Démystification du VIH : déconstruire les idées reçues
Chaque année, le 1er décembre est la Journée mondiale de lutte contre le sida. Cette journée est l'occasion de manifestations de soutien personnes vivant avec le VIH et de mémoire aux victimes de maladies liées au SIDA. C'est aussi un moment de sensibilisation sur la réalité de la maladie.
Personnel médical en blouseEn 2024, 383 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH, preuve que le virus continue de circuler. Marie-Anne Arthus, docteure au CEGIDD, le Centre Gratuit d'Information, de Dépistage et de Diagnostic confirme : “Il y a toujours malheureusement des nouvelles contaminations dont le taux a beaucoup de difficultés à diminuer alors qu’étant dans un pays en France, on a la possibilité de faire tout ce qui est possible pour éviter ces contaminations.”
Malgré les progrès médicaux, de nombreux mythes et préjugés entourent encore le VIH et le SIDA.
Idée fausse n°1 : "Le VIH concerne uniquement les hommes homosexuels"
C’est une nouvelle réalité épidémiologique : les profils des personnes vivant avec le VIH ont évolué. Aujourd’hui, la moyenne d’âge des séropositifs est de 53 ans, un chiffre révélateur des changements dans les comportements à risque.
“Les personnes qui attrapent le VIH sont un petit peu plus âgées que ce qui était le cas dans les années 90. Les personnes qui sont hétérosexuelles ont le plus de risques d'attraper le VIH par rapport aux personnes homosexuelles. C'est la première année [2024], qu'on voit presque un 50 50, il n'y a pas une grosse différence, mais les personnes hétérosexuelles d'une cinquantaine d'années sont plus à risque actuellement que des jeunes homosexuels par exemple, alors que c'est quelque chose qui était un peu dans l'esprit de beaucoup de personnes. Il s'agit d'une période dans la vie où on a peut-être plus de prise de risque. Des changements de partenaires, des divorcés, des possibilités de changement de vie… À tout âge, il y a des prises de risques et peut-être que les jeunes dans la population homosexuelle sont plus amenés à savoir qu'il faut faire des dépistages et qu'il faut prendre un traitement, qui savent que le traitement existe pour éviter une contamination éventuelle.”
Idée fausse n°2 : "Le VIH n'est plus une maladie grave, car il existe un traitement"
Si les traitements permettent de contrôler le virus, ils ne guérissent pas. Le suivi médical est indispensable et à vie. Marie-Anne Arthus, médecin au CeGIDD, fait un constat inquiétant : "Il est triste de constater que, malgré tous les moyens à notre disposition, de nouvelles contaminations continuent d’être enregistrées chaque année. En France, un pays où les ressources et la recherche sont considérables, nous devrions être capables d’enrayer cette dynamique."
Idée fausse n°3 : "On peut attraper le VIH en échangeant des gestes du quotidien"
L’infection n’est transmissible que par des rapports sexuels. Et avec les traitements actuels, les personnes séropositives qui ont un suivi rigoureux ne sont plus contagieuses : la transmission du virus est donc évitée.
"Le VIH est une maladie à vie. Une fois que l'on est contaminé, le virus reste dans le corps. L’adhésion stricte au traitement est essentielle, car en son absence, le virus reprend le dessus et devient à nouveau transmissible. D'un côté, il faut que les personnes atteintes du VIH prennent un traitement qui est très important, mais l'autre, c'est surtout que les personnes soient dépistées à temps pour éviter de propager l'infection."
L'importance du dépistage
Le dépistage du VIH demeure le grand combat aujourd’hui, surtout pour les personnes ayant eu des relations à risque. Le CeGIDD rappelle qu'il existe de multiples occasions pour se faire tester :
- Après une relation sexuelle non protégée, ou avec un partenaire dont on ignore le statut sérologique.
- Lors d’un changement de partenaire, ou avant d’établir une relation stable.
- Au début de la grossesse, pour protéger le fœtus.
"Chaque occasion est bonne pour se faire dépister. Dès lors qu'on a une prise de sang, il suffit de demander à inclure le test VIH. C’est rapide, gratuit et désormais possible sans ordonnance dans les laboratoires de ville, avec les résultats obtenus en moins de 24 heures. Deux ou trois dépistages par an sont conseillés pour les personnes ayant de multiples partenaires. Le VIH est maîtrisable, à condition d’agir à temps."
