Alors que les députés s'apprêtent à voter en première lecture la proposition de loi sur l'aide active à mourir, la conférence des responsables de culte en France, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes tirent la sonnette d'alarme sur les graves dérives engendrées par ce texte.
La Conférence des responsables de culte en France (CRCF), réunissant catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans et bouddhistes, a lancé un appel solennel la semaine dernière contre le projet de loi sur la fin de vie. Ce texte, qui ouvre la voie à une assistance médicale à mourir, est dénoncé comme porteur de graves dérives éthiques et anthropologiques. Dans un communiqué commun, les responsables religieux évoquent une "tromperie terminologique", un "dévoiement de la médecine", et l’autorisation d’un acte létal sans concertation collégiale ni évaluation psychiatrique préalable. Le projet prévoit également un "délit d’entrave" inédit en Europe, et relègue la famille au second plan, en l’excluant explicitement du processus décisionnel. "Il n'est pas prévu que la famille soit informée", déplore Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.
"Ça fait des semaines et des mois que je revendique qu'on intègre une concertation avec la famille. Ça n'est pas prévu."
Le projet de loi reflète un tournant idéologique inquiétant. Il ne propose de recours juridique que lorsque la demande d'aide à mourir est refusée, jamais dans l'autre sens. Un déséquilibre révélateur d’une volonté de faire évoluer profondément la nature même de notre société.
Dans un plaidoyer vibrant, la CRCF exhorte les parlementaires à faire preuve de discernement et à ne pas sacrifier l’intérêt général à l’autonomie individuelle. Car c’est bien cette fracture entre le "je" et le "nous" que pointent les responsables religieux : la rupture du lien social au profit d’un individualisme radical.
"Nous vivons dans une société qui est de plus en plus un agrégat d’individus", alerte Christian Krieger.
Cette loi va consacrer le droit de l’individu au détriment du commun, de la dimension relationnelle de son existence. On n’existe pas hors de tout contexte.
Autre inquiétude : les effets indirects mais puissants sur les plus fragiles. Les personnes âgées, malades ou handicapées pourraient se voir incitées, même de façon implicite, à considérer la mort comme une issue "raisonnable".
La fraternité ne pourrait être qu'une solidarité de présence humaine. Là, on a le sentiment en fait d'un abandon à la solitude.
Enfin, les cultes rappellent une triste constante observée dans les pays ayant légalisé l'euthanasie : la promesse d’un accompagnement en soins palliatifs s’estompe, remplacée peu à peu par une solution létale devenue socialement acceptable. Face à ce projet de loi, la Conférence des responsables de culte appelle à un sursaut de conscience et à une refondation du débat sur la base de la dignité humaine, du lien social, et d’une solidarité authentique.
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