
Pour cause, si les écrits de Tolkien sont à ce point inondés de la pensée catholique, c'est que l'auteur était lui même un catholique très pratiquant. Dans une Angleterre protestante ou anglicane, sa pratique du catholicisme romain est facteur de différenciation. Tolkien l'a pratique quasiment tout au long de sa vie sans jamais s'en cacher. "Il s'était converti à l'âge de 8 ans. Il allait à la messe tous les jours, il se confessait toutes les semaines, il récitait le chapelet tous les jours..." précise Jean Chausse. Des habitudes héritées de son enfance. La mère du jeune John Ronald Reuel meut du diabète alors qu'il est encore enfant. Il est ensuite adopté par un prêtre qui lui donnera une formation non seulement univsersitaire mais surtout de cathéchisme. "Le père Francis Morgan, qui était un prêtre de l'oratoire de Birmingham avait été dans sa jeunesse le secrétaire particulier du saint cardinal Newman. En plus, c'était un professeur d'université, un intellectuel de très haut niveau, qui a toute sa vie continué à travailler sa foi" raconte Jean Chausse.
ll s'était converti à l'âge de 8 ans. Il allait à la messe tous les jours, il se confessait toutes les semaines et il récitait le chapelet tous les jours.
"Il n'y a qu'un seul fait qui vaut la peine d'être cité, c'est que je suis chrétien, ce qui peut être très facilement déduit de mes romans" disait Tolkien en interview. Pourtant, un certain nombres de références catholiques sont cachées ou en partie dissimulées. Une stratégie discursive habile pour Jean Chausse : "Il a fait exprès de gommer les références, je pense, pour que ce message parle à tout le monde et pas uniquement aux chrétiens. Pendant des millénaires, l'humanité s'est transmise des sagesses via les mythes, via des contes. Et il a eu l'intelligence de se dire, au XXe siècle, "je vais réécrire un mythe, une mythologie pour mon pays, pour mes contemporains"." Les livres de Tolkien dans l'univers du Seigneur des Anneaux ne seraient pas donc que des bibles, selon l'expression consacrée, pour les tolkienites, les fans de J. R. R. Tolkien, mais aussi pour les catholiques en quête de nouvelles paraboles.


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