Dr Christophe Fauré : que nous apprennent les expériences de mort imminente et de continuité de la conscience ?
Les expériences de mort imminente fascinent et intriguent. Si le monde anglo-saxon est avancé sur le sujet, la médecine française rechigne à se pencher sur la question. Le Docteur Christophe Fauré a récemment publié "Cette vie et au-delà" (éd. Albin Michel). Il y retranscrit les expériences menées et explique concrètement en quoi elles consistent.

En France, la science reste réticente
"Tu deviens fou, c’est une hallucination". Les personnes qui font des expériences de mort imminente font souvent face au scepticisme de leurs proches, qui doutent de leur parole. Une expérience de mort imminente (EMI) est un vécu subjectif de contact avec un défunt. Malgré une "sortie de corps", la personne peut ressentir des émotions. Quand il a 13 ans, à la lecture d'un ouvrage sur les EMI, Christophe Fauré se fascine pour la fin de vie. Plus tard, cela oriente son choix de spécialité en psychiatrie en médecine.
Il fustige la mauvaise réception des témoignages en France. Des centaines de milliers de personnes ont vécu ces expériences pendant des décennies sans jamais en parler, "par honte". Le présupposé était que ces expériences ne pouvaient être que le fruit d’un dysfonctionnement du cerveau. Encore aujourd’hui, le docteur fait face à des objections.
Des expériences qui changent la vie ?
Du côté des témoignages, peu importe la religion ou la spiritualité de la personne, elles évoquent toutes avoir ressenti une "immense lumière émanant de l’amour". Parfois, des proches décédés se présentent à la personne avec une même question "qu’as-tu fait de ta vie ? comment as-tu aimé ?" . Elles permettent, à posteriori, de faire une relecture sur sa vie.
"Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt". Christophe Fauré cite ce proverbe chinois pour souligner l’importance du recul à prendre sur une telle expérience. Les EMI sont ainsi un point de bascule. Après en avoir vécu une, les personnes décident de donner du sens à leur métier, de prendre soin de leurs proches... Ces transformations sont profondes et s’opèrent donc sur plusieurs mois ou plusieurs années. Le témoignage est compliqué, mettre des mots sur une expérience aussi étonnante aussi.
Aussi, ce qui est notable, c’est la disparition complète de la peur de la mort. D’une EMI émerge une soif de vivre, une quête de sens. "Il y a aussi des expériences négatives", ajoute l’intervenant. Soit les personnes voient des éléments qui font peur, ont l’impression de sombrer sans fin ou sont plongées dans des environnements malfaisants et malveillants. "Ça reste très rare, entre 4% et 20%". D’autres expériences existent, comme les vécus subjectifs de contact avec un défunt. Il s’agit d’une perception très courte d’une personne que l’on a perdue, qui rassure et apaise.
Peu à peu, les neurosciences s’ouvrent à plus de recherches sur le paranormal. Le Docteur Christophe Fauré aimerait voir une science occidentale plus humble, avec des études qui "nous invitent à un autre rapport à la vie".