Le chanvre , une solution clé pour préserver la ressource en eau
Face au enjeux de la ressource en eau, la communauté urbaine de Grand Poitiers mise sur une culture peu gourmande en intrants chimiques et en irrigation : le chanvre. Depuis 2021, la collectivité et ses partenaires publics et agricoles développent une filière locale, de la production à la transformation, pour protéger les zones de captage d'eau potable tout en favorisant un secteur économique émergent.
La Culture du chanvre ; Image d’illustration © Edyta Stawiarska de PixabayDepuis plusieurs années, la gestion de l’eau s’est imposée comme une priorité sur le territoire. La présence de nitrates et de résidus de pesticides dans certaines nappes souterraines, notamment près des aires de captage de La Varenne et de Fleury, pousse la collectivité de Grand Poitiers à réorienter les pratiques agricoles. C'est dans ce contexte que Le chanvre apparaît aujourd'hui comme un allié précieux. Robuste, il ne nécessite ni pesticides de synthèse ni engrais azotés. Peu gourmand en eau – environ 500 litres par kilo produit, contre 20 000 pour le coton – il répond parfaitement aux enjeux de sobriété hydrique.
Le vrai enjeu, c’est de sécuriser nos aires de captage », rappelle Gilles Morisseau, vice-président de Grand Poitiers en charge de l’eau et de l’assainissement.

Une culture aux multiples débouchés
Valorisable à 100 %, le chanvre ouvre la voie à des filières porteuses. Les graines sont utilisées en alimentation, notamment dans la restauration collective de Poitiers qui expérimente farines, huiles et graines complètes.
La tige, quant à elle, alimente l’industrie du bâtiment grâce à la chènevotte et à la laine de chanvre, matériaux biosourcés prisés pour l’isolation et les bétons de chanvre. Plusieurs entreprises locales, dont l'entreprise Moreau Lathus, spécialiste en bâtiment, développent déjà des solutions de préfabrication à base de chanvre, destinées à réduire l’empreinte carbone du secteur.
Une filière en pleine structuration
Lancée en 2021 avec seulement trois hectares cultivés, la culture compte aujourd’hui près de 30 hectares sur la communauté urbaine de Grand Poitiers. Un chiffre amené à augmenter mais il faut avant cela sécuriser les débouchés afin de rassurer les agriculteurs et les inciter à s’engager dans cette transition.
Pour soutenir la filière, Grand Poitiers prévoit donc de créer d’ici 2027 une unité locale de défibrage, maillon indispensable à la transformation de la tige. Une société coopérative réunissant agriculteurs et industriels est en cours de constitution pour porter ce projet stratégique. Pour le moment le défibrage est assuré par l'entreprise deux-sévrienne Chanvre Mellois.
Un impact encore difficile à mesurer
Si le développement est réel, les effets sur la qualité de l’eau restent pour l’instant limités, faute de surfaces suffisantes sur les aires les plus sensibles. L’aire de Fleury, plus restreinte, devrait toutefois permettre d’observer plus rapidement des résultats concrets lorsque davantage d’agriculteurs auront intégré la rotation chanvre dans leurs planifications de cultures.


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