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Fred Hoffman - la Convention démoctrates aux Etats-Unis

RCF,  - Modifié le 27 juin 2021
L'Invité de la MatinaleFred Hoffman - la Convention démoctrates aux Etats-Unis
Plongée dans l’univers carcéral, dans la solitude des détenus, et dans leurs souffrances, avec Isabelle Le Bourgeois, auteur de « Le Dieu des abîmes » (éd. Albin Michel).
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"Il n'y a aucune intimité en prison"

La France vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme, pour la situation dans ses prisons. En cause, le surpeuplement des prisons, et les matelas au sol disposés dans une même cellule. Une condamnation qui n’étonne pas Isabelle Le Bourgeois. Cette religieuse auxiliatrice, psychanalyste, a travaillé pendant une dizaine d’années à Fleury-Mérogis. Elle est l’auteure de "Le Dieu des abîmes" (éd. Albin Michel).

"Cela fait des années que l’on dénonce cela. Chaque fois que j’ai arpenté les couloirs de ces prisons, on a dénoncé ces affaires-là. C’est effrayant. On est classé au rang de non-humain. On se fiche de savoir complètement si l’on a des besoins humains, pour rester digne, et se reposer un tout petit peu. Il n’y a aucune intimité" explique-t-elle.
 

"Alimenter le désir de revanche"

Pour Isabelle Le Bourgeois, il y a trop de détenus, et pas assez de places. "S’il y a trop de détenus, c’est qu’on en met trop en prison. C’est le système judiciaire français. Et on a beau construire des places de prison, on en mettra toujours plus. On ne résout pas ce problème comme cela. C’est une très vaste question" ajoute-t-elle.

Cette psychanalyste rappelle cependant que "la prison est un lieu nécessaire". "C’est un lieu qui contient à un moment donné, sur le plan physique et moral. Et qui dit une sanction, qui la manifeste devant les autres. Mais si durant l’incarcération, on ne fait rien pour accompagner les personnes, et pour faire en sorte qu’elles sortent dans un meilleur état, cela ne sert à pas grand-chose, à part faire bouillonner la haine, et alimenter le désir de revanche" lance-t-elle.
 

"Ce Dieu des abîmes n'oublie personne"

Cette dernière plaide aujourd’hui pour une amélioration des conditions matérielles, et psychologiques, des détenus. "Si on pouvait avoir un peu plus d’intimité et de décence, cela serait pas mal. Et puis, sur le plan de l’accompagnement, il y a une détresse fondamentale de se retrouver en prison. Cela crée de la déshumanisation. Il y a aussi la question du trafic, avec des gens qui se retrouvaient accros à la drogue en prison, sans n’y avoir jamais touché avant" explique Isabelle Le Bourgeois.

 Dans son livre, cette religieuse raconte certains rencontres avec des détenus. "J’étais aumônier. Il y a une manière d’écouter. La mission de l’aumônier, c’est de rendre présente l’Eglise. Une manière de dire que l’Eglise n’oublie pas, et qu’elle a quelque chose à dire de la part de l’Evangile. Pour moi c’était très important. De témoigner de ce Dieu des abîmes qui n’oublie personne. Le plus bas que l’on tombe, on tombe toujours sur lui. Il est toujours là pour nous soutenir" conclut-elle. 

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