Crise à la Villa Noailles : le plan de sauvetage face à 4 millions d’euros de dette

"Je me battrais comme un chien pour sauver la Villa Noailles". Des mots forts, qui ne laissent pas de place au doute quant à la position et la volonté de Jean-Pierre Giran, maire de Hyères et président de la métropole Toulon Provence Méditerranée, de sauver son joyau. Un bijou quelque peu brisé, quand on sait la gestion des finances désastreuse de son désormais ex directeur Jean-Pierre Blanc.

Ce mercredi matin, le conseil d'administration du centre d'art contemporain à Hyères s'est rassemblé pour présenter un plan de redressement qui répondrait un déficit titanesque de près de 4 millions d'euros affiché par la Villa Noailles.

Trouver 3 millions d'euros d'ici 2026

Le maire de Hyères compte bien se séparer au plus vite de cette dette fournisseur qui lui colle à la peau. Selon les dires de l'édile, 1 million d'euros serait déjà remboursé. 1,5 million le sera d'ici fin 2025 et 500.000 euros début 2026.

Des économies importantes, qui passent d'abord par la réduction du périmètre de la Design Parade, festival international majeur d'architecture d'intérieur qui se déroule à Noailles. Celui-ci pourrait passer dès cette année de 3 à 2 jours de festivités.

Pour le maire de Hyères, cela passe également par la réduction significative du "train de vie" de la Design Parade et du Festival de la Mode, autre événement majeur de la Villa Noailles, cette fois-ci dans le milieu de la haute couture.

On ne va quand même pas leur demander de mettre steak frites au menu pour 3 invités !

Un train de vie trop élevé, notamment concernant les nombreuses invitations à l'oeil chaque année, des salaires hors normes et le budget élevé des deux manifestations. Ces dernières devraient voir, une nouvelle fois selon Jean-Pierre Giran, leurs budgets diminuer de 500.000 euros pour la Design Parade et de 700.000 euros pour le Festival de la Mode. Alors, pas d'annexe du parcours des Arts, pas de concours de boules et plus d'expositions à l'Hôtel des Arts de Toulon.

Le maire de Hyères d'ajouter que les différents événements proposés gratuitement par la Villa Noailles aujourd'hui pourraient devenir payants dès cette année.

Changement de structure

Et si la situation économique est aussi préoccupante, c'est parce que les collectivités n'avaient aucun regard sur les comptes de la Villa Noailles, structuré aujourd'hui en tant qu'association. Une forme qui déplait à Jean-Pierre Giran, qui déplore "que les financeurs ne soient pas dans la structure", avant d'ajouter son souhait de transiter vers un "GIP", pour Groupement d'Intérêts Public. Une forme qui comprend des règles de gestions plus souples, constituée de partenaires publics et d'organismes privés.

Parce que l'intérêt aussi, c'est de préserver les financeurs, poumons qui permettent à la Villa Noailles de respirer. Une situation qui explique la tenue malgré les événements des deux manifestations : pas des festivals, pas de mécènes et donc pas de finances. A ce jour, les partenaires privés ont tous suspendu leurs financements.

Séparer direction générale et direction artistique

Pour stopper l'hémorragie et éviter qu'une situation similaire se reproduise à l'avenir, le maire de Hyères compte sur la séparation des pouvoirs. Jusqu'à ce jour, la Villa Noailles jouissait d'une exception : Jean-Pierre Blanc était directeur général ET directeur artistique.

Cette exception [ndlr, d'avoir une seule tête dirigeante], c'est une erreur que nous avons commise

Le poste est aujourd'hui occupé, par intérim et sur demande du ministère de la Culture, par Saïd Berkane, jusqu'alors secrétaire général. Un appel à candidature pour occuper la direction générale de la structure a été lancé, pour une prise de fonction en septembre.