"Il y a un public en Grand Est pour le cinéma germanophone"
Du 4 au 21 novembre 2025, 45 cinémas indépendants en Grand Est accueillent 1 300 projections du films réalisés en Allemagne, Autriche et Suisse. Avec un public qui promet, cette année encore, d'être au rendez-vous malgré une tendance à la baisse que cherchent à contrer les organisateurs en multipliant les portes d'entrée.
L'actrice Florence Kasumba, invitée d'honneur du Festival d'Augenblick 2025 / DRA la rentrée 2024, seulement 13 % des collégiens se sont inscrits en allemand, la moyenne étant légèrement plus haute dans nos régions transfrontalières. En Alsace, plusieurs classes bilingues ont été supprimées. Dans un tel contexte, difficile d’imaginer un festival de cinéma germanophone alors que de moins en moins de Français comprennent l’allemand. Il en faudrait plus pour décourager Sadia Robein qui ne nie pas la réalité.
Les scolaires : un public sûr
“Il y a effectivement une sorte de tendance à la baisse qui peut donc rester temporaire”, estime la directrice générale et artistique du Festival sans toutefois s’alarmer. “Il ne faut pas oublier que les salles ne fonctionnaient pas du tout pendant le Covid et que lorsque les salles ont rouvert, on a assisté à une explosion de retours des publics en salle dans les cinémas indépendants. Dans le cas de la baisse des inscriptions en allemand, elle relève plutôt de la difficulté de trouver des enseignants, ce n'est pas tellement les élèves qui n'ont pas envie. A ce déficit dans l’Education nationale, il faut ajouter le gel du Pass-Culture (qui devait s’arrêter en septembre 2025 ndlr) qui a retardé les inscriptions. Mais je constate que les scolaires sont au rendez-vous cette année encore.” Et pour cause : 50 000 élèves de la maternelle au lycée sont attendus cette année, avec une nouvelle aide de la Région qui finance le transport de certaines classes vers les salles de cinéma.
Ouverture à la musique
Autre stratégie pour attirer un autre public, amateur de musique : depuis deux ans, le festival organise des concerts. Cette année, il accorde même une "carte blanche" au colmarien Rodolphe Burger. Le musicien a choisi 4 films qui sont intégrés dans le programme. Le 5 novembre à Strasbourg et le 6 novembre à Mulhouse, il exprimera la manière dont ces films mettent en avant la musique et comment certains films impactent son propre travail de musicien.
Le film germanophone : une culture de la mise à distance ?
Outre les scolaires qui ont droit à une programmation adaptée avec des films aux thématiques historiques, le festival Augenblick ose proposer des longs et courts métrages tous azimuts. Avec des invités comme Florence Kasumba, actrice allemande d’origine ougandaise qui joue dans des Marvel (dans Black Panther notamment), il pourrait bien attirer un public au-delà du cercle des amateurs du ciné indé habitué de ces salles en Grand Est. “On lui accorde une carte blanche où elle choisit trois films, Art et Essai, qui sont le point de départ à une discussion avec elle autour des thématiques qui la préoccupent, notamment sur la question des droits des femmes.”
Pour autant, est-il possible de dessiner les traits de ce cinéma germanophone indépendant ? Sadia Robein hésite : “Quand on parle du germanophone, c'est l'Allemagne, mais aussi l'Autriche et la Suisse. On ne peut pas vraiment le définir de façon très claire. On voit certains tendances (...) c’est un peu subversif, une remise en cause de la réalité et peut-être des idées reçues. Se méfier de l'histoire et des choses qui seraient données d'emblée comme une vérité à laquelle il faut croire à tout prix est ancré dans la culture allemande en tout cas.”


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