La Banque Alimentaire au bord de la rupture
Prise en ciseaux entre une baisse de subventions, une hausse des coûts et du nombre de bénéficiaires, la Banque Alimentaire craint pour la pérennité de son action auprès de 70 associations caritatives.
©RCF Pays de l'Ain. ArchivesLa Banque Alimentaire continuera-t-elle à fonctionner en 2026 ? C'est l'interrogation de ses bénévoles. Il manque actuellement environ 200 000€ pour boucler le budget selon son président Didier Dussart. La raison ? Les effets conjugués de la hausse du nombre de bénéficiaires, des coûts de fonctionnement et de la baisse des subventions. Un courrier a été adressé début septembre à la préfète, aux parlementaires et aux élus locaux pour alerter sur une situation de plus en plus intenable et leur demander un soutien à la hauteur de l'enjeu. Près d'un quart des communes aindinoises subventionnent la Banque Alimentaire. Un nombre que Didier Dussart trouve insuffisant.
Derrière cet effet de ciseaux, c'est aussi les a priori sur la précarité qui agacent Didier Dussart :
"Arrêtez de penser que nous n'aidons que les personnes qui vivent dans la rue ou qui sont au R.S.A., c'est faux !"
Via les 70 associations qu'elle fournit en denrées alimentaires, la Banque Alimentaire de l'Ain touche 14 000 bénéficiaires. Un chiffre en hausse ces dernières années avec de nouveaux profils de la précarité tels que des étudiants, retraités, travailleurs pauvres ou familles monoparentales. Pour Didier Dussart, aider les personnes dans la précarité de manière digne, c'est leur apporter des denrées de qualité, qui permettent un repas équilibré. Or, la Banque Alimentaire a dû de plus en plus acheter elle-même des denrées pour pallier la baisse des volumes ou des délais de consommation des ramasse auprès des grandes surfaces. Des achat qui ont représentés 80 000€ en 2025 sur un budget de 800 000€.
Aujourd'hui Didier Dussart s'interroge sur l'avenir : baisse de l'aide apportée? Diminution des actions? Voire tout arrêter?
"Quand on travaille le budget prévisionnel avec le trésorier, on en est à faire des plans sur la comète !"
Didier Dussart ne comprend pas ce décalage entre les arguments des pouvoirs publics et la réalité de terrain des bénévoles auprès des plus précaires.
Depuis des années on mène une guerre silencieuse. Aujourd'hui, elle risque de devenir une guerre sociale si on ne prend pas la mesure de ce qu'est l'aide alimentaire.
La Banque Alimentaire défend l'idée que les personnes dans la précarité doivent être traitées avec dignité. Et de prévenir :
"Si demain 14 000 personnes vont taper aux portes des mairies parce qu'elles n'ont plus de quoi manger?..."
La Banque Alimentaire de l'Ain n'est pas la seule à être en difficulté. Les baisses de subventions touchent aussi celle du Rhône notamment. En tant que président régional des Banques Alimentaires, Didier Dussart a fait circuler son courrier auprès de ses collègues d'Auvergne-Rhône-Alpes. Ils partagent ses constats.


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