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Journées européennes de l’archéologie : « Nous avons un trésor sous nos pieds »

Journées européennes de l’archéologie : « Nous avons un trésor sous nos pieds »

le 12 juin 2025 - Modifié le 12 juin 2025
L'invité normandJournées de l'archéologie : « Nous avons un trésor sous nos pieds »

Du vendredi 13 au dimanche 15 juin 2025 ont lieu les Journées européennes de l’archéologie. En Normandie, une vingtaine de lieux participe à ces journées, pour faire découvrir au grand public les richesses de cette discipline et présenter les enjeux de la protection de ce patrimoine. 

Chantier d'initiation aux fouilles sur le site archéologique de Gisacum ©Gisacum CD27Chantier d'initiation aux fouilles sur le site archéologique de Gisacum ©Gisacum CD27

Près de 1500 activités en Europe dont 650 en France sont organisées du vendredi 13 au dimanche 15 juin 2025 à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie. C’est le cas à Granville où la Société d'archéologie et d’histoire de la Manche a invité plusieurs intervenants pour présenter la diversité de l’archéologie. Entretien avec Jean-Christian Poutiers, docteur en histoire et docteur en archéologie, aujourd’hui à la retraite, membre de la Société d’archéologie et d’histoire de la Manche.

RCF : Ces Journées européennes de l’archéologie permettent de montrer l'importance de ce patrimoine archéologique. Est-ce un patrimoine en danger aujourd'hui ?

Jean-Christian Poutiers : Extrêmement fragile. Il suffit simplement d'un coup de pelleteuse malencontreux et une mosaïque risque de disparaître. C'est très, très, fragile. Normalement, les aménagements sont soumis à ce qu'on appelle l'archéologie préventive. C'est-à-dire : des archéologues spécialisés vont regarder le terrain, l'étudier, voir les archives et déterminer en quelque sorte le risque archéologique. On fait un petit sondage rapide, avec la pelleteuse, cela permet de déterminer la présence ou l'absence de sites archéologiques sur un lieu d'aménagement. Ensuite, on décide, en fonction de l'intérêt du site, de faire des investigations plus étendues ou non. […] Ces interventions de diagnostic sont entièrement financées par la taxe d'archéologie préventive, qui frappe absolument tous les aménagements privés et publics faits sur le territoire. Si vous construisez, par exemple, un box de garage dans votre jardin, vous payez une taxe d'archéologie préventive. Si vous construisez un parking avec une grande surface, là aussi il y a une taxe d'archéologie préventive. Cette taxe est gérée et utilisée par l'Institut national de recherche d'archéologie préventive qui effectue ces travaux et souvent les interventions qui suivent. Plus de 80 % des interventions archéologiques depuis près de 20 ans ne sont dues qu’à l'archéologie préventive. Les fouilles programmées qui sont faites sur des sites plus importants, sur le long terme, en général par les universités, par le CNRS, par le ministère de la recherche scientifique, sont beaucoup moins nombreuses. Même si elles ont leur intérêt scientifique, elles ne donnent pas du tout le même éclairage sur le patrimoine archéologique.

Plus de 80 % des interventions archéologiques depuis près de 20 ans ne sont dues qu’à l'archéologie préventive

RCF : Il y a aussi du trafic d'objets archéologiques.

Jean-Christian Poutiers : Oui. Sur ce sujet, nous allons avoir une intervention d’Aude Civetta, qui vient d'être nommée au service régional de l'archéologie, sur la protection de notre patrimoine archéologique, la lutte contre les fouilles clandestines et le trafic d’objets archéologiques (NDLR : intervention d’Aude Civetta, le samedi 14 juin à 16 h 20 à la salle de Herel à Granville). Le trafic des objets archéologiques et des œuvres d'art est le troisième type de financement, par ordre d'importance, des mafias. Cela montre l'intérêt que représente, en général sur des marchés étrangers, le pillage des objets archéologiques. Or, un objet archéologique seul, sans son contexte, sans tout ce qui l'entoure, c'est un peu comme si vous ramassiez un petit morceau de mosaïque et que le reste de la mosaïque passait à la poubelle, ça ne sert à rien. C'est de la destruction gratuite et malheureusement très rentable pour les trafiquants.

RCF : Lors de ces Journées européennes de l'archéologie, 21 lieux vont ouvrir au public en Normandie. La région est-elle une terre d'archéologie ?

Jean-Christian Poutiers : Jusqu'à présent, on considérait que la Normandie et notamment la Manche étaient des terres relativement pauvres, du point de vue du patrimoine archéologique. C'est parfaitement erroné. La Manche est aussi riche en patrimoine archéologique que le reste de notre territoire et pour certains éléments beaucoup plus riches. Sur le territoire communal de Granville, il y a plus d'une centaine de sites archéologiques, ce qui est totalement ignoré de la plupart de nos concitoyens. Nous avons un trésor sous les pieds. C’est véritablement un trésor, car outre l'aspect scientifique et l'aspect culturel de l'archéologie, la gestion du patrimoine archéologique est rentable. Malheureusement, la plupart de nos élus et des services techniques ignorent la façon de gérer ce trésor, alors que cela pourrait être très rentable, à tout point de vue, y compris financier.

À Granville, rendez-vous à la salle de Herel le vendredi 13 juin de 13 h 00 à 17 h 30 et le samedi 14 juin de 08 h 00 à 12 h 00 et de 14 h 00 à 18 h 00. Retrouvez le programme des Journées européennes de l'archéologie à Granville 

 

Et retrouvez tous les événements en Normandie

 

L'Invité normand
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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