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Coupe budgétaire pour l'Agence bio : quelles conséquences en Normandie ?

Coupe budgétaire pour l'Agence bio : quelles conséquences en Normandie ?

Un article rédigé par Mathilde Danot - le 12 juin 2025 - Modifié le 12 juin 2025
5 minutes pour comprendreCoupe budgétaire pour l'Agence bio : quelles conséquences en Normandie ?

5 minutes pour comprendre… la coupe budgétaire de l’Agence bio, décidée le 20 mai 2025 par le ministère de l’Agriculture. Une décision qui a des répercussions sur les agriculteurs bios et sur les porteurs de projet en Normandie.

15 millions d'euros ont été supprimés pour l'Agence bio. Image d'illustration © Freepik15 millions d'euros ont été supprimés pour l'Agence bio. Image d'illustration © Freepik

Le 20 mai dernier, le ministère de l’Agriculture a annoncé une coupe budgétaire pour l’Agence bio, l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique. 15 millions d’euros lui ont été retirés. Une décision que dénonce l’association Bio en Normandie. La région compte plus de 2 000 exploitations bio et la part de la superficie agricole utilisée en bio est de 6, 7%, selon les derniers chiffres de l’Observatoire de l’agriculture bio de Normandie.
Explications avec Stéphanie Maertens, présidente de Bio en Normandie.

Une coupe budgétaire de 15 millions d’euros prévue pour l’Agence bio

RCF : Que représente cette coupe budgétaire de 15 millions d’euros pour l’Agence bio et quelles missions de cet organisme seront impactées par cette baisse de budget ?
 

Stéphanie Maertens : Dans ces 15 millions d’euros, il y a deux dossiers différents : un dossier communication et un dossier Fonds avenir bio. Pour le dossier communication, on s’est rendu compte que, depuis que l’agriculture biologique existe, il n’y a jamais eu de communication. Donc depuis deux ans, l’ancien ministère de l’Agriculture avait alloué un fonds spécial pour communiquer sur le bio : une enveloppe pour trois années qui devait encore se poursuivre cette année et l’année prochaine. La coupe budgétaire fait que, l’année prochaine, on ne pourra plus faire de communication sur le bio. Ce qui est dommage parce que, depuis qu’on a commencé la communication sur le bio, on en a vu les bienfaits [...]. 

Dans ces 15 millions d’euros, il y a deux dossiers différents : un dossier communication et un dossier Fonds avenir bio.

La deuxième coupe budgétaire est pour le Fonds avenir bio. C’est très frustrant et très impactant parce que le Fonds avenir bio permet de structurer les filières biologiques. Ce Fonds avenir bio soutient des producteurs mais aussi des transformateurs, des coopérateurs, des gens qui veulent travailler ensemble pour améliorer la filière [...]. Cette année, plus de 20 millions d’euros de projets ont été déposés pour le Fonds avenir bio et il ne reste plus que 9 millions d’euros, vu que le ministère de l’Agriculture a décidé de couper. Donc des projets ne vont pas pouvoir être soutenus. [...]

RCF : Le ministère de l’agriculture a justifié sa décision à l’AFP : « Dans un contexte budgétaire compliqué avec le tarissement du plan de relance et de la planification écologique, le ministère priorise les crédits sur la structuration de la filière en concertation avec les professionnels ».
Pour les agriculteurs bio, cette mesure est-elle en contradiction avec les objectifs écologiques actuels ?
 

Stéphanie Maertens : C’est en contradiction avec les objectifs écologiques actuels et même l’urgence de ces objectifs parce qu’on voit bien l’impact sur la santé de tous les citoyens. Mme Genevard [NDLR : ministre de l'agriculture] dit qu’il faut faire des coupes budgétaires parce que c’est nécessaire pour le budget national mais, en même temps qu’elle fait cette coupe sur la filière bio de 15 millions d’euros pour 60 000 fermes en agriculture biologique, elle accorde 30 millions d’euros pour la filière noisette conventionnelle qui représente 300 agriculteurs. On voit bien qu’il y a un parti pris net et franc.

« On est avec un gouvernement qui n’a aucune volonté de soutenir la filière bio »

RCF : Quels vont être les impacts de cette coupe budgétaire pour l’Agence bio pour les agriculteurs biologiques et les porteurs de projets en Normandie ?
 

Stéphanie Maertens : La première conséquence est une vraie baisse de moral à la suite de l’annonce du ministère de l’agriculture. On voit qu’on est avec un gouvernement qui n’a aucune volonté de soutenir la filière bio. Pour les agriculteurs et les porteurs de projet qui veulent s’installer ou travailler en agriculture biologique, c’est avant tout une question de volonté, ce n’est pas parce que la filière va mal qu’ils vont abandonner leur travail dans ce système. 

On pense aussi que toute la société civile, tous les citoyens, ont leur mot à dire sur les choix de l’alimentation. 

On espère que d’ici peu, peut-être, il y aura des changements au niveau national et que la tendance sera davantage au soutien de l’agriculture biologique. On pense aussi que toute la société civile, tous les citoyens, ont leur mot à dire sur les choix de l’alimentation. Il y a un gros sujet qui vient de sortir avec l’association d’un certain nombre de médecins. Ils ont dénoncé la culture industrielle actuelle et les engrais azotés qui polluent fortement nos terres avec des éléments comme le cadmium qui ne se détruisent pas. [...] C’est une catastrophe sanitaire qui va nous arriver sur les épaules

5 minutes pour comprendre - ©RCF Normandie
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
5 minutes pour comprendre
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