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Loup : un été à nouveau sous tension ?

Loup : un été à nouveau sous tension ?

Un article rédigé par Valentine Balestrini et Jean Baptiste Labeur - le 18 juin 2025 - Modifié le 30 juin 2025
Le dossier de la rédactionLe retour du loup, transhumance de tous les dangers

A l’approche de l’été, les transhumances ont démarré. Les troupeaux reprennent le chemin des pâturages d’altitude. La cohabitation entre le loup et les éleveurs ovins reste une source de tensions en France. La population du prédateur est stable mais les attaques sur les troupeaux ont augmenté en 2024.

© Frédéric Scheiber / Hans Lucas© Frédéric Scheiber / Hans Lucas

La population de loups en France en 2024 est estimée à environ un millier. L’ambition du plan loup actuel est de trouver un équilibre entre la préservation de l'espèce et la protection des activités pastorales. 

Cohabitation complexe entre éleveurs ovins et loups

Une évaluation est basée sur un protocole scientifique à partir d’indices collectés sur le terrain. Des éléments sont ensuite vérifiés et validés par l’Office français de la biodiversité (OFB), garantissant un suivi, le plus précis possible, de l’évolution des populations de loups sur le territoire. Ce comptage est contesté par Claude Font, responsable du dossier “Loup” pour la Fédération Nationale Ovine : "Cela ne correspond pas du tout avec le nombre d'attaques avérées de loups et le nombre de victimes que subit l'élevage au niveau national. S’il y a plus de loups ce n'est pas satisfaisant. Si il y a moins de loups, vu qu'il y a plus d'attaques, cela signifie qu'il y a une modification du comportement”. L'État relève une hausse de 4,6 % des attaques menées par le prédateur au niveau national. “Pour les éleveurs c’est toujours un choc, aucun n'est préparé” rappelle Claude Font. “La difficulté, c'est de mettre en place ces mesures de protection qui peuvent changer un peu le système d'élevage d'une exploitation. Et remettre en cause aussi l'essence même du métier d'éleveur. Parce qu'il y a l'impact de trésorerie, l'impact sur le revenu, sur le travail et l'impact psychologique”.

 

Si la population de loups n’a pas explosé en France, sa présence s’est étendue progressivement vers l’ouest. Il a été signalé individuellement jusqu’en Bretagne. L’essentiel des meutes se trouve dans le sud du massif central et surtout dans l’arc alpin. Pour Roger Mathieu "référent Loup" pour France Nature environnement, l'animal est pointé du doigt de "façon excessive". “Le loup prélève 1 % du Cheptel de brebis, en sachant que les éleveurs sont indemnisés, il y a des barèmes d'indemnisation. Ils sont aidés pour les clôtures, les chiens et l’embauche de berger à 80 %” rappelle-t-il.

DES CHANGEMENTS SUR LE STATUT DU LOUP

En décembre 2024, le comité permanent de la Convention de Berne a approuvé la proposition de l'UE d'assouplir la protection de l’animal. Le  loup a été déclassé, passant de "strictement protégé" à "protégé". Cette rétrogradation a été validée en mai 2025 par le Parlement européen. Les Etats membres disposent désormais d’une plus grande flexibilité dans la gestion de leurs populations de loups. 

 

De leur côté, les associations de protection de la nature  avaient dénoncé  un déclassement “purement politique” mettant en garde contre un risque de fragilisation de l’espèce. “En France, on pouvait abattre 200 loups par an et c'est ce qu'on fait. Cette année, on pourra en abattre légalement 192, alors que le déclassement du loup n'a pas encore été traduit dans la législation française. Ce qui fait très peur, c'est l'augmentation très sensible depuis quelques années du braconnage et aussi de l'empoisonnement” déplore Roger Mathieu. Les associations estiment qu’en France les loups ont vu leurs effectifs diminuer de 8 % au sortir de l’hiver 2023-2024. Mais l'État considère que la population est stable. 

 

Le plan Loup 2024-2029 propose plusieurs axes : suivi scientifique, aides à la protection des troupeaux indemnisation rapide des éleveurs, voire des tirs de défense dans des conditions strictes.

De nouvelles innovations pour la protection des troupeaux

Des innovations ont été développées, parfois originales avec d'autres animaux que les chiens de protection "Patou". Les colliers anti loup que l’on peut attacher au cou des brebis ou d'autres animaux retiennent l'attention. “C'est un répulsif à lumière et à ultrasons. Ce qui permet de surprendre le loup dans son attaque, de le dissuader, de le déranger et faire en sorte qu'il laisse le troupeau tranquille”. Environ 960 colliers de cette marque sont actuellement en service en France, mais aussi en Italie et Espagne, avec un taux de réussite de 90 %.

 

D’autres entreprises utilisent la diffusion de phéromones avec leurs colliers pour écarter les loups. Ce type de dispositif n’est pas infaillible mais assure une certaine tranquillité aux bergers. “J'ai pris les colliers surtout en préventif, parce qu'on a beaucoup de loups autour de nous. Jusqu'à présent, je n'ai encore jamais eu d'attaque. Les éleveurs voisins, qui n'en ont pas, ont été prédatés” explique Céline Gros, éleveuse en Savoie. Le dispositif n’est toutefois pas encore pris en charge par l’Etat, mais cela pourrait changer en fonction des résultats des différentes évaluations de ces dispositifs. 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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